Première incursion réelle dans l'univers de Jérôme Noirez, si l'on exclus ma découverte au travers de l'anthologie "Retour sur l'horizon" (chronique ici). Verdict? Carrément conquis! J'en veux plus!
++ La quatrième de couverture ++
Au diapason des mots et des misères humaines s'accordent et
s'entremêlent les âmes et les sons, les voix polyphoniques et les corps
dissonants, l'écho du métronome de nos coeurs assassins, et la verve et
le fiel et les espoirs déçus. Lisez et écoutez ces quinze morceaux, au
fil desquels Jérôme Noirez compose une symphonie sublime, où le tragique
côtoie le grotesque dans une sarabande aussi implacable qu'infernale.
+++ Mon avis +++
Découverte subtile et enivrante que celle-ci. Curieusement étourdi là où son texte "Terre de Fraye", issu de "Retour sur l'horizon" (chronique ici), m'avait passablement distrait voir légèrement ennuyé. Mais ne m'arrêtant pas là, je me suis jeté sur ce recueil de nouvelles fantastiques qui m'a réellement scotché de bout en bout.
Chez Jérôme Noirez, il y a une certaine beauté de style. Riche et enveloppé d'une certaine dorure, son écriture reste néanmoins noire comme un bon Thomas Owen. Rythmée par un hypnotisme noir, sa plume crée une envie sourde et constante de lecture qui nous emprisonne dans une spirale de mots dont seul Jérôme Noirez doit connaître l'échappatoire. Ici le terme fantastique est à prendre dans les deux sens du terme du merveilleux obscur et du plaisir.
Ce recueil de 220 pages se composent de textes de différentes longueurs mais qui ont tous pour panel de couleur le noir. Jouant ainsi sur les degrés de l'obscurité, Noirez nous offre des textes, comme "7, impasse des mirages" se rapproche de Thomas Owen ou bien du côté organique de l'écriture Poppy Z. Brite ou Mélanie Fazi.
D'autres, comme "Apocalypse selon Huxley", sont débridés comme un bon Thomas Gunzig, gras comme un road movie débridé, sous acide, champignons ou toute autre drogue qui déglingue sévère. Sacrément dérangé le Noirez?
"Feverish Train" cache derrière un titre très rock'n roll une enquête hallucinée dans un train roulant à travers un monde fantasmatique. Onirisme décadent agrémenté d'une plume aiguisée. Assez déroutant mais surprenant.
Si certains récits marchent très bien, d'autres tombent plus à plat, manquant par là d'un certain fond en contrastant avec le reste. Ainsi en va de "La grande nécrose" qui nous révèle une histoire de zombies finalement assez foutraque mais qui sonne un peu creuse si ce n'est à considérer ses voisins comme des zombies.
D'autres textes passent pour moins accessibles comme "Le diapason des mots et des misères" très bien illustré par la couverture. Et si finalement le web s'était ça? Ce lien intangible, ce diapason des mots et des misères.
Parfois plus thrash, tel un Charles Bukowski, Noirez nous offre aussi des textes comme "Shirley's doll", teinté d'un humour très noir qui se lit d'un air dégoûté avec un sourire en coin.
Bref, Jérôme Noirez tisse ici au long des différents textes, ceux cités ci-dessus et ceux dont je ne parle pas, une série d'histoires d'une noirceur décadente. Jouant de l'absurde, de la surenchère, de l'humour noir voir du surréalisme, évoquant par une écriture poétique mais organique une série de descriptions très sensitives, Noirez offre ainsi un voyage qui a certes ses hauts et ses bas, mais qui touche et fait mouche. Moi j'en redemande!
+++ Le livre +++
- Poche: 224 pages
- Editeur : J'ai lu (14 septembre 2011)
- Collection : J'ai Lu Fantastique
- Illustrateur : Aurélien Police
"Le diapason des mots et des misères" - Jérôme Noirez
Reviewed by Julien le Naufragé
on
mercredi, avril 04, 2012
Rating:
je ne sais pas si un jour je prendrai en main ce livre pour découvrir cet auteur, mais si je le lis, c'est toi, au travers de cette chronique, qui m'en aura donné l'envie!
RépondreSupprimer2008-2012, ça fait quarte ans que tu animes ce blog et c'est un réel plaisir de te lire
a+
archibald
@ Archibald : C'est toujours un plaisir que de te faire découvrir, à toi et à d'autres, de bonnes lectures. Après, ce qui me plaît ne plaît pas à tous. ;-) Vivement notre escapade aux Imaginales.
RépondreSupprimerÉtrange expérience que ce livre. J'en ai retenu l'écriture, incroyable, les histoires en elles-mêmes m'avaient un peu moins convaincues, à part celle donnant son titre au recueil, qui a été un énorme coup de cœur.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup plus apprécié "Fééries pour les ténèbres", au côté déjanté encore plus assumé (si si, c'est possible).
@ Cachou : Hé bien si "Fééries pour les ténèbres" est encore mieux, je sens que cela vient dès lors de confirmer mon envie de lire ces ouvrages. Et on est d'accord, très belle écriture! Merci pour ton passage. ;)à
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