"Blade Runner" - Philip K. Dick

"Blade Runner" ou "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques" de Philip K. Dick

Encore un classique de la science-fiction qui traînait dans ma bibliothèque à lire. Un roman qui offre de nombreuses réflexions intéressantes sur l'empathie et la définition de l'humanité. Un roman de la maturité pour Philip K. Dick qui donne ici un bon récit en plus de bonnes réflexions. Un livre au-dessus du très bon film qu'il a donné. A découvrir !


L'histoire de "Blade Runner" ou "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques"


Deckard rêve d'un nouvel animal, un vrai, pas un simulacre comme son mouton actuel. Mais pour y arriver, il va falloir intercepter quelques androïdes humains car ses maigres économies ne suffiront pas à payer un vrai animal hors de prix. Dans ce futur post-apocalyptique décrit par Philip K. Dick, le monde a vu tous les animaux disparaître, ou presque. Il ne reste que poussière, radioactivité et peu d'humains, la plupart ayant fui vers Mars. Le meilleur chasseur d’androïdes étant sur la touche, c'est Deckard qui a l'occasion de prouver sa valeur et en même temps de se faire un paquet de pognon. Mais identifier un androïde Nexus-6 n'est pas aussi évident qu'il semble l'être... Tant pis, de toute façon, Deckard n'a rien à perdre. 


Mon avis sur "Blade Runner" de Philip K. Dick


Le futur post-apocalyptique décrit par Philip K. Dick nous amène en 1992 à Sans Francisco et non comme dans le film en 2019 à Los Angeles. Il ne pourchasse pas non plus des répliquants mais des androïdes. Par ailleurs, le livre  "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?", publié en 1968, n'avait pas le même titre que le film "Blade Runner", sorti en 1982.

Dans cet avenir proche décrit dans le livre, il ne reste que peu de choses ainsi que peu d'hommes. Beaucoup de poussière et peu de vie, les hommes ayant fui sur Mars. Au milieu de cela, de ce reste d'humanité terrestre, il y a Rick Deckard, chasseur de prime. Par chance, s'offre à lui l'opportunité de chasser ces fameux Nexus-6 et d'en tirer une belle prime. L'occasion pour lui de remplacer son mouton électrique par un vrai animal.

Mais d'où viennent ces Nexus-6 ? De Mars. Mais la colonisation a été un échec, bien loin des rêves décrits dans les romans de science-fiction, et les robots, nos fameux androïdes Nexus-6 se sont rebellés car ils veulent avoir droit à l'existence, à leur liberté. Ce qui explique leur fuite vers la Terre et la chasse que leur fait les humains. 

Le roman de Philip K. Dick pourrait être un roman noir, sauf que c'est un roman de science-fiction. Mais pour autant, l'auteur ne nous parle pas du futur, de ce qui devrait être et ne pas être. Philip K. Dick parle plutôt d'angoisses personnels, de questionnements moraux et de choix à poser. 

Comment reconnaît-on un Nexus-6 ? Par un test d'empathie. Test réussi, c'est humain. Test raté, c'est un androïde. 
Mais alors, me vient cette question : comment reconnaît-on un humain ? Si le teste d'empathie est raté, est-on un androïde ? L'homme devient-il un simple robot à partir du moment où il est dépourvu d'empathie ? Dans notre monde actuel, avec un tel test d'empathie, je pense que nombre d'humains seraient considérés comme de simples robots. Un homme échouant à ce test aurait-il perdu toute humanité ? Par ailleurs, si l'on traite les humains aujourd'hui comme des robots, vont-ils perdre leur empathie et par là leur humanité ? C'est une question intéressante et différente des questions sur la folie qui pouvaient se retrouver ailleurs chez l'auteur.
Et à l'inverse, si un robot réussit le test d'empathie. L'a-t-il déjoué ? Ou est-il arriver à un niveau d'empathie qui le rend presque humain ? Bref, l'humanité serait-elle la seule manière d'identifier un homme ? Au fil du récit, Rick Deckard va mettre cela en doute.

Dans cet avenir sombre, l'homme est aussi soumis à deux addictions : celle de la boîte à empathie et celle de la télévision.
L'un plonge l'homme dans le corps et l'esprit de Mercer, sorte de Sisyphe, lui fait tout ressentir comme lui, lui offrant un pur instant d'empathie. "L'humanité a besoin de davantage d'empathie" dit le texte. Par la même occasion, je vois dans le Mercérisme un besoin fort d'union enfin assouvi. Pendant ce moment-là, l'homme fuit son être, il intègre l'esprit d'un autre, est uni à lui, quittant par la même occasion ses troubles personnels, voir obsessionnels. Cela devient un besoin, une addiction qui peut amener à vivre l'empathie mais peut aussi amener à vivre hors de soi.
A l'opposé, il y a la télévision animée par ce bon Buster qui crache sans cesse sur Mercer. Dans son émission de divertissement, il offre du vide, le spectacle de l'absurdité permanente, le vacuité d'un présent sans but. Critique déjà saisissante d'une société du spectacle qui atteint aujourd'hui, 50 ans après la parution du livre, une réalité tellement frappante qu'elle en est glaçante. Rien à montrer, rien à voir, rien à dire.

Et puis il y a cet autre personnage, Isidore, que l'on suit dans un fil narratif parallèle. Il est le fou. Pas l'homme qui se réfugie dans la folie pour fuir le monde, comme dans d'autres romans de Philip K. Dick, mais l'amoindri, un "spécial", touché par les retombées de la radioactivité. Identifiés, ils sont déclassés, mis à part de la société. Est-il le double aliéné de Rick Deckard ? Comme le voit l'analyste Patricia Warrick dans l'excellente (même excellentissime) postface d’Étienne Barillier. 

Au final, ce roman de Philip K. Dick est vraiment bon. Au-dessus d'une quantité d'autres de ces romans, car s'il a écrit de très bonnes choses, il y en a de biens moins bons. Il y a beaucoup de réflexions soulevées par le récit car il touche à pas mal de choses. "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques" est un roman de la maturité créatrice de Philip K. Dick. Et si je n'ai plus vu le film depuis de nombreuses années, le roman offre selon moi une réflexion plus profonde que sa version cinématographique. 

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"Blade Runner" - Philip K. Dick "Blade Runner" - Philip K. Dick Reviewed by Julien le Naufragé on jeudi, janvier 11, 2018 Rating: 5

6 commentaires:

  1. Encore un grand classique de la littérature SF que je n'ai pas encore découvert. Ton avis très complet me donne envie d'en savoir plus. Philip K. Dick n'est pas un auteur facile à appréhender, mais la question de ce qui constitue la véritable humanité est vraiment fascinante.

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    1. Je te conseillerais bien celui-ci pour démarrer. Il est bien, vraiment. Tout n'est pas du même niveau chez Philip K. Dick selon moi. Sinon "Ubik" est très bon aussi et j'aimerais bien me le relire d'ailleurs. Bientôt peut-être. Et puis la question de l'empathie comme définition de l'humain est intéressante... d'autant que de nos jours, il semblerait que certains animaux ont plus d'empathie que certains hommes. Seraient-ils des androïdes ?

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  2. J'avais envie de revisionner Blade runner avant de voir le nouveau, ta chronique me donne envie de me replonger dans ce roman que j"ai lu il y a trop d'années.
    Je me rappelle dans le film une impression de foules alors que la terre devrait etre déserté vu ce que tu en dis.

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    1. Il y a plus une impression de peu de monde, voir de quasi vide, que de monde. Mais je reverrais bien le vieux film, puis le nouveau pour voir.

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  3. Un jour il faudra quand même que je lise ce roman histoire de le comparer au film.

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