"Rainbow warriors" - Ayerdhal


Toujours dans mes lectures pré-Imaginales, je me suis penché sur "Rainbow Warriors" d'Ayerdhal, acheté lors des Imaginales en 2013. Il me fallait bien évidemment le lire avant l'édition 2014. Car ceci fait, je pourrai m'offrir "Bastards". 

Mais qu'en est-il de "Rainbow Warriors" ?


+++ La quatrième de couverture +++

Mis à la retraite sur requête du Bureau ovale, le général de division Geoff Tyler se voit proposer par l'ancien secrétaire général des Nations unies de prendre la tête d'une armée privée financée par des célébrités de toutes obédiences.
Objectif : renverser le dictateur d'un État africain et permettre la tenue d'élections en bonne et due forme. Ses moyens : l'argent n'est pas un problème. Son effectif : un encadrement d'une centaine de professionnels et 10 000 soldats dont il faut parfaire la formation. Jusqu'ici tout va bien. Il y a toutefois un détail. Cette armée est presque exclusivement constituée de LGBT. Lesbian, Gay, Bi, Trans.


++ Mon avis ++


Ayerdhal est un personnage connu de la SF d'aujourd'hui. Écrivain prolifique au style travaillé, il est aussi un auteur impliqué qui n'hésite pas à user de sa plume pour créer des fictions qui font réfléchir. Tel est le cas de ce "Rainbow Warriors" bien sur. Aujourd'hui édité presque exclusivement chez au Diable Vauvert, on ne trouve malheureusement plus ses livres au format poche, sauf quelques uns en occasion. 

Avec "Rainbow Warriors", Ayerdhal créée une fiction que l'on espérerait presque voir se réaliser. Imaginer un peu une somme de personnes ayant les moyens de lever une armée privée qui a pour but unique de remplacer une dictature homophobe par une démocratie ? Parti de cette idée un peu folle, l'auteur crée son récit. L'histoire débute avec Geoff Tyler, général à la retraite. Celui est recruté par l'ancien secrétaire général des Nations Unies, un certain Akwasi Kofane ("toute ressemblance avec des personnes...") et une tripotée d'autres célébrités. Leur but ? L'inviter à diriger une armée hors du commun constituée uniquement de LGBT (Lesbian, Gay, Bisexuels et Transexuels) pour renverser le Mambesi, un état liberticide emblématique. 

La quatrième de couverture parle de thriller, pourtant au début le rythme est assez lent. Ayerdhal prend le temps de présenter ses personnages haut en couleurs. Si chacun d'entre eux est un LGBT, ils sont néanmoins recrutés pour leurs compétences techniques particulières : sniper, contre-espionnage, parachutiste expert, etc. Et pour d'autres pour leur créativité exubérante. Le début du livre prendre donc, chapitre par chapitre, un personnage différent. Cela prend un peu de temps pour s'installer, c'est même un peu long et lent selon moi, mais ce n'est pas inutile. Cela permet à Ayerdhal de montrer qu'une armée est construite par des individus, que ce n'est pas une masse impersonnelle d'êtres prêts à se sacrifiés stupidement pour une cause quelle qu'elle soit. 

Arrive ensuite le moment de l'invasion du Mambesi. L'action est là, enfin, mais il faut pas loin de 200 pages pour y arriver. Sur 500 pages, vous me direz que cela prend son temps mais autant le dire tout de suite, celle-ci est vite réglée. Ce qui intéresse Ayerdhal, ce n'est pas la guerre mais l'installation de la démocratie, le développement de l'éducation, la participation des citoyens à la construction du nouvel état face à la défiance des sociétés privées qui ont perdus leurs intérêts avec la chute de la dictature. A partir de là, le roman m'a rappelé "Chronique d'un rêve enclavé", cette construction d'une utopie en marche. Par contre si "Chronique d'un rêve enclavé" se terminait par une fin sombrement réaliste, "Rainbow Warriors" se veut plus positif me semble-t-il. D'ailleurs, dans le ton utilisé, le livre est déjà plus humoristique. Ce n'est pas non plus la gaudriole folle dingue, et j'en suis bien heureux, mais Ayerdhal aime glisser quelques pointes d'humour ici ou là, un peu comme lorsque que l'on échange quelques mots avec l'auteur lors d'un festival. Néanmoins, il reste également sérieux avec son livre en traitant de sujets difficiles : dictatures liberticides, homophobie, domination des intérêts économiques sur l'humain et j'en passe ! Mais ne commet-il pas avec son histoire un autre problème important? Celui de l’ingérence ? En quoi sommes-nous meilleurs que d'autres pour venir remettre les choses en ordre? Arrive-t-on réellement à faire mieux au final? Ne remplace-t-on pas une dictature par une autre en faisant cela ? Ces questions sont également posées et l'auteur y réfléchit également. 

Ce qui bien, c'est qu'Ayedhal est un vieux loup de l'écriture. S'il traite de sujet difficiles, touchant au politique, il n'oublie pas de porter une histoire, d'y garder un certain rythme. Même si comme je le disais plus haut, il faut 200 pages pour que le rythme s'emballe, une fois que cela a pris corps, difficile de lâcher le livre avant la fin. Et si "Rainbow Warriors" ne sera pas mon Ayerdhal préféré, j'apprécie toujours sa plume et son désir de réflexion au travers de l fiction. Et autant l'avouer : j'ai passé un bon moment de lecture.
"Rainbow warriors" - Ayerdhal "Rainbow warriors" - Ayerdhal Reviewed by Julien le Naufragé on dimanche, mai 18, 2014 Rating: 5

4 commentaires:

  1. J'avais pas trop accroche à Chronique d'un rêve enclavé mais je l'ai lu y'a bientôt 15 ans faut dire. Faudrait que je réessaye Ayerdhal un jour, celui-là me tente bien entre autres.

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  2. @ Vert : Il y a une similitude entre les deux sans être la même chose. Pas le même contexte, pas les mêmes personnages mais l’histoire d'une insurrection sociale quand même.

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  3. OMG j'ai loupé ta chronique ^^ Ce livre là perso, je l'ai vraiment adoré, déjà par son sujet qui sort vraiment des normes puis ensuite par la profondeur des personnages et enfin par l'aspect analyse des "sauvetages de pays dictatoriaux", qui monte qu'il n'y pas le mal d'un côté et le bien (représenté par l'occident), que par contre tout est question de point de vue, et que l'on peut faire plus de dégâts que de bienfaits en voulant à tout prix sauver le monde. Un chouette recueil qui fait réfléchir.

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  4. @ Endea : De fait, il y a beaucoup de questions abordées dans ce roman. Les personnages sont bien campés également. Tout cela est fort intéressant. Je trouve peut-être dommage que certaines choses se passent parfois trop facilement. Mais bon, s'il fallait trop creuser chaque sillon, il aurait fallu une longue saga de plusieurs livres :-D Un très bon roman quand même.

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