Encore du bref, juste pour vous donner envie de découvrir un excellent auteur irlandais, Colm Tóibín, ou bien de (re)découvrir les classiques que son "Le grand sommeil" de Raymond Chandler ou "Cent ans de solitude" de Gabriel Garcia Marquez.
"La couleur des ombres" de Colm Tóibín
C'est au travers d'une émission TV sur Arte, "L'Europe des écrivains", que j'ai découvert cet auteur. Mais c'est la lecture du premier paragraphe de la première nouvelle de ce recueil qui m'a réellement convaincu. C'est aussi ce qui m'a mis sous le charme : la qualité littéraire de cet auteur. Il y a une réelle poésie dans son écriture, un ton envoûtant qui évoque la petite musique mélancolique de la vie. D'un style très descriptif, les récits de Colm Tóibín sont des témoignages écrits comme de longues introspections insérés dans des décors hantés de souvenirs.
"La couleur des ombres" contient 9 récits vraiment envoûtants et introspectifs. Une belle parenthèse au milieu d'autres lectures. Un auteur sûrement trop peu connu mais qui possède une plume réellement touchante. Ma trop brève chronique ne rend que trop brièvement le plaisir de lecture que j'ai eu avec ces nouvelles. Un livre que j'ai dévoré en très peu de temps, immergé et captivé par les récits contenus dans "La couleur des ombres". Ce fut ma première découverte de Colm Tóibín, mais cela donne réellement envie d'en lire plus. Et cela donne envie de vous donner envie de le lire !
"Le grand sommeil" de Raymond Chandler
Voici un grand classique du genre polar hardboiled. Un roman réellement noir publié en 1939 aux USA. Raymond Chandler nous invite à suivre une enquête menée par le désormais célèbre Philip Marlowe, incarné au cinéma par Humphrey Bogart ("Le grand sommeil", 1946). Philip Marlowe est l'archétype même du détective privé triste et alcoolisé prêt à tout pour conclure son enquête. Engagé par le retraité général Sternwood pour enquêter sur une histoire de chantage concernant sa fille Carmen, Philip Marlowe va découvrir une histoire de commerce pornographique. En parallèle, Marlowe croisera la route de l'autre fille du général, Vivian, qui pense que son père lui a demandé d'enquêter sur la disparition de son mari. Démarre alors une histoire de plus en plus complexe où les cadavres s'accumulent, où l'alcool coule à flot, ou les femmes se veulent fatales, où les truands menacent, où l'argent peut tout régler et où Marlowe navigue en eaux troubles jusqu'à démêler le vrais du faux des nombreuses histoires qui parcourent ce roman.
Ce qui marque à la lecture de ce roman, c'est le ton résolument noir. Les personnages, Marlowe y compris, sont désabusés et tristes. Sans compter que l'histoire elle-même est parcourue d'une violence brute contrebalancée par la sensualité dégagée par les femmes fatales que l'on croise au travers des pages.
"Le grand sommeil" est un grand classique du roman noir américain. Il a marqué le genre a sa publication et fonctionne toujours aussi bien aujourd'hui. A (re)découvrir !
"Cent ans de solitude" de Gabriel Garcia Marquez
Le roman de Gabriel Garcia Marquez est vraiment un roman foisonnant. Considéré comme un monument littéraire, ce livre bénéficie d'une plume habile, quoi que parfois complexe, et d'une construction littéraire complètement éclatée.
"Cent ans de solitude" nous raconte la vie et la création de Macondo, un petit village d'Amérique du Sud. Plus particulièrement nous suivront les tribulations de la famille Buendia et de leurs très nombreux rejetons. Ainsi, depuis la venue des gitans de Melquiades, la ville de Macondo vit une réelle épopée qui passe de l'établissement de la ville à sa décadence finale. On y traverse des fléaux, des guerres civiles, des révolutions, des illuminations, des invasions américaines, des développement économiques, des destructions, etc. Bref, Gabriel Garcia Marquez nous offre un récit réellement foisonnant mais totalement déroutant. Sa manière de raconter l'histoire nous fait passer d'un personnage à un autre, puis un autre, puis un autre et encore un autre. Le personnage central du récit n'est plus la famille Buendia mais finalement la cité de Macondo, de sa naissance à sa déchéance. Mais la galerie des portraits dressés et les vies hallucinantes contées sont réellement prenantes.
Néanmoins, l'auteur nous perd de son récit (et sûrement à dessein). Ainsi nous suivons des Aureliano, des Arcadio, des José Arcadio, des Aureliano José, des Aureliano le Second, des Arcadio le Second, des Amaranta, des Amaranta Ursula, etc. et cela sur plusieurs générations. Si cela ne suffisait pas, l'auteur nous promène d'un récit à un autre continuellement. Dans chacun des récits naît un micro-récit suivi d'un micro-récit et d'un autre. Je vous l'avais dit : un récit foisonnant. Par
ailleurs, "Cent ans de solitude" fait partie de ce que l'on appelle le
réalisme magique. Un mélange de réel, de surnaturel et d'irrationnel. Un
récit qui est exempt de tout rationalisme, tant dans les faits que dans
sa construction.
La lecture de "Cent ans de solitude" est tout sauf reposante. Le style est complexe et le récit alambiqué à tel point qu'il m'a fallu prendre un pause dans ma lecture pour la reprendre avec encore plus de plaisir une fois l'envie revenue. Bref, le roman de Gabriel Garcia Marquez est exigeant mais finalement passionnant, parfois amusant également tout en étend déroutant et intriguant. Un livre particulier et carrément unique. Un roman que je ne conseillerais pas par contre à quelqu'un qui a besoin d'un récit linéaire ou d'une histoire qui a un fil conducteur clair. Car ici on en est loin, néanmoins la qualité littéraire et narrative de ce roman lui font mérité tous les qualificatifs qu'on lui donne. Malheureusement, il reste que ce n'est pas un livre facile d'accès.
Pour conclure, je vous renvoie vers la vidéo de Jean-Philippe Depotte où il analyse "Cent ans de solitude" de manière très convaincante. Ainsi que celle existante sur Wikipedia.
Chroniques en vrac #6 : Tóibín, Marquez et Chandler
Reviewed by Julien le Naufragé
on
lundi, décembre 21, 2015
Rating:
j’ai lu «100 ans de solitude» il y a quelques années. Une lecture difficile d’accès, mais dont je garde un excellent souvenir. Le livre de Marquez a servi d’exemple pour l’ouvrage «Desolation road» de Ian Mc Donald. Je mets Chandler dans la liste des «à lire un jour». Merci pour cette chronique. a+
RépondreSupprimer@ Archibald : Enjoy reading ;-) Et le Colm Toibin est juste superbement écrit ;-)
RépondreSupprimerok, je mets Toibin dans la liste des "à lire un autre jour" :-)
RépondreSupprimer@ Archibald : T'es vraiment un "abonné" aux classiques ;-)
RépondreSupprimerouaip! je lis un Houellebecq en ce moment...
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