Roman verbal que l'on dévore à la vitesse d'un train en marche, écoutant et recevant la logorrhée du narrateur-enquêteur avec un plaisir qu'offre un roman bien écrit.
+++ La quatrième de couverture +++
« Ferrovia file ventre à terre, suce ses rails et travées, inscrit sa trajectoire au cœur d’un paysage qui m’indiffère, installé que je suis à ma place attitrée, où méditer sur le cours de ma vie. Toutefois je disjoncte et mes idées s’égarent si bien que, durant une fraction de seconde, notre convoi s’confond pour moi avec l’image d’un fauve quand il s’élance, corps tendu dans les airs pour crever d’sa gueule écumante le cercle enflammé que présente une dompteuse, ou bien le sexe béant d’ma Regina chérie. »
Un train chargé de ce qui reste d’une piteuse humanité. Un spectre qui, deus in machina, y multiplie des meurtres annoncés à la presse… Ce fantôme sévira-t-il en toute impunité ? Ce serait sans compter sur le journaliste Zéphyrin Lux, qui se promet de lui faire rendre gorge.
++ Mon avis ++
Alain Dartevelle est une figure connue de la SFFF belge malgré qu'il soit peu connu en France. Ces derniers livres ont été publiés tant chez l'éditeur belge Murmure des Soirs que chez L'Âge d'Homme. Ce dernier éditeur possède une collection intitulée "La petite Belgique" qui est dirigée par le bien connu Jean-Baptiste Baronian (jadis éditeur chez Marabout, toujours auteur et également repreneur du siège de Thomas Owen à l'Académie royale de langue française de Belgique). Avec "La Chasse au Spectre", Alain Dartevelle reprend un texte
précédemment publié en 2000 chez la Renaissance du Livre pour le sortir
chez L'Âge d'Homme (2014).
Mais revenons à l'auteur qui ses derniers temps reprend ses livres, les retravaillent, les peaufinent pour nous offrir des textes au langage travaillé et aux récits baroques oscillant continuellement entre la SF et le fantastique. Transgenre? Peut-être et moi j'aime ça. D'autant que le phrasé est travaillé avec art. Tel un orfèvre, l'auteur soigne son langage, la rythmique des phrases comme le vocabulaire. Alain Dartevelle nous offre ainsi un récit de fantastique qui mérite qu'on lui porte attention. L'histoire elle-même est vraiment agréable à lire ! Pour ma part, je l'ai dévorée, avalant les mots et les phrases à la vitesse d'un train, tel le Ferrovia du récit qui file ventre à terre sur des railles sans fin. Dans cette cité-train, Zéphyrin Lux, personnage baroque, à la fois journaliste et beau parleur, va nous conter son récit par l'entremise dans son phrasé truculent et délicieux à souhait. Des meurtres se multiplient dans les coursives des wagons pendant que la cité-train enfile les rails et voit défilé le paysage. Le meurtrier ? Un beau salaud qui annonce ses meurtres à la presse. Et qui va enquêter sur cette sordide histoire ? Notre intrépide journaliste : Zéphyrin Lux. Et avec sa gouaille sans borne, le récit n'en est que plus agréable. Par ailleurs le final est vraiment... Excellent.
"La Chasse au Spectre" est probablement l'un des romans que j'ai préféré d'Alain Dartevelle. Le phrasé utilisé, le vocabulaire, la rythmique et la gouaille permanente en font un texte délicieux. J'ai dévoré ce court roman de 120 pages à la vitesse d'un train en marche. Et j'espère que ce roman pourra trouvé son public, sortant peut-être des rayons obscures ou sa symbolique mais sobre couverture risque de trop vite le renvoyer. Un roman que je vous invite à lire. Et chers libraires et bibliothécaire, voici un roman qui vaut le détour, pour vos rayons fantastiques ou autres.
"La chasse au spectre" - Alain Dartevelle
Reviewed by Julien le Naufragé
on
lundi, juin 16, 2014
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