Si j'ai bien quelques livres de Ian McDonald en rayon, je ne l'avais encore jamais lu. "Desolation Road" était une porte d'entrée comme une autre. Mais tout bien réfléchit c'était surement l'accès parfait à son œuvre car si le reste est du même niveau, je viens de découvrir un excellent auteur là!
++ La quatrième de couverture ++
Dans le pire désert de Mars, il y a un coin plus perdu que les autres. Le docteur Alimantado, qui l'atteignit par accident, le baptisa Desolation Road. Il sera rejoint par une série de personnages baroques, comiques, excentriques, dont le lot commun est d'être marginaux, à la dérive, à côté de la plaque, oubliés du destin et en quelque sorte dépourvus d'avenir. On rencontre à Desolation Road des personnalités aussi singulières que Persis Tatterdemalion, pilote d'élite clouée au sol qui devient la tenancière du premier bar ; Rajandra Das, vagabond du rail, que les machines aiment tant qu'il les répare d'une caresse ; la grand-mère Babouchka, qui rêve d'un dernier enfant, conçu et élevé dans un bocal ; Paternoster Jericho, des Familles Exaltées, haut dignitaire du crime organisé qui fuit ses assassins ; Ed, Louie et Umberto Gallacelli, triplés qui se ressemblent tant qu'ils aiment et épousent la même femme. Et d'autres, et d'autres, et d'autres, descendants, nouveaux Martiens, sainte, pèlerins, militaires, terroristes, réunis sous la houlette du fondateur involontaire de Desolation Road, le docteur Alimantado, chronodynamicien génial, qui disparaitra dans les couloirs innombrables du temps pour sauver sa ville.
+++ Mon avis +++
Après avoir lu la chronique élogieuse du roman sur Encre Noire (chronique ici), j'avais foutrement envie de lire ce roman. De plus, le livre est publié dans une collection SF plutôt prestigieuse si l'on en croît sa couverture argentée : Aileurs et Demain. Cette collection existe toujours, et ce depuis 1969, durée de vie qui force le respect tant par sa temporalité que par la qualité des ouvrages publié. Combien de fois n'ai-je pas croisé de ces livres à la couverture argentée chez un bouquiniste ou un libraire... Et pourtant jusqu'ici, c'est peut-être bien le premier que je lis. D'ailleurs j'apprécie grandement ce retour aux couvertures argentées plutôt que les précédentes versions aux illustrations passablement dégueulasses. Enfin ceci n'engage que mes goûts personnels bien sur.
Bon, revenons-en au livre lui-même. "Desolation Road" est un ouvrage vraiment excellent! Autant le dire d'entrée de jeu, cassant par là le suspens, mais avouant par là le plaisir de lecture que j'ai eu à lire ce bien bel ouvrage. S'il est le premier roman de Ian McDonald, j'ai maintenant hâte de voir si sur ces autres titres il a fait aussi bien ou mieux. J'ai éprouvé ici un fantastique plaisir à découvrir cette galerie de personnages incroyables qu'ils sont tous autant les uns que les autres. A l'instar d'un Alain Damasio avec "La Horde du Contrevent" (chronique ici), Ian McDonald, nous dessine le portrait de tout un tas de personnages carrément dingues et presque toujours à la marge d'une société, êtres presque Dickien finalement. Des personnages bien découpés, à la psychologie variées et qui assemblent ainsi une citée carréement débridée mais finalement bien intéressante. Mais s'il y a bien un rapprochement inévitable qui se fait avec un autre livre, c'est bien évidemment avec "Les chroniques martiennes" (chronique ici) de Ray Bradbury. Clin d'œil inévitable, surement voulu, et qui rehausse le livre d'une comparaison qui n'en est pas une car il faut bien avouer que s'il y a rapprochement entre les deux, les histoires sont carrément différentes. Mais il semble s'y trouver un parallèle plus important avec "Cent ans de solitude" de Gabriel Garcia Marquez, que honte sur moi, je n'ai pas encore lu. Ceci dit, si c'est bien vrais, j'ai juste envie de m'offrir ce livre qui me tente depuis si longtemps...
Outre le côté de cette SF qui retrace la vie d'un groupe de colon sur une Mars terraformée, on retrouve également une esthétique très proche du steampunk finalement : locomotives à vapeur, robots à rotors et hélices, décorum de cowboys et de cité métallique industrielle... Bref une esthétique incroyable sur un monde rouge qui lentement se laisse dominer par le vert et le gris.
Il ne faudrait pas oublier la justesse de style de Ian McDonald, qui a une écriture belle, voir poétique, très agréable et saupoudré d'un ton satirique qui me plaît bien. Non dénué d'humour, le roman lorgne également vers une certaine tragédie entre ces personnages qui ont tous participés à la création de ce lieu improbable qu'est Desolation Road. De la satire sociale, Ian McDonald nous amène à la critique du capitalisme et de l'esprit d'entreprise jusqu'auboutiste. Forme de référence à Aldous Huxley et George Orwell inévitable...
Bon et l'histoire dans tout cela? Difficile de la raconter. Le mieux finalement c'est que vous lisiez "Desolation Road", car ce roman est vraiment un pure plaisir. Plutôt barré il ouvre néanmoins une lecture poétique, critique et dépaysante pour qui est prêt à accepter la surenchère permanente dans le délire, seul défaut du livre à qui ne s'accroche pas à la spirale martienne.
Bon, revenons-en au livre lui-même. "Desolation Road" est un ouvrage vraiment excellent! Autant le dire d'entrée de jeu, cassant par là le suspens, mais avouant par là le plaisir de lecture que j'ai eu à lire ce bien bel ouvrage. S'il est le premier roman de Ian McDonald, j'ai maintenant hâte de voir si sur ces autres titres il a fait aussi bien ou mieux. J'ai éprouvé ici un fantastique plaisir à découvrir cette galerie de personnages incroyables qu'ils sont tous autant les uns que les autres. A l'instar d'un Alain Damasio avec "La Horde du Contrevent" (chronique ici), Ian McDonald, nous dessine le portrait de tout un tas de personnages carrément dingues et presque toujours à la marge d'une société, êtres presque Dickien finalement. Des personnages bien découpés, à la psychologie variées et qui assemblent ainsi une citée carréement débridée mais finalement bien intéressante. Mais s'il y a bien un rapprochement inévitable qui se fait avec un autre livre, c'est bien évidemment avec "Les chroniques martiennes" (chronique ici) de Ray Bradbury. Clin d'œil inévitable, surement voulu, et qui rehausse le livre d'une comparaison qui n'en est pas une car il faut bien avouer que s'il y a rapprochement entre les deux, les histoires sont carrément différentes. Mais il semble s'y trouver un parallèle plus important avec "Cent ans de solitude" de Gabriel Garcia Marquez, que honte sur moi, je n'ai pas encore lu. Ceci dit, si c'est bien vrais, j'ai juste envie de m'offrir ce livre qui me tente depuis si longtemps...
Outre le côté de cette SF qui retrace la vie d'un groupe de colon sur une Mars terraformée, on retrouve également une esthétique très proche du steampunk finalement : locomotives à vapeur, robots à rotors et hélices, décorum de cowboys et de cité métallique industrielle... Bref une esthétique incroyable sur un monde rouge qui lentement se laisse dominer par le vert et le gris.
Il ne faudrait pas oublier la justesse de style de Ian McDonald, qui a une écriture belle, voir poétique, très agréable et saupoudré d'un ton satirique qui me plaît bien. Non dénué d'humour, le roman lorgne également vers une certaine tragédie entre ces personnages qui ont tous participés à la création de ce lieu improbable qu'est Desolation Road. De la satire sociale, Ian McDonald nous amène à la critique du capitalisme et de l'esprit d'entreprise jusqu'auboutiste. Forme de référence à Aldous Huxley et George Orwell inévitable...
Bon et l'histoire dans tout cela? Difficile de la raconter. Le mieux finalement c'est que vous lisiez "Desolation Road", car ce roman est vraiment un pure plaisir. Plutôt barré il ouvre néanmoins une lecture poétique, critique et dépaysante pour qui est prêt à accepter la surenchère permanente dans le délire, seul défaut du livre à qui ne s'accroche pas à la spirale martienne.
+++ Mais encore +++
"Desolation Road" a reçu le Prix Locus du premier roman en 1988.
Chronique du même livre sur Encre Noire, le fanzine belge de l'imaginaire.
+++ Le livre +++
- Broché: 428 pages
- Editeur : Robert Laffont (24 mars 2011)
- Collection : Ailleurs et Demain
- Illustration : Studio Robert Laffont
- Traduction : Bernard Sigaud
"Desolation road" - Ian McDonald
Reviewed by Julien le Naufragé
on
samedi, mars 31, 2012
Rating:
Ta chronique confirme qu'il faut vraiment que je lise ce livre ^^
RépondreSupprimer@ Calenwen : Moi ça m'a donné goût à Ian McDonald. Lecture d'un auteur anglais, lu en parallèle d'un autre "anglais", enfin écossais qu'est Iain M. Banks. Il y a du style sur l'île britanique et de la critique satirique agréable.
RépondreSupprimerCa a également confirmé m'ont envie de lire "Cent ans de solitude" de Gabriel Garcia Marquez.
Un livre impressionnant c'est vrai, mais je serais beaucoup moins enthousiaste que toi.
RépondreSupprimerMoi je suis tout aussi enthousiaste ! Un vrai dépaysement, et un sacré souffle d'originalité, ça décoiffe !
RépondreSupprimerOn est bien d'accord.
RépondreSupprimer@ Gromovar : Question de goûts ou de ressenti. Masi ce livre tombait juste à point!
RépondreSupprimer@ Lorkhan et Efelle : Bien content d'être d'accord avec vous! ;-)
Un univers très fouillé et des personnages hauts en couleurs... Un vrai régal...
RépondreSupprimer@ Bardablog : Tout à fait d'accord!
RépondreSupprimerbonjour Julien,
RépondreSupprimerje viens de terminer ce livre et il est franchement bon.
J'ai lu il y a maintenant quelques bon mois "100 ans de solitude" de gabriel garcia marquez et on fait inévitablement le rapprochement.
"100 ans de solitude" est basé sur l'histoire de l’Amérique latine avec toutes ses dérives.
On y ressent directement un je ne sais quoi du soleil, de la bonne humeur ou des passions sanguines, impulsives des latino.
"100 ans de solitude" est encré dans la littérature fantastique et est écrit comme un conte.
"desolation road" utilise la même structure narrative, le rapprochement ressort d'autant plus que ian mc donnald puise dans les idées de gabriel garcia marquez (les jumeaux, la description du village, ect...) mais plus on avance dans l'histoire et plus "desolation road" se différencie de son modèle.
pour conclure je dirai que "100 ans de solitude" est plus dense, plus fantastique, plus noir, plus poétique et porté par une plume magnifique. "desolation road" est fantastique par certains aspects (la description de son installation dans le désert, l'etrevert, les anciens qui parle a mr. jericho, ect.), mais l'auteur essaye toujours de les expliquer ou de les justifier de manière logique, c'est un ouvrage de science fiction cqfd.
C'est plus rationnel et donc moins poétique, mais mc donald déborde d’imagination sans jamais tomber dans le grotesque ou le lourd.
La fin de l'histoire se termine en apothéose et mc donald termine brillamment l'ensemble des histoires hautement improbables dont il a affublé tous les personnages de cette fabuleuse histoire de "desolation road".
Un excellent bouquin, merci pour ce cadeau ;-)
a bientôt
archibald
@ Archibald : Heureux que ce cadeau t'ai plus mon ami! il ne me reste plus qu'à lire "100 ans de solitude"... Mais j'ai trois livres en cours là ;-) Après je pense. Par contre je lirais bien un autre Ian McDonald prochainement, j'en ai deux en rayons. :-)
RépondreSupprimeroui, celui-ci donne envie d'en lire d'autre!
RépondreSupprimeret n'hésite pas à te lancer dans "100 ans de solitude", au final il est tout de même fort différent.
a+
@ Arcibald : J'y compte bien. J'ai lu il y a peu "Chronique d'une mort annoncé" de Gabriel Garcia Marquez et cela m'a bien plu. Mais là, je termine J-P Sartre, Joe Haldeman et peut-être G.R.R. Martin. ;-)
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