Passionné d'arts-martiaux japonais depuis gamin, cette pratique peut-être pour moi tout aussi chronophage que la lecture. J'y passe des soirées à m'entraîner, des journées aussi. Et quand je peux tomber sur un livre comme celui-ci, je me jette dessus. D'autant qu'il faut bien l'avouer : il est très réussi.
+++ La quatrième de couverture +++
Les vertus du samouraï, telles qu'elles sont immortalisées dans
le bushidô, la voie du guerrier, ont profondément imprégné la nation
japonaise, depuis les luttes de clans de l'époque féodale, où les
samouraïs pouvaient exercer leur courage inflexible dans les combats et
prouver leur détermination à vaincre, jusqu'aux attaques-suicides de la
deuxième guerre mondiale où leur code de l'honneur se cristallisa en un
héroïsme nationaliste. Mais cette recherche constante de la perfection
qui guidait les samouraïs se manifestait aussi dans leur pratique des
arts, qu'ils ont parfois durablement marqués de leur empreinte, comme
dans la cérémonie du thé, le jeu de go ou la méditation zen. Les figures
du samouraï sont multiples et bien plus riches que ne le laissent
croire les apparences, et ce livre en dévoile la réalité à travers leur
histoire qui est aussi celle du Japon, une réalité cachée derrière le
mempô, ce masque terrifiant du guerrier à cheval qui était à la fois
destiné à effrayer l'ennemi et à se dérober au regard de l'autre.
++ Mon avis ++
Gamin, j'ai pratiqué le Judo de nombreuses années. J'ai continué ce sport de combat jusque l'adolescence où j'ai souhaité pratiquer quelque chose de plus traditionnel, voir de plus complet. J'ai eu la chance de découvrir le Budo de l'école Takeda que je pratique encore aujourd'hui et qui me permet d'apprendre différents arts martiaux d'une même école traditionnelle vieille de plusieurs siècles.
Le livre ici écrit par Aude Fieschi est une étude sur le samouraï. Chevalier d'un temps passé, il est une icône du Japon d'autrefois. Pourtant, certains affirment qu'aujourd'hui encore cette détermination et ce code d'honneur se ressent dans la population japonaise. Mais je ne peux pas l'affirmer personnellement.
Le livre est découpé en plusieurs parties. Après une introduction suit un chapitre présentant le regard que portait les occidentaux sur ce qu'était le Japon et les samouraïs d'autrefois. Un regard de colonisateur, souvent imprégné de racisme d'ailleurs.
Le chapitre suivant s'attaque aux vertus du samouraï. Ces qualités qui faisaient un code de conduite pour les guerriers : le Bushido ou la "voie du guerrier". Transmis de génération en génération, il imposait des règles aux samouraïs. Un code pas toujours respecté comme l'histoire le prouvera, mais qui a également porté le Japon a des extrémités ahurissantes comme les kamikazes. Les vertus du samouraïs, portées par le bushido, sont la droiture, le courage, l'honneur, la courtoisie, la politesse, la sincérité et la loyauté (le giri). On retrouve celles-ci dans le "Hagakure", écrit par Tsuramoto Tashiro qui retranscris les préceptes de son maître Tsuramoto Jôchô (1659-1719) du clan de Saga. Un chapitre très intéressant qui recoupe plusieurs sources et qui montre que ces vertus n'ont pas toujours été suivies. Il suffit de regarder l'histoire du Japon, des guerres de clans pour voir que la loyauté ne fut pas la plus respectée des vertus.
Le chapitre 3 aborde la "féodalité japonaise", cette période qui a duré chez très longtemps, jusqu'à notre ère moderne. Le terme féodalité pourrait paraître étrange tant ce concept est très occidental mais il correspond assez bien à cette période du Japon et l'auteur le démontre assez bien. Partant de l'époque Kamakura jusqu'à l'ère Edo et celle qui suit, Aude Fieschi brosse rapidement l'histoire du Japon. On y évoque bien sur la lente évolution du statut de samouraï, les évolutions politiques, les guerres et les changements dont la prise du pouvoir par le Shogun en lieu et place de l'Empereur. Apparait inévitablement dans cette histoire le clan des Takeda, célèbre pour sa cavalerie menée par Takeda Shingen. Réputée indestructible, elle fut néanmoins défaite par Nobunaga en 1575 à Nagashino. Apparaissent ainsi, dans ce chapitre, de grands noms de l'histoire guerrière, et donc politique, du Japon : Nobunoga, Hideyoshi, Tokugawa, etc.
Le chapitre suivant, aborde les "attributs du samouraï" : le cheval, l'arc, le katana, l'armure, le mon (insigne familial), etc. Bref, on y présente le matériel du samouraï, ce que sont ses attributs extérieurs qui permettent de le reconnaître.
Le chapitre cinq parle de l'éducation du samouraï. Élevé à la dure, on lui en faisait voir avec pour seul but de l'endurcir face à la vie. L'aristocratie militaire imposait une vie difficile mais offre une éducation théorique, philosophique et militaire à ses samouraïs dans le but de former ainsi l'élite de la société japonaise. On y parle de l'influence du shintoïsme, du bouddhisme et du confucianisme, prouvant ainsi que même si le Japon se targue d'être une île jamais vaincue jusqu'à la deuxième guerre mondiale, elle a néanmoins subit de nombreuses influences philosophiques chinoises.
On termine ensuite sur la position du samouraï en temps de paix et sa lente évolution vers les temps modernes, jusqu'à l'absurdité nationaliste des kamikazes.
"Le masque du samouraï" est un très chouette livre pour qui s'intéresse au Japon du passé et plus particulièrement aux arts martiaux. Évidemment, j'ai adoré. Vite lu, car ne faisant que 275 pages, le livre d'Aude Fieschi comporte pas mal d'info sans s'éterniser inutilement sur un tas de choses. Pourtant on y retrouve beaucoup de références, tant à l'histoire qu'à des ouvrages ayant marqué le Japon. L'auteure n'hésite pas non plus à aller chercher des visions extérieures en allant chercher des visions occidentales du Japon. Bref, "Le masque du samouraï" est bien construit et très agréable à lire. Un livre que je conseille fortement.
"Le masque du samurai" - Aude Fieschi
Reviewed by Julien le Naufragé
on
samedi, octobre 25, 2014
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