Cela faisait longtemps que je n'avais plus lu du Brautigan et c'est avec un pastiche de polar que je le redécouvre. Une histoire désopilante qui joue avec les clichés du genre : un enquêteur sans un sous, un cadavre à escamoter et des histoires plein la tête qui font oublier la réalité à notre détective privé. Des clichés, de l'humour et des fantasmes d'une autre vie... bref, un excellent roman !
L'histoire de "Un privé à Babylone"
C. Card est un détective privé qui n'a pas un rond. Tellement fauché qu'il n'a plus assez d'argent pour se payer des balles pour son pistolet lorsqu'une cliente fait appel à ses services. Et un enquêteur sans un flingue armé, ça ne le fait pas !
Cette cliente est une belle et riche femme blonde qui a pour étrange habitude de boire des quantités de bière sans avoir besoin d'aller aux toilettes. Notre femme fatale n'est pas sans défense car elle est accompagnée d'un chauffeur avec un coup de taureau. Et que lui veut-elle ? Rien de moins que de voler un cadavre. Et comme C. Card n'a plus un rond, il accepte.
Mon avis sur "Un privé à Babylone" de Richard Brautigan
Derrière ce récit assez classique de polar, du genre de ceux que l'on pourrait assigner à Dashiell Hammett, Richard Brautigan nous emmène dans un récit aussi loufoque qu'un texte de Boris Vian. C. Card, notre détective, est l'archétype même du vieux polar hardboiled. Sans un rond, il est bien obligé d'accepter le contrat que lui offre cette étrange blonde buveuse de bières. Chemin faisant, notre détective va faire des rencontres assez loufoques avec d'autres malfrats eux aussi venus escamoter le cadavre.
Un peu perdu dans toute cette histoire, notre détective qui tient plus du brave type que du dur à cuir, se perd régulièrement dans ses rêves. A son insu, C. Card s'échappe bien trop fréquemment dans un monde fantasmagorique où il rêve de gloire et de succès. Dans son monde imaginaire, Babylone, il est un détective de renom, reconnu et efficace, secondé par sa belle et séduisante secrétaire : Nana-Dirat. Mais ces escapades dans le rêve sont souvent la cause de dangers et d'échecs pour C. Card, car tel un narcoleptique, C. Card plonge dans cet état de rêve à des moments parfois incongrus. Serait-ce une manière à lui, C. Card, de vivre son "Grand sommeil" à lui et de se vivre tel un Philip Marlowe ?
Dans ce roman, Richard Brautigan joue habilement des clichés du polar. Caricature du genre mais aussi et avant tout un roman plein d'humour. On sourit à la lecture de ce roman, et à la vue des affres de ce triste privé qui n'est pas foutu d'en réussir une, on se perd avec lui dans ses fantasmes de réussite dans un monde parfait. Mais au final, ne fait-on pas la même chose quand tout va mal ? Ne fuyons-nous pas dans des mondes rêvés où tout serait mieux que cette triste réalité ?
En à peine 250 pages, avec des chapitres ultra courts et un sens du dialogue digne de James M. Cain, Richard Brautigan offre un roman où l'on s'évade dans le cliché, dans l'humour et la fantasmagorie. J'adore !
A propos de Richard Brautigan
Richard Brautigan est un écrivain et poète étasunien né en 1935. En 1956, il rejoint San-Francisco et côtoie les artistes de la beat generation et la contre-culture locale. En 1967, il publiera son titre le plus célèbre : "La pêche à la truite en Amérique". Richard Brautigan se suicidera en 1984, rongé par l'alcool et la dépression.
"Un privé à Babylone" - Richard Brautigan
Reviewed by Julien le Naufragé
on
samedi, août 20, 2016
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