Mis à part "La fille automate", je n'ai lu qu'un autre texte de Paolo Bacigalupi : "L'alchimiste de Khaim". Le premier roman était une belle claque dans le genre SF par son côté technologique et exotique. Le deuxième une bonne novella. Et qu'en est-il de "La fille flûte" ? Hé bien, une belle claque encore. Des textes de SF de haute volée, bien écrits, variés et qui poussent à la réflexion. Bref, ce la SF comme je l'aime !! Paolo Bacigalupi est décidément un auteur à garder à l'oeil !!
A propos de Paolo Bacigalupi
Paolo Bacigalupi est un auteur de SF américaine de la nouvelle génération né en 1972. Avec encore peu de livres à son actif, tant des romans pour adultes que pour la jeunesse, Paolo Bacigalupi montre déjà une maîtrise tant du récit que des thématiques qu'il aborde. Avec seulement cinq romans publiés (en anglais dont quatre en français), l'auteur accumule déjà pas mal de prix prestigieux dans le genre. Ainsi "La fille automate" avait reçu le Prix Hugo, le Prix Nebula, le Prix Locus, le Prix John Wood Campbell Memorial, alors que chez nous il recevait le Prix Planète SF des blogueurs, le Grand Prix de l'Imaginaire et le Prix Bob Morane. "Ferrailleurs des mers" recevait lui, le Prix Locus pour la Jeunesse. Mais pour ne pas s'arrêter en si bon chemin, deux textes de ce recueil ont également été primés, "L'homme des calories" du Prix Theodore Sturgeon et "La pompe six" du Prix Locus de la meilleure nouvelle longue.
Joli palmarès, beaucoup de prix, mais est-ce que cela les vaut ? Moi je dis oui, oui et oui ! Et si vous êtes lecteur de ce blog, vous aurez déjà pu voir passer deux chroniques de livres de Paolo Bacigalupi, dont une très très enthousiaste de "La fille automate".
Mon avis sur "La fille flûte et autres fragments de futurs brisés"
Le recueil ouvre sur "La fille-flûte". Imaginez notre monde retourner à la féodalité tout en gardant la technologie. Celle-ci sert par exemple à modifier des êtres soumis, devenus des êtres objets comme ses femmes-objets, ses filles-flûtes devenus objets d'art, de convoitise et de luxure.
"Peuple de sable et de poussière" nous balance encore dans un futur noir. Dans cet avenir que l'on ne souhaite pas, l'homme à détruit son environnement et pour y survivre il a muté, est génétiquement modifié à tel point qu'il arrive à se nourrir de sable et peut faire repousser des parties détruites de son corps. Dans cette folie noire, un groupe de gardes d'une mine vont croiser la route d'un drôle d'être tout simplement et fragilement biologique : un chien. Juste le temps pour eux de se poser quelques questions.
"Du dharma plein les poches" nous fait suivre les aventures d'un jeune mendiant. Assistant à un assassinat. Le voilà sommé de livrer un cube mémoriel à une personne. Seulement d'autres personnes souhaitent ce cube. Mais que contient ce cube ? Un bon texte qui nous emmène encore dans une destination exotique et futuriste.
"Le pasho" est un beau récit également. Un homme ayant quitté son village pour devenir Pasho à la ville revient au village. Il y rencontre son grand-père, ce vieux guerrier, gardien des tradition qui a rasé la ville jadis, ce lieu peu respectueux des traditions. La relation entre ce petit-fils, devenu Pasho, n'est pas évidente car celui-ci a choisi de devenir un gardien du savoir scientifique antique que la tradition a tenté de faire disparaître jadis. Un récit qui résonne avec l'actualité. Un récit qui évite un certain manichéisme. Un très bon récit une fois de plus.
"L'homme des calories" est pour l'un des meilleurs, voir le meilleur récit du livre. Il a d'ailleurs reçu le Prix Theodore Sturgeon. Notre futur, l'environnement bousillé et les seuls aliments disponibles sont des OGM aux mains des transnationales. Notre personnage central est engagé à remonter le fleuve, il a pour mission de ramener discrètement un généticien rebelle qui pourrait changer la donne en craquant le code des OGM... Redevenir autonome et indépendant des transnationales, un rêve réalisable ? Un excellent texte quoi que amer mais qui pousse férocement à la réflexion. J'adore.
"Le chasseur de tamaris" est aussi un texte amer. L'eau est devenue une denrée rare, alors des hommes sont payer pour arracher des tamaris, ces arbustes qui pompent tant d'eau. Notre personnage central a une combine pour garder son revenu entier... jusqu'au jour où il pense avoir été démasqué. Une fin amer sur le contrôle de l'accès à l'eau. Une réflexion sur la privatisation de l'eau qui est déjà horriblement une réalité à beaucoup d'endroit.
Dans "Groupe d'intervention", l'homme à accéder à l'immortalité par un traitement médical. Sauf que pour réguler la population, la reproduction est désormais interdite. Alors pour lutter contre ces fraudeurs qui font des enfants en cachette, il faut faire intervenir un groupe d'intervention pour liquider les enfants et envoyer ces mères en internement. Un texte noir, noir, noir qui prend aux tripes.
"Le Yellow card" nous ramène dans le monde de "La fille automate". On y suit un pauvre type qui a tout perdu. Autrefois grand patron, ce vieil homme n'est plus qu'un être misérable de la rue. Au travers de ses déambulations, de sa vie de survie, notre homme croisera un ancien employé qui a réussi à surnager. Mais que va-t-il ressortir de cette rencontre ? Un très chouettes texte, une fois de plus noir et qui apporte le plaisir de se replonger dans le futur de "La fille automate".
"Plus doux encore" est un très court récit qui tient plus du roman noir que de la SF. Vite lu, hélas trop vite oublié mais un bon moment néanmoins.
"La pompe six" est un récit qui a reçu un Prix Locus. Dans ce récit on suit un homme qui travail au traitement des eaux usées. Notre futur est devenu tellement pollué que notre eau n'est plus utilisable sans sans aucun traitement sous risque d'intoxication sévère, d'éruptions cutanées ou pire encore. Un matin, après une altercation avec sa femme, notre homme part travailler mais la pompe six est en panne, et plutôt que de la réparer, ses collègues ont préféré jouer à se lancer du papier wc. Mais il faut réparer cette pompe pour que la ville puisse avoir de l'eau propre... Mais faut-il encore comprendre d'où vient la panne. Faut-il encore avoir les pièces. Faut-il encore que la firme existe. Un texte sur la chute de notre civilisation qui dépérit et s'abrutit par la perte de l'accès savoir, par la privatisation de toute chose et par la pollution global.
Paolo Bacigalupi nous pousse pas mal à la réflexion avec "La fille flûte et autres fragments de futurs brisés". Des thématiques récurrentes sont présentes dans ses récits. Ainsi l'auteur pousse la sonnette d'alarme sur les risques d'évolution de notre monde au travers des choix fait actuellement comme la privatisation de toute chose, tant du vivant au travers des OGM, que des autres ressources comme l'eau ou bien même l'accès au savoir. Un monde qui ne serait mû que par l'appât du profit, une civilisation qui vivrait et mourrait sur son tas de déchet plutôt que d'inverser la tendance évoluerait probablement vers un avenir sombre tel que ceux présentés ici. Mais la force de Paolo Bacigalupi, c'est de présenter ces thématiques au travers de personnages. Bacigalupi est un raconteur d'histoire avant tout, il met ainsi en avant des personnages dans des situations difficiles, mais c'est au travers de ceux-ci que l'ont vit la douleur, l'injustice, la difficulté et que in fine on réfléchira sur l'évolution qui a amené à ces situations. Paolo Bacigalupi est un excellent auteur. Un excellent raconteur d'histoire et un porteur de réflexion. Moi, j'adore !!
"La fille flûte et autres fragments de futurs brisés" - Paolo Bacigalupi
Reviewed by Julien le Naufragé
on
samedi, février 28, 2015
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