Ma dernière et unique lecture de Jean-Pierre Andrevon date d'il y a
quelques années déjà. Il s'agissait de "Le travail du furet".
Aujourd'hui, avant d'aller au Imaginales 2014, je me suis penché sur une
lecture post-apocalyptique avec "Le monde enfin". Un livre résolument
misanthrope et pro-nature. Beau et mélancolique à la fois.
+++ La quatrième de couverture +++
Un
vieil homme parcourt à cheval la France, vidée de ses habitants comme
la totalité de la planète, à la suite d'une pandémie foudroyante
quarante-cinq ans plus tôt. Sur son chemin, il traverse des villes
envahies par la végétation et peuplées par des animaux sauvages, ainsi
que quelques communautés de survivants octogénaires. Au crépuscule de sa
vie, égrenant ses souvenirs, il veut une dernière fois voir la mer.
Dans ce monde désert, quelques destins se croisent : une femme cherche
désespérément à mettre un enfant au monde, l'équipage de la première
expédition avortée vers une autre étoile atterrit en catastrophe. Mais
l'existence de ces survivants n'est peut-être pas due au hasard : quel
est ce météore bleu vif que les rescapés aperçoivent parfois dans le
ciel ? Un espoir venu d'ailleurs ou le dernier signe de l'apocalypse ?
++ Mon avis ++
Depuis
sa première nouvelle pro publiée dans Fiction en 1968, Jean-Pierre
Andrevon a écrit et publié une tonne de nouvelles et de romans. Outre
son travail d'écrivain il est, ou a été, prof de dessin, journaliste,
critique de cinéma, auteur-compositeur et interprète, peintre et
réalisateur de courts-métrages. Mais c'est avec l'écriture qu'il
connaîtra le succès, notamment avec son premier livre "Les
Hommes-Machines contre Gandahar". C'est également un personnage que l'on
qualifie, à raison vu le livre ici présent, de gauchiste et d'écolo.
Et j'aim ça. "Le monde enfin", paru en 2006, montrait un retour de l'auteur vers la
science-fiction, genre qu'il délaissait au profit d'écrits thriller,
jeunesse, etc.
"Le monde enfin" est un roman
qui a démarré il y a 30 ans déjà au départ d'une nouvelle du même titre.
Aujourd'hui, l'ensemble s'est épaissi de quelques 600 pages pour fournir
ce que l'auteur appelle lui-même "son oeuvre maîtresse". Dans ce roman,
Jean-Pierre Andrevon nous compte la fin de l'homme, non pas la fin du
monde, mais bien la fin de l'humanité. Eradiqué de la surface du globe
par une maladie mortelle, l'homme a disparu complètement. Enfin presque
car il reste bien quelques survivants. Le monde débarrassé de ce cancer
écocide qu'est l'homme peut enfin laisser place à la nature. Celle-ci
reprend rapidement ses droits, tant en ville que partout ailleurs. Un
nouvel équilibre écologique se crée, les animaux reprennent possession
de l'espace et la biosphère peut à nouveau vivre. Bref, le monde ne se
porte pas plus mal depuis que l'homme n'est plus là. Bien au contraire.
Néanmoins,
quelques personnes ont survécu mais sont malheureusement devenues
stériles. Et c'est au travers de ces différents personnages que
Jean-Pierre Andrevon va nous conter son histoire. Une galerie de
personnages fort hétéroclite mais réellement touchante. Une jeune fille
ayant survécu à la mort de sa mère. Un docteur en sciences. Un
astronaute coincé dans l'espace. Un officier de l'armée rapidement cryogénisé
avant l'épidémie. Et bien d'autres. Toute une galerie de personnage qui
s'exprimera chacun à son tour et à une période différente. Entre chaque
chapitre se glisse un intermède où l'on suit un vieil homme, seul avec
son cheval, qui avance parmi cette nature luxuriante sans but ni
destination tel le dernier homme sur la terre. Ces intermèdes offrent d'ailleurs de très belles descriptions. Le beauté de la nature dans son exubérance, ses couleurs, ses sons, es odeurs, et sa diversité est
un vrai bonheur. Il y a de la poésie dans les descriptions d'Andrevon, dans
la beauté des décors et dans la lenteur contemplative de cet ouvrage.
Et cela contraste d'autant mieux avec le cynisme et la misanthropie qui
se dégage de ce livre emprunt de mélancolie douce-amer.
En
bref, "Le monde enfin" fut une excellente lecture. Le style de l'auteur
est vraiment maîtrisé et le phrasé est souvent très beau. Une certaine
lenteur découragera une partie des lecteurs mais celle-ci est de mise avec le
rythme de la nouvelle vie du monde, débarrassé de la frénésie de
l'homme. Par ailleurs, l'ouvrage est profondément écologiste et cela me touche
particulièrement. Et si le côté misanthrope d'Andrevon en rebutera plus
d'un, il reste que le livre s'il est pessimiste n'en reste pas moins
optimiste à certains égards. Révélant sans doute le pessimisme lucide de
l'auteur, mais probablement un pessimiste non-résigné qui veut fort probablement
changer les choses. Un très beau livre fortement conseillé ! J'ai adoré.
"Le monde enfin" - Jean-Pierre Andrevon
Reviewed by Julien le Naufragé
on
jeudi, mai 22, 2014
Rating:
"l'ouvrage est profondément écologiste et cela me touche particulièrement »
RépondreSupprimerJ’adore l’idée que le roman soit contemplatif, avec peu d’action, d’autant plus que ce message écologiste me touche également… Je crois que je vais placer ce livre dans ma "whislist", merci beaucoup pour cet article.
@ Escrocgriffe : Tu fais bien de le mettre dans ta wishlist. L'as-tu pris aux Imaginales ?
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