Quelques chroniques en vrac, afin de rattraper mon retard sur ma pile à chroniquer. Mais aussi pour vous donner envie de lire.
"Le sentiment du fer" de Jean-Philippe Jaworski
Est-il encore utile de dire du bien de Jean-Philippe Jaworski. Est-il encore nécessaire d'écrire des articles pour dire que ses écrits sont toujours (ou presque) une tuerie, tant sur le plan littéraire que sur le plan narratif. Peut-être. Juste pour dire que l'on aime se perdre dans ses récits, que l'on a du plaisir à s'égarer dans ses histoires, que l'on se laisse porter par une plume maîtrisée et efficace qui joue avec le vocabulaire et nous dévoie par la gouaille de certains personnage.
"Le sentiment du fer" est un recueil de nouvelles où l'on retrouve des textes de Jean-Philippe Jaworski qui étaient essaimés dans différentes anthologies. Il est d'ailleurs dommage de ne pas retrouver l'origine de chacun de ces textes dans ce court recueil. Certes, ce n'est pas nécessaire, mais c'est une information que je trouve toujours utile.
En un peu plus de 200 pages, "Le sentiment du fer" se découpe en cinq récits relativement brefs du coup. Cinq textes qui nous ramènent, et avec un très grand plaisir, dans les méandres géographiques et historiques du Vieux Royaume. Ce même monde que l'on a déjà pu parcourir au travers de "Janua Vera" et "Gagner la guerre". On y croise des truands, un elfe baratineur, des nains en maraude, un détrousseur de cadavre et bien d'autres. Au travers des pages et des différents récits, Jean-Philippe Jaworski joue sur les registres narratifs et nous offre un ton théâtral là, du comique ailleurs, mais peu aussi être plus intimiste et même rendre hommage à J.R.R. Tolkien plus loin.
Avec ces cinq textes, Jean-Philippe Jaworski prouve encore sa capacité littéraire et sa créativité incroyable tout en jouant sur les registres narratifs et en continuant à développer son univers du Vieux Royaume. Un court roman mais un vrai plaisir de lecture qu'il serait dommage de rater.
"C'est l'Inuit qui gardera le souvenir du blanc" de Lilian Bathelot
Voici un roman republié un peu discrètement chez Multivers éditions mais qui offre son plaisir de lecture. Un court roman précédemment publié en 2006 chez Le Navire en Pleine Ville mais devenu indisponible. Dès lors, Multivers en a fait une réédition numérique qui permet de rendre ce roman à nouveau disponible, à condition de lire en numérique bien sur.
Lilian Bathelot nous projette en 2089. Une jeune femme, Kisimii, mène seule sa Première Chasse dans le Grand Nord. Un rite de passage en territoire Inuit. Cependant, elle devra arrêter sa chasse pour sauver un européen poursuivi par une meute de loups. Malheureusement, les secours ne peuvent venir les aider car ils sont déjà parti auprès d'un avion qui s'est crashé au milieu de la réserve des narvals. Au même moment, Kisimii apprend la mort de nombreux narvals et la disparition de son meilleur ami.
En France, la Sécurité Nationale est sur le pied de guerre. Le Commandant Diaz a disparu des radars, il a réussi à se débarrasser de son implant.
De plus le G16 s'inquiète. Le Groenland disparaît du jour au lendemain des écrans d'observation. Que vaut son réseau de surveillance et où se situe le problème ? L'inquiétude monte quand c'est l'ensemble des territoires de la Confédérations des Nations Premières qui disparaît pendant plusieurs longues secondes. Ces nations auraient-elles maintenant les moyens de leur indépendance ?
Publié dans la collection science-fiction de Multivers éditions, ce roman offre le rythme narratif d'un thriller et par moment la noirceur d'un polar. On est bien sur en pleine anticipation avec cette histoire car Lilian Bathelot nous offre à réfléchir sur notre futur. Quel sera-t-il si celui est constamment sous observation ? Sera-t-il possible de vivre tout simplement autrement ? Non pas de refuser l'évolution par un retour à la terre mais juste vivre autrement. Si l'on prend l'héroïne, elle est docteur en biophysique et à choisi de retourner en pays Inuit. Elle y fait également quelques recherches mais a décidé de vivre autrement prouvant ainsi que deux mondes peuvent se mélanger plutôt que s'opposer. A condition que chacun d'eux offre une place à l'autre.
Lilian Bathelot offre avec "C'est l'Inuit qui gardera le souvenir du blanc" un récit d'anticipation bref et efficace. Une lecture réellement prenante qui se lit rapidement, avec plaisir et qui donne envie d'en découvrir plus de cet auteur.
"Les terres interdites" (Les Pirates de l'Escroc-Griffe - tome 1) de Jean-Sébastien Guillermou
Caboche est un jeune gamin qui s'est enfui de l'orphelinat militaire et souhaite retrouver son père. Sur son chemin, il croisera la route de Bretelle, le capitaine de l'Escroc-Griffe et finira par rejoindre son équipage qui ressemble plus à une troupe de cirque qu'à des vrais pirates. Pourchassé par l'armée et l'Amiral Fantôme, l'Escroc-Griffe prendra la fuite et voyagera à travers les Mers Turquoises à la recherche d'un mythique trésors, et pour Caboche avec l'espoir de retrouver son propre père. L'aventure les mènera à travers les océans du Monde-Fleur, ils attaqueront une prison de haute surveillance pour libérer une femme, ils aborderont une île où vit une tribu d'hommes lézards, approcheront des Terres Interdites, etc. Bref un récit haut en couleurs et en aventures.
Les Pirates de l'Escroc-Griffe est un roman réellement foisonnant. Peut-être même un peu trop car si l'univers de Jean-Sébastien Guillermou n'a rien à envié au célèbre Terry Pratchett, on a parfois l'impression de passer du coq à l'âne, sautant d'une étape à une autre, enchaînant les événements rocambolesques pour passer aux scènes d'actions explosives. Je dois avouer que sur la longueur, cet enchaînement sans fin m'a laissé un goût de too much. J'ai fini par un peu m'ennuyer et avoir du mal à terminer le roman.
Néanmoins, l'univers de l'Escroc-Griffe déborde d'imagination. Peut-être de manière trop incontrôlée mais aussi du manière réellement foisonnante. De ce côté là, Jean-Sébastien Guillermou lorgne vers du Terry Pratchett, l'humour y compris, car son roman déborde d'idées et de moments très amusant. On y retrouve des mousquetaires, des pirates, un méchant immortel, un roi mégalomane, une tortue-île, un bras mécanique-mitrailleuse, etc. Et j'en passe tant il y en a. Imaginé déjà l'idée que tout se passe dans un Monde-Fleur dont les pétales se referme la nuit ! Bref, l'univers des Pirates de l'Escroc-griffe est un monde qui évolue à la croisée des genres, quelque part entre les romans d'aventure de piraterie ou de capes et d'épées, et univers de fantasy avec des bidules steampunk. Vous voyez le melting-pot ? Vous n'avez pas peur d'un gros mélange explosif et d'aventure sans temps mort où les rebondissements sont présents à chaque page ? Alors "Les terres interdites" de Jean-Sébastien Guillermou est pour vous. Pour les autres, il faudra passer son chemin car l'auteur ne vous épargne rien : c'est le feu d'artifice permanent. Pour ma part, je dirais qu'il faudrait un peu plus de contrôle et d'économie dans les effets spéciaux et le rythme, afin de laisser le temps de souffler. D'autant que les temps morts permettent de mettre d'autant plus en valeur les explosions qui suivent.
Lu dans le cadre du Cercle d'Atuan, un groupe de lecture en ligne hébergé sur le forum du Planète-SF.
Chroniques en vrac #5 : Jaworski, Bathelot et Guillermou
Reviewed by Julien le Naufragé
on
dimanche, décembre 20, 2015
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Le sentiment du fer est dans ma PàL, il va me permettre de patienter en attendant la suite (complète) de Même pas mort ^^.
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