"Narcose" de Jacques Barbéri, c'est un peu comme un polar futuriste écrit par un Lewis
Caroll ayant piqué la came de P.K. Dick, aidé dans ses délires
d'écriture par Terry Gilliam. Vous voyez le topo ? Complètement zarbi,
foutrement dingue, carrément à côté de la plaque, un brin parano,
superbement déjanté et réellement déstabilisant. Il faut pas avoir peur
de perdre pied avec la "réalité" car celle-ci est instable en permanence !
Ou alors tout cela ne serait qu'un rêve ?
A propos de Jacques Barbéri
Les éditions La Volte nous a habitué à des livres hors normes, toujours à la marge de ce que l'on trouve ailleurs, toujours étrange mais offrant des expériences de lectures intéressantes et captivantes. Jacques Barbéri ne fait pas défaut avec son "Narcose" bien sur.
Jacques Barbéri est auteur est auteur, traducteur, scénariste et musicien. Né en 1954, il a publié ses premiers textes en anthologies dans les années 1970. Ensuite quelques romans ont suivis dont "Guerre de rien" aujourd'hui republié chez Multivers éditions. Aujourd'hui, La Volte semble être son éditeur attitré.
Mon avis sur "Narcose"
"Narcose", écrit il y a plus de 20 ans, est l'ouverture d'un cycle qui se prolonge par "La mémoire du crime", "Le tueur venu du Centaure" et "L'homme qui parlait aux araignées". Mais d'autres nouvelles complètes cet univers déjanté, des textes que l'on retrouve ici ou là.
Dans "Narcose", nous suivons Anton Orosco. Un type un peu louche, un promoteur véreux qui a trempé dans un sale coup. Après avoir batifoler avec l'affriolante Lysandra, Anton apprend qu'il est recherché par la justice. Alors hop, notre homme abandonne son confort pour fuir dans l'extrados, cette zone louche où vivent tous les marginaux de la ville-sphère qu'est Narcose. Anton fuit dans la foule bigarrée, croisant des personnages étranges, aux plastitêtes d'animaux, aux plastiorganes en excroissance, bref toute une foule incroyable que l'on croirait sorti d'un imaginaire cyberpunk imaginé par Lewis Caroll. Il reste une option à Anton pour disparaître aux yeux de la justice : changer de corps. Mais si cela est facile, il semble moins évident d'éviter les poursuivant plus interlopes qui en veulent à la vie d'Anton Orosco. Heureusement pour lui, dans sa fuite, Anton croisera la route de Célia qui l'emmènera de l'autre côté du miroir.
L'histoire de "Narcose" part régulièrement dans tous les sens, entre réalité et délire, et je dois bien avouer parfois m'y être parfois un peu perdu. Mais c'est le genre de récit où il faut abandonner la raison et se laisser aller à l'onirisme, se détacher du monde et se laisser couler dans le texte et dans le délire. Une fois cela accepté, on peut profiter, se laisser bousculer et balloter à gauche et à droite pour s'échouer en des lieux incertains, voir inconsistants.
L'imaginaire débridé de Jacques Barbéri offre un univers décalé mais néanmoins maîtrisé jouant sur les codes de la SF et du roman noir. Le monde de "Narcose" n'est jamais très loin des mondes truqués de P.K. Dick. Ce que l'on vit est-il bien la réalité ? Où s'arrête celle-ci ? Où commence le rêve ? Et qu'est-ce qui tient du rêve ou de la réalité ? Est-ce que la réalité a plusieurs dimensions ou une seule ? Qu'est-ce qui tient du réel, du virtuel ou du délire de drogué ? Tant de questions pour autant de réponses ? Et l'histoire se glisse quelque part au milieu de tout cela.
Pour ce qui est du décorum de "Narcose", Jacques Barbéri nous fournit quelque chose que l'on croirait sorti du cerveau délirant de Lewis Caroll. Un futur déglingué que Terry Gilliam ne reniera pas. Des gars avec des têtes d'animaux coller sur le crâne avec des pressions, des organes greffés en plus, un environnement futuriste foutraque dans lequel vit une faune des plus étrange.
Jacques Barbéri offre également une langue savoureuse. Son récit lui-même est porté par un rythme endiablé et parfois syncopé. Lorsqu'il nous perd dans le rêve, on s'accroche au fil de la langue et l'on poursuit ainsi le récit avec un plaisir certain pour émerger d'un cauchemar hallucinant quelques pages plus loin.
Bref, vous voilà prévenu Jacques Barbéri offre un monde de chimères, de mutations, de cybermachins, de rêve et de cauchemars. Un truc complétement décalé par rapport à ce que l'on lit habituellement tout en jouant sur certains codes de genre. "Narcose" est un roman réellement enthousiasmant et qui vous emmène ailleurs le temps d'un bref roman exaltant.
"Narcose" - Jacques Barbéri
Reviewed by Julien le Naufragé
on
mardi, mars 03, 2015
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