Remettre les compteurs à zéro pour reprendre le blog avec plus de dynamisme. Voilà un beau vœu. Je n'y suis pas encore mais je vais par cet article réduire un peu la file d'attente des chroniques.D'autres suivront. Pour ce coup-ci, vous trouverez du nature writing, de l'absurde et de la science-fiction.
"Nageur de rivière" de Jim Harrison
Comme "Légendes d'automne", ce "Nageur de rivière" est un recueil de nouvelles. Uniquement deux récits, mais pour une somme de 280 pages tout de même.
Dans le premier récit, "Au pays du sans-pareil", nous suivons Clive, soixante ans, qui doit retourner dans la maison familiale pour s'occuper de sa mère en l'absence de sa soeur. Pour Clive, c'est un retour aux sources et une plongée dans son passé. Il y évoqe son premier amour, Laurette, qui savait bien jouer de ses sentiments, mais il aborde aussi sa relation difficile avec sa fille qu'il ne voit plus depuis trois ans.
Les déboires de Clive peuvent faire sourire ou attrister certains d'entre nous, mais offre l'occasion à Jim Harrison de réaliser des portraits de femme : une mère, un amour de jeunesse, une fille. Mais aussi celle de dépeindre les questionnements d'un homme vieillissant qui fait le tour de ses erreurs passées. Un texte agréable mais j'ai nettement préféré le second.
Le deuxième texte, "Nageur de rivière", nous invite à suivre Thad, dix-huit ans et nageur increvable. Thad a grandi au contact d'une vieille indienne qui lui a transmis le savoir des légendes de son peuple. Teinté de fantastique ou de réalisme magique, ce récit nous emmène au fil de l'eau, des nages de Thad, de la rencontre d'une fille, d'une fuite, puis d'une autre fille à Chicago, ville qu'il a rejointe en nageant. Un récit que j'ai bien aimé, mélangeant le merveilleux et l'éloge de la vie simple et du contact de la nature. Moins éphémère que l'argent, la nature offre un sens plus profond à la vie.
Si les esprits aquatiques existaient pour de bon, ils exerçaient une forte emprise sur lui, un peu comme l'amour sur les jeunes hommes, une espèce de maladie obsessionnelle.
Un agréable petit recueil, surtout pour le deuxième texte selon moi.
"Kuru" de Thomas Gunzig
Thomas Gunzig est un auteur belge que j'aime beaucoup. Teinté d'un humour décapant, d'un sens de l'absurde que l'on dit typiquement belge, d'une rythmique imparable et d'un imaginaire débridé, il nous emmène souvent dans des récits bien délirants.
Ici encore, c'est le cas avec "Kuru". Dans son récit, on y suit Fred, le personnage principal, looser de première classe. Autour de lui gravite plusieurs personnes : Kristine, son ex et l'intello de service ; Paul, une brute révolutionnaire ; Pierre, le clone survivant d'une secte ; et Katerine, sa cousine bien comme il faut et bombe sexuelle qui fait rêver Fred. Et là, sa part dans tous les sens, un peu trop selon moi, mais nos cinq personnes vont se retrouver à partir pour Berlin pour un sommet altermondialiste en lutte contre le grand capital. Tous n'y arrivent pas pour les mêmes raisons. Fred suit la bande. Kristine, Paul et Pierre sont en lutte contre le mal de ce monde et font face à ce qui semble être un grand complot. Et pour faire face, il faut prendre des risques, des chemins détournés. Katerine, elle arrive par une autre voie à Berlin, ayant suivi son mari dans une clinique visant à guérir les problèmes sexuels de ce dernier. Sauf que Katerine se sent touchée par l'Univers, pour preuve : son nouveau pouvoir de télékinésie. Au final, une rencontre au sommet, des luttes altermondialistes et des violences policières.
Bref, cela part dans toutes les directions et même trop selon moi. Trop de portes ouvertes et de chemins pas assez creusés. Question de goût peut-être mais pour le coup, j'ai nettement préféré et trouvé plus réussi l'un de ses derniers romans : "Manuel de survie à l'usage des incapables".
"Planetfall" d'Emma Newman
Derrière une moche couverture, se tient un récit de SF qui aurait pu être intéressant mais qui finalement m'a profondément ennuyé. Pourtant, le roman a été globalement très apprécié et nominé au Prix Planète SF 2017.
Lee Suh-Mee a reçu une vision. Celle d'une planète lointaine où serait révélé aux hommes le secret de leur place dans l'Univers. Charismatique et convaincante, elle a réussi à emmener plusieurs centaines de personnes dans son sillage. Depuis les 22 ans qu'ils sont présents, les hommes ont établi une colonie au pied d'un artéfact extraterrestre, la Cité de Dieu, dans lequel Lee Suh-Mee a disparu. Renata Ghali, ingénieur à la base du projet de voyage, est porteur d'un sombre secret qui pourrait voler en éclat depuis l'arrivée d'un homme qui ressemble étrangement à Suh-Mi.
Le récit de "Planetfall" tient du huis-clos, d'une atmosphère tendue, étouffante, faite de bons et de révélations, de découvertes, etc. Bon, c'est bien, c'est un bon fil mais c'était traité un peu trop facilement selon moi. Sans parler du twist final qui ne m'a pas du tout touché. Bref, pour moi, "Planetfall" fut un échec total. Question de goût probablement. Ou pas. A chacun de se faire son idée. Mais moi, je m'y suis réellement ennuyé.
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Chroniques en vrac #10 : Harrison, Gunzig, Newman
Reviewed by Julien le Naufragé
on
mercredi, novembre 15, 2017
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