Chroniques en vrac #13 : McLean, Benni, Thoreau, Bordage, Calvo, Sallinger et Wohlleben


Je ne sais pas vous, mais moi quand on me demande "Alors c'est quoi les livres que tu as préférés ces derniers mois ?", hé bien j'ai toujours du mal à répondre. Du coup, plutôt que de faire des chroniques livresques sur chaque livre lus, énergie que je n'ai plus actuellement, et plutôt que de faire un simple catalogue de ce qui a été lu, je pense essayer de mettre en exergue un livre (ou plusieurs) sur une lecture mensuelle.Tentons l'expérience en remontant aux lectures du mois d'avril 2018.

"Et au milieu coule une rivière" de Norman McLean


Ma meilleure lecture en avril 2018 fut sûrement "Et au milieu coule une rivière" de Norman McLean. Publié précédemment sous le titre de "La rivière du sixième jour". Certains d'entre vous on vu le film de Robert Redford avec Brad Pitt tout jeune, et il faut bien avouer que le film rend assez bien le plaisir de lecture du livre. Néanmoins, et bien que le livre soit très esthétique, contemplatif et narratif, le livre est encore bien meilleur. Les deux récits divergeant également légèrement.

Dans notre famille, nous ne faisions pas clairement le partage entre la religion et la pêche à la mouche. Nous habitions dans l'ouest du Montana, au confluent des grandes rivières à truites, et notre père, qui était pasteur presbytérien, était aussi un pêcheur à la mouche qui montait lui-même ses mouches et apprenait aux autres à monter les leurs. Il nous avait expliqué, à mon frère et à moi, que les disciples de Jésus étaient tous des pêcheurs, nous laissant entendre - ce dont nous étions intimement persuadés tous les deux - que les meilleurs pêcheurs du lac de Tibériade étaient des pêcheurs à la mouche, et que Jean, le disciple préféré, pêchait à la mouche sèche.


Le récit de Norman McLean est bien sûr un hommage à la pêche à la mouche, mais aussi et avant tout un récit de contemplation de la nature sauvage, de celle de ces grandes rivières poissonneuses du Montana. C'est au travers de la pêche que cette famille se rencontre, se retrouve, et c'est aussi grâce à elle que le petit frère du narrateur prend toute sa grandeur. 

Dans cet endroit où la rivière explosait en couleurs et en tourbillons propres à attirer un photographe, aucun poisson n'aurait pu vivre. Les poissons étaient dans les remous à faible courant, en plein dans l'écume sale, cette saleté étant justement ce qui les attirait. Une partie des taches brillantes qu'on apercevait venait du pollen des pins de la rive, mais la saleté était surtout composée d'une bouillie comestible d'insectes qui n'avait pas résisté à la cascade.

"Et au milieu coule une rivière" est un récit autobiographique écrit par Norman McLean à l'âge de 73 ans. Outre tout l'hommage à la nature, on y lit aussi tout l'amour qu'il portait à son frère Paul, journaliste rebelle, buveur et flambeur qui prend néanmoins toute sa grandeur une canne à la main et les pieds dans l'eau au milieu de la rivière bouillonnante. Ce frère, Paul, que Norman tentera de sauver, mais ne sachant comment faire, il fera comme il peut. "Aider, ça peut être dans les petites choses". Idem pour le père qui ne sait comment s'y prendre mais qui finalement dira "Heureusement, je sais encore pêcher. Demain, on ira pêcher avec lui".

A la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière. La rivière a creusé son lit au moment du grand déluge, elle recouvre les rochers d'un élan surgi de l'origine des temps. Sur certains des rochers, il y a la trace laissée par les gouttes d'une pluie immémoriale. Sous les rochers, il y a les paroles, parfois les paroles sont l'émanation des rochers eux-mêmes.
Je suis hanté par les eaux.


Et puis aussi Thoreau, Benni, Bordage, Calvo et Wohlleben



En avril 2018, j'ai encore lu d'autres bonnes choses. Un très chouette court texte de Henry David Thoreau : "Randonnée au Mont Wachusett" qui, comme le dit le titre, raconte un récit de voyage à pied où Thoreau s'extasie devant la beauté de la nature. Moi, cela me touche toujours autant et je ne saurais que vous conseiller de tout lire de lui.

Patrick, éditeur des éditions de l'instant, m'avait prêté "Baol" de Stefano Benni. Auteur italien un peu inclassable dont les récits surréalistes sont classés en littérature générale. "Être baol, c'est avoir comme philosophie l'amusement, la fantaisie. Bed est un baol. Pour sauver un vieux comique que tout le monde croit mort, il doit retrouver la cassette d'un film." Un récit proprement délirant mais où le caustique et l'imaginaire débridé de Benni en viennent à égratigner durement la société de contrôle et de consommation. Un excellent livre, d'où la beauté émerge de la poésie créative de l'auteur et de sa critique corrosive du monde, le tout derrière l'utilisation de la magie baol. "Bed est un rebelle mais le secret du baol c'est qu'il est une idée, une idée immortelle et fascinante. L'idée de l'ailleurs, de la magie, de l'aventure, de la liberté, de l'utopie et... du rock'n roll." A découvrir absolument !

J'ai aussi lu "L'attrape-Coeurs" de J.D. Salinger, et je dois bien avouer que je m'y suis un ennuyé. Comme quoi...

Au rayon purement imaginaire, j'ai lu "Dernières nouvelles de la terre...", un recueil de nouvelles de Pierre Bordage. Un bon petit moment de lecture pour moi qui suit très fan de cet auteur français. Cela ne vaut pas certains de ses romans. Néanmoins, j'ai pris plaisir à lire ce court recueil sans m'en laisser un souvenir impérissable.
Et puis "Wonderful" de David Calvo, auteur dont l'imaginaire débridé me plait assez bien. "« Vous écoutez Blue FM et demain matin, c’est la fin du monde. » Dans le ciel, la Lune se meurt. Ici, au coeur de Londres, le compte à rebours est lancé." Le femme du Docteur Bloom est malade de tristesse et seul un vieux film pourrait la sauver. En désespoir de cause, il se lance à la recherche de ce film, mais il devra faire face aux hommes en noir. Un récit absurde, beau, délirant, difficile à raconter, imparfait, mais très agréable à lire. Je vous conseille plus chaudement encore "Sous la colline" du même auteur : juste incroyable ce livre !

Et au rayon des essais, j'ai lu le best seller sur les arbres de Peter Wohlleben : "La vie secrète des arbres". Très chouette livre pour qui aime les arbres et la nature de manière générale. Il offre à découvrir certaines choses sur les systèmes d'entre-aide dans une forêt d'une manière claire, simple et hyper-accessible. Un beau livre qui offre, si ce n'est pas déjà le cas, à regarder une forêt et à la sentir tout autrement.
Et la lecture également d'un court livre "L'analyse transactionnelle en action" d'Agnès Le Guernic qui me permettait de découvrir cette théorie psychologique intéressante. Mais on trouve plus complet sur l'analyse transactionnelle.
Chroniques en vrac #13 : McLean, Benni, Thoreau, Bordage, Calvo, Sallinger et Wohlleben Chroniques en vrac #13 : McLean, Benni, Thoreau, Bordage, Calvo, Sallinger et Wohlleben Reviewed by Julien le Naufragé on mercredi, décembre 26, 2018 Rating: 5

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