Ann Leckie débarque dans l'espace francophone avec un premier roman qui a remporté de nombreux prix littéraires. Un livre de space opera d'une lecture exigeante par son écriture qui joue sur les genres, mais profitant d'un récit bien ficelé et intéressant qui rappellera à certains lecteurs Ursula K. Le Guin et Iain M. Banks. Un livre difficile d'accès qui ne plaira pas à tout le monde mais qui a un petit goût de différent intéressant.
L'histoire de "La justice de l'ancillaire", le tome 1 des Chroniques du Radch
L'Empire du Radch est en marche et rien ne peut l'arrêter. A chaque annexion, à chaque rébellion, les humains peuvent être arrêtés et reconditionnés afin d'effacer leur mémoire pour en faire des ancillaires, des marionnettes animées par l'intelligence artificielle du vaisseau de guerre qui les accueille.
Victime d'un complot, le Justice de Toren a été détruit. Mais son IA s'est échappée et a survécu dans le corps d'un seul ancillaire.
Aujourd'hui, 19 ans après ces événements, cette IA est sur le point d'accomplir sa vengeance.
Victime d'un complot, le Justice de Toren a été détruit. Mais son IA s'est échappée et a survécu dans le corps d'un seul ancillaire.
Aujourd'hui, 19 ans après ces événements, cette IA est sur le point d'accomplir sa vengeance.
"La justice de l'ancillaire" est le tome 1 d'une trilogie écrite par Ann Leckie sous le nom des Chroniques du Radch et publiée chez J'ai Lu.
Mon avis de lecture de "La justice de l'ancillaire" d'Ann Leckie
En lisant la quatrième de couverture de ce roman, on est en droit de s'attendre à un space opera bêtement militariste : un empire intergalactique, une IA rebelle, etc. Bref, rien de bien intéressant ou de déjà vu ailleurs là-dedans. Par contre, la manière de traiter le récit et l'idée d'une IA présente dans plusieurs corps à la fois rendent ce récit bien plus intéressant.
Dès le départ, Ann Leckie nous invite à suivre son récit avec une narration double entre passé et présent. D'un chapitre à l'autre, nous suivons la quête actuelle de Breq, l'ancillaire survivant du Justice de Toren, au passé de celui-ci avant sa destruction. Le processus n'est certes pas nouveau, néanmoins c'est habillement mené. On s'attend bien sur au croisement du récit et des implications que les révélations du passé vont amener au récit du présent. J'ai pensé pour le coup à "L'usage des armes" de Iain M. Banks, mais le croisement des récits n'est pas aussi efficace. Dommage mais prévisible. Cependant, tout en avançant dans le récit, Ann Leckie nous fait découvrir l'Empire Radchaaï et l'une de ces colonies dirigée par la Lieutenant Awn.
L'Empire radchaaï et la colonie que l'on découvre ne sont pas sans rappeler Ursula K. Le Guin. La culture de l'Empire ne manque pas d'intérêt. On y cultive le goût du thé, on y vénère une déesse particulière, on respecte un ordre établi des convenances, etc. On y ferait facilement un parallèle avec le vieil empire anglais, non ? Pourtant, il y a quelque chose de plus exotique dans cet univers, on y trouve une certaine diversité, tant dans les origines des personnages que par le jeu des classes sociales.
Une des particularité de l'Empire radchaaï est de ne pas donner de distinction de genre. Un seul genre est utilisé : le féminin. Et dans la narration, cela se ressent. Parfois avec difficulté car le masculin et le féminin s'entrecroisent dans l'écriture. Le lecteur bute sur certains mots et le cerveau est dérouté par cet utilisation des genres alors que peut-être qu'un féminin uni aurait rendu le tout plus simple à lire ? Néanmoins, mis à part cette difficulté, cette utilisation des genres pousse à la réflexion. Pourquoi doit-on définir un personnage d'abord par son sexe avant d'autres caractéristiques ? Si on ne sait pas toujours si l'on a un homme ou une femme en face du narrateur, ce dernier a également des difficultés dans l'utilisation des genres masculin/féminin quand il doit parler d'autres langues avec les autochtones. Par ailleurs, après un moment de confusion, nous commençons en tant que lecteur à porter notre attention ailleurs que sur les apparence et on s'intéresse d'autant plus aux personnalités des différents protagonistes.
Autre point intéressant ce sont les Intelligences Artificielles. Rien d'innovant là-dedans me direz-vous, Iain M. Banks avait déjà pensé aux vaisseaux dirigés par des IA dans son Cycle de la Culture. Mais Ann Leckie va plus loin avec ses ancillaires. A chaque annexion d'un monde, à chaque rébellion ou désordre, un humain peut être reconditionné. On lui efface la mémoire et on fait de lui un ancillaire, une marionnette humaine habitée et dirigée par l'IA. Cette IA réside et dirige son vaisseau, mais elle est également vivante dans tous ses ancillaires en même temps. Chacun d'eux est en connexion permanente avec le vaisseau qui de son côté vit et sait tout ce qui se passe partout en même temps grâce à ses ancillaires. Néanmoins, cette IA est au service de la Lieutenant en charge du vaisseau. Cette intelligence artificielle n'a aucun pouvoir de décision directe. Elle est là pour servir la Lieutenant qui elle-même est au service de l'Empire radchaaï. Néanmoins, au travers de cette IA on se positionne par moment dans un rôle vertigineux, quasi omniscient et omnipotent, car on est partout en même temps. On parle d'un côté avec un officier, on sert le thé d'un autre, on travail sur le pont du vaisseau, on est en service sur la planète, etc. On est partout et on fait tout en même temps avec la même capacité d'analyse et de réaction. C'est vertigineux mais aussi effrayant.
"La justice de l'ancillaire" n'est pas facile d'accès, il rebutera plus d'un lecteur à cause de son jeu sur les genres. Le choix d'un féminin unique aurait sans doute simplifié la lecture mais peut-être minimisé la réflexion. Une note de traduction aurait été un plus dans le livre d'ailleurs. Néanmoins, pour ma part, j'ai passé un bon moment avec ce livre d'Ann Leckie. Si j'ai eu quelques difficultés lors de mes moments de fatigue, "La justice de l'ancillaire" reste un space opera agréable. Il ne révolutionne pas le genre, mais offre quelques originalités intéressantes tout en restant finalement assez classique. Et l'on critiquera peut-être le fait de jouer encore sur la notion de vengeance vs justice pour un récit de space opera. A découvrir pour le jeu sur le genre, mais pas à mettre entre toutes les mains car "La justice de l'ancillaire" est un roman qui divise.
Autre point intéressant ce sont les Intelligences Artificielles. Rien d'innovant là-dedans me direz-vous, Iain M. Banks avait déjà pensé aux vaisseaux dirigés par des IA dans son Cycle de la Culture. Mais Ann Leckie va plus loin avec ses ancillaires. A chaque annexion d'un monde, à chaque rébellion ou désordre, un humain peut être reconditionné. On lui efface la mémoire et on fait de lui un ancillaire, une marionnette humaine habitée et dirigée par l'IA. Cette IA réside et dirige son vaisseau, mais elle est également vivante dans tous ses ancillaires en même temps. Chacun d'eux est en connexion permanente avec le vaisseau qui de son côté vit et sait tout ce qui se passe partout en même temps grâce à ses ancillaires. Néanmoins, cette IA est au service de la Lieutenant en charge du vaisseau. Cette intelligence artificielle n'a aucun pouvoir de décision directe. Elle est là pour servir la Lieutenant qui elle-même est au service de l'Empire radchaaï. Néanmoins, au travers de cette IA on se positionne par moment dans un rôle vertigineux, quasi omniscient et omnipotent, car on est partout en même temps. On parle d'un côté avec un officier, on sert le thé d'un autre, on travail sur le pont du vaisseau, on est en service sur la planète, etc. On est partout et on fait tout en même temps avec la même capacité d'analyse et de réaction. C'est vertigineux mais aussi effrayant.
"La justice de l'ancillaire" n'est pas facile d'accès, il rebutera plus d'un lecteur à cause de son jeu sur les genres. Le choix d'un féminin unique aurait sans doute simplifié la lecture mais peut-être minimisé la réflexion. Une note de traduction aurait été un plus dans le livre d'ailleurs. Néanmoins, pour ma part, j'ai passé un bon moment avec ce livre d'Ann Leckie. Si j'ai eu quelques difficultés lors de mes moments de fatigue, "La justice de l'ancillaire" reste un space opera agréable. Il ne révolutionne pas le genre, mais offre quelques originalités intéressantes tout en restant finalement assez classique. Et l'on critiquera peut-être le fait de jouer encore sur la notion de vengeance vs justice pour un récit de space opera. A découvrir pour le jeu sur le genre, mais pas à mettre entre toutes les mains car "La justice de l'ancillaire" est un roman qui divise.
A propos d'Ann Leckie
Ann Leckie est une auteure américaine née en 1966. Elle a exercé divers métiers dont serveuse, réceptionniste ou ingénieur du son, mais elle a également été secrétaire du Science Fiction and Fantasy Writers of America en 2012-2013. Son premier roman, "La justice de l'ancillaire" (paru en 2013 aux USA), ouvre un cycle de trois romans sous le nom des Chroniques du Radch. Ce roman a reçu de prestigieux titres : Prix Hugo, Prix Nebula, Prix Locus, Prix Arthur C. Clarke et le British Science Fiction Award.
"La justice de l'ancillaire" (Les chroniques du Radch - Tome 1) - Ann Leckie
Reviewed by Julien le Naufragé
on
dimanche, avril 24, 2016
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Ha, cool de voir que tu l'as apprécié ! :)
RépondreSupprimerJ'ai adoré pour ma part et je commençais à croire que j'étais le seul à lui trouver des qualités ^^
Oui, visiblement, il y a peu d'amateurs. Mais j'en connais d'autres. ;-) Il faut bien avouer qu'il n'est pas facile d'accès mais reste néanmoins pas mal.
SupprimerFaudra peut-être que j'y jette un oeil (les utilisations bizarres du féminin ne me font plus peur !)
RépondreSupprimerElles ont fait peur à beaucoup de monde. D'autant que cela ne facilite pas la lecture
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