"L'esprit de solitude" - Jacqueline Kelen

Petit livre découvert dans un moment de redécouverte de la solitude, mais qui offre surtout une perspective ressourçante de la solitude que l'on confond trop souvent, et à tord, avec l'isolement. 

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Se sentir seul car on ne se sent pas utile, aimé ou compris, attendre un soutien de l'autre, une approbation ; un repli sur soi par timidité, résignation, paresse ou inertie ; un enfermement en soi par apitoiement, égocentrisme et finalement dépression ; voici différentes solitudes douloureuses qui amoindrissent et enferment en soi et isolent. Car oui, dans ce cas là, on parlera plutôt d'isolement, une solitude non-créatrice centrée sur l'ego qui conduit à la tristesse, la dévalorisation, le ressassement et la dépression. 

A l'opposé, on trouve la solitude heureuse, celle qui nourrit, ressource, ouvre et rend disponible. Cette liberté est intrinsèque à chaque être humain. Nous sommes tous indépendants et uniques, seuls acteurs de nos propres vies.

Si Jacqueline Kelen fait l'éloge de la solitude comme seul vrai bonheur et liberté, elle a (pour moi) trop tendance à voir dans le collectif, le "vivre ensemble", comme un sac de nœuds négatifs. Bien sur, dans tout collectif, qu'il soit un couple ou un ensemble de plusieurs personnes, nous habitons chacun notre solitude. Isolés les uns des autres tentant de communiquer le mieux possible alors que l'on sait que "la carte n'est pas le territoire", que chacun a sa vision et son vécu de la réalité. Néanmoins, ne serait-ce pas trop vite oublier la nécessité d'être avec les autres, d'abord pour le plaisir d'être ensemble, ensuite pour celui de la rencontre, ce moment où les idées s'échangent, où l'autre devient un miroir de nous-même, offre un renvoi à soi qui permet, à qui sait en profiter, de grandir d'autant plus et de réviser ses jugements, positions et réflexions.

Mais revenu au livre de Kelen. La solitude, s'est aussi se tourner vers soi, en faire l'épreuve afin que l'homme puisse se constituer comme sujet et devenir mature. "Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l'Univers et les dieux", comme disait l'inscription du Temple de Delphe. Prendre la voie du soi comme une voie initiatique, un départ, un chemin vers soi, c'est à dire une épreuve, affronter un inconnu, se perdre, se trouver et devenir. 

Jacqueline Kelen se tourne alors vers les mythes et les contes pour illustrer la voie vers soi : Mélusine, Gilgamesh, etc. Une analyse qui permet de se faire évoluer, depuis un "ego", via un "moi" comme définition de son individualité, à un "je" responsable et acteur de lui-même. La perspective de l'auteure est bien sure sacrée, hors des religions, donc à voir comme un chemin spirituel. Haaaaa le mot est lâché, celui derrière lequel se cache le pire comme le meilleur. Restons au basique selon moi, "spirituel = esprit", donc développement de son esprit. A prendre son esprit comme son soi, donc la somme de son conscient et de son inconscient personnel, collectif et hérité. 

L'éloge de la solitude passe bien sur par une identification du type même du solitaire. Celui qui préférera les rencontres interpersonnelles aux grosses foules anonymes. Le solitaire lit, écoute, réfléchit. Il sait qu'il a plus à apprendre des autres qu'à enseigner. Etc. 

Pour Kelen, la solitude est un fait. Donc il n'y a pas de remède contre la solitude propre à chacun. Par contre, contre l'isolement là il est possible d'agir : rencontrer des amis, être attentifs aux signaux extérieurs, se mettre en action, devenir créateur, etc. La souffrance solitaire n'a aucun sens ni intérêt. Ce qui n'empêche pas de profiter de sa solitude, moment de ressourcement et de recentrage, de liberté retrouvée et de verticalisation de l'être, enfin "d'être à soi" comme le disait Montaigne. Période régénératrice pour être d'autant plus ouvert pour la vie en commun qui suit.

La solitude décrite par Kelen n'est pas non plus élitiste. Cette solitude vise à envisager chaque être comme une autre solitude, un monde à part, une altérite à respecter, à rencontrer également. Le plus grand défi restant le vivre en couple, celui où la tentation d'union, de dissolution du moi dans un nous peut devenir aliénant. Le couple n'étant pas alors deux moitiés, comme dans le mythe des androgynes, mais deux personnes distinctes. Maintenir l'altérité pour entretenir le mystère, donc le désir. Le dialogue, l'échange, la découverte ne peut se faire que s'il y a deux personnes. 

Au travers des pages, Jacqueline Kelen convie les philosophes et les mystiques de toutes religions comme exemples de solitudes heureuses et créatrices. Tentatives d'atteindre un état plus vaste que soi, propre à la quête spirituelle. Que l'on accroche ou pas à cela, l'étape de solitude comme développement de soi est nécessaire, pas forcément joyeuse, mais utile à la construction du soi. Une voie pas forcément facile qui comporte son lot de dangers : tristesse, craintes, désespoir, léthargie, dégoût, etc. La misanthropie serait alors, pour Kelen, l'exact opposé que ce qu'elle recherche dans la solitude. 

Le livre de Jacqueline Kelen est un bon livre. Il fourmille de réflexions intéressantes pour soi, il pêche par excès à force de critiquer le "vivre ensemble", trop mis en avant par les politiques selon elle plutôt que de favoriser l'espace et le temps pour soi. Il exagère, selon moi, par le nombre d'exemples de mystiques religieux heureux en fin d'ouvrage. Questions d’affinités sur les choix religieux faits. Juste cela. Ce qui ne m'a pas empêché de trouver ce livre très bon. 

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"L'esprit de solitude" - Jacqueline Kelen "L'esprit de solitude" - Jacqueline Kelen Reviewed by Julien le Naufragé on mercredi, novembre 08, 2017 Rating: 5

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Cet ouvrage précieux de Jacqueline Kelen confirme, pour celui qui est en chemin, que l'isolement et la solitude, loin d'être de la misanthropie ou du mépris, sont un impératif de vie pour celui qui veut savoir ce qui se cache derrière le sens de l'expression sacrée inscrite au fronton du temple de Delphes.
    https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.fr/
    Cordialement.

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  2. Cela fait 6 mois que j'ai été guérie de l'hépatite B par le Dr Iyabiye, je me suis tue parce que je voulais savoir si les maux / symptômes réapparaîtraient comme lors de l'utilisation d'antirétroviraux. Voici, je n'ai ressenti aucune douleur ni aucun symptôme d'hépatite après avoir pris des médicaments à base de plantes d'iyabiye. J'ai été testé 3 fois à l'hôpital et l'ensemble du test était négatif, ce qui signifie que je suis indemne de cette maladie mortelle. Je suis venu ici pour confirmer ses médicaments afin que les personnes qui recherchent un traitement contre l'hépatite puissent également bénéficier de ses médicaments. Contact: iyabiyehealinghome@gmail.com ou appelez: + 234-815-857-7300.

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