Encore une bonne lecture partagée avec le Cercle d'Atuan. Et l'occasion pour moi de redécouvrir Jack Vance dont les lectures ne m'avaient pas toujours plu. Cependant cette lecture résonne également avec la mort de l'auteur survenue durant la lecture de ce bel ouvrage. Redécouverte sous forme de plaisir en hommage à la mort de Jack Vance.
++ La quatrième de couverture ++
Le soleil se meure. Point d'explosion spectaculaire, non, juste une lumière déclinante, rougeoyante, qui semble doucement s'éteindre. Heureusement, ce n'est pas pour demain ; des éons et des éons nous séparent encore de l'inéluctable. Des civilisations entières ont le temps de prospérer et de mourir.
Comme, par exemple, celle qui a vu naître Cugel, l'astucieux voleur qui nargue les plus puissants sorciers. Mais la fois où il s'introduit chez lucounu le magicien rieur pour lui dérober un puissant artefact est peut-être celle de trop : le voilà projeté à l'autre bout du monde, sans autre moyen de transport que ses pieds...
Comme, par exemple, celle qui a vu naître Cugel, l'astucieux voleur qui nargue les plus puissants sorciers. Mais la fois où il s'introduit chez lucounu le magicien rieur pour lui dérober un puissant artefact est peut-être celle de trop : le voilà projeté à l'autre bout du monde, sans autre moyen de transport que ses pieds...
+++ Mon avis +++
"La Terre mourante, intégrale 1" (2012) se découpe en deux livres précédemment parus également chez J'ai Lu : "Un monde magique" (1978) et "Cugel l'astucieux" (1976). Le premier des deux, "Un monde magique", contient un ensemble de 7 nouvelles, alors que "Cugel l'astucieux" est un fix-up construit sur base de 8 nouvelles dont certaines furent précédemment publiées chez nous dans différents numéros de Fiction (1966).
Pour ce qui est de l'auteur, il n'est peut-être plus nécessaire de le présenter. Mort durant la lecture de ce livre, Jack Vance est l'un des derniers grands auteurs de l'âge d'or de la SF à nous quitter. Il fut un grand conteur, insufflant toujours dans ses ouvrages une haute dose d'exotisme qui lui est typique. C'est un créateur d'univers et de mondes qui aura fait rêver plus d'un lecteur. Pour ce qui est de sa bibliographie en langue française, je vous renvoie vers Noosfere. Et pour en savoir plus sur le personnage et son oeuvre, je vous renvoie vers l'excellent article "Un hommage à Jack Vance" (Jérôme Dutel) publié dans le carnet Res Futurae.
Pour ma part, je démarrais cette lecture de manière un peu septique car mes précédentes expériences avec Jack Vance furent soit bonnes ("Le language de Pao") soit mauvaises ("La Planète géante"). Mais autant vous dire de suite ce que j'ai pensé du livre : j'ai adoré. Je partais pourtant avec un à priori négatif, mais j'ai été totalement dépaysé. Le format court des textes, le côté presque vaudevillesque de certaines aventures mais certainement picaresques et un héros tel que Cugel qui est un sale type doublé d'une bonne tête à claque m'ont vraiment accroché. Bref : je me suis bien amusé. Bien sur l'écriture de Jack Vance est surtout agréable pour son exotisme, sa création des univers, des décors et des lieux d'aventures car les personnages sont tous globalement secondaires excepté le héros sans peurs et sans remords. Autrefois, je trouvais l'auteur très misogyne dans ses descriptions des femmes, mais en fait, j'ai l'impression finalement que tout personnage secondaire est juste secondaire! Néanmoins cela reste très stéréotypé, chaque genre à sa place. Le féminisme n'a pas encore fait sa place ici. Malgré cela, et connaissant déjà ce défaut par ailleurs, j'ai lu cet ensemble de nouvelles fort agréablement.
Pour ce qui est de l'univers de la Terre mourante, on est en pleine fantasy. Cependant, on évolue dans un univers annoncé comme post-apocalyptique mais où la magie existe bel et bien. Cette dernière sent bon le cliché du mage de jeux de rôle avec sa panoplie de sorts tous aussi mortels les uns que les autres. De là à savoir si l'oeuvre de Vance a influencé les créateurs du jeu Donjons & Dragons, il y a un pas que je n'oserais pas franchir mais que je serais bien tenter de faire. Les nouvelles sont également une succession d'aventures qui pourraient toutes aussi bien être des scénarios de jeu de rôle. Ce n'est pas en soi une critique, cela représente une fantasy (ou plutôt la Sword and sorcery) d'époque adaptée à la parution en pulp magazine qui étaient le format de base pour se faire publier. Cela dit, à la même époque sortait un autre classique de la fantasy au nombre de pages exactement opposé : "Le Seigneur des Anneaux" (J.R.R. Tolkien). Bref ce format de texte et sa rythmique sont assez daté mais j'apprécie encore bien de temps à autres. Et puis cela nous offre l'avantage de pouvoir poser le livre quelques jours et y retourner facilement sans être perdu par une intrigue politique complexe, chaque nouvelle étant sa propre histoire autonome.
Une fois terminé le livre, on ne peut pas dire que l'on soit tombé amoureux des personnages. Certains comme Cugel, sont juste de vrais sales types, de vils voyous sans remords prêt à n'importe quelle bassesse pour arriver à leurs fins. Néanmoins, l'humour de Jack Vance est bien présent car ironiquement, ce même Cugel se fait toujours avoir par plus malin que lui. C'est juste succulent.
Cet ensemble de nouvelles est finalement fascinant. On s'accroche malgré les défauts, on cherche à savoir ce qu'il se passera, anticipant presque les mauvais coups, espérant les bévues des personnages. L'ensemble reste inégal bien sur mais on s'accroche par l'envie d'aventure et de découvertes. Jack Vance est un bon conteur. Il a ses défauts mais je dois bien avouer que je me suis bien amusé dans cette lecture. Alors comme je ne boude pas mon plaisir, je compte bien me lire l'intégrale 2 prochainement.
+++ Mais
encore +++
Lecture effectuée dans le cadre du Cercle d'Atuan : Le Hit Parade du Cercle d'Atuan
N'hésitez pas à aller lire les avis de mes camarades de lecture.
"La terre mourante" - Jack Vance (intégrale 1)
Reviewed by Julien le Naufragé
on
mercredi, juillet 31, 2013
Rating:
Voilà un bouquin qui me tente de plus en plus ! J'ai eu un petit aperçu de l'univers de Jack Vance avec l'anthologie Chansons de la Terre Mourante, et tout le bien que tu en dis me conforte dans l'idée que c'est un bouquin à lire au moins une fois dans sa vie :)
RépondreSupprimerTu me donne envie de sortir cugel de ma PAL
RépondreSupprimer@ Ptitetrolle : Je compte me lire le tome 2 de "La terre mourante" et puis je me lancerai sans doute sur cette anthologie en honneur à Jack Vance. Bonne lecture et merci de ton passage.
RépondreSupprimer@ Archibald : Si tu as ça, lis-le. A savoir néanmoins que la traduction est révisée sur la version J'ai lu actuelle.
Un bon petit coup de coeur sur Cugel pour ma part ! Une lecture fraîche et divertissante, vraiment bien foutue !
RépondreSupprimer@ Lorhkan : Moi aussi finalement malgré les défauts, je m'y suis beaucoup amusé.
RépondreSupprimerAh ben je vois que cette lecture du Cercle a eu son petit succès.
RépondreSupprimerEt que tout le monde finalement aime bien Cugel ^^
Je pense qu'en fait le côté mysogyne que l'on peut percevoir est totalment assumé. Cela colle bien aux personnages et comme tu le dis, les personnages secondaires sont tous très peu développés.
Faudrait que je me motive à lire le 2è tome.
@ J.a.e._Lou (Rêve général) : En même temps, l'auteur vient d'une période où l'homme était encore fort misogyne.
RépondreSupprimerJe dois aussi me mettre à lire le tome 2 un jour prochain.
En plus du fait que c'est l'époque qui veut ça, la misogynie est supportable dans ce texte parce qu'on sent pas forcément l'auteur derrière. Cugel est un odieux personnage, mais il a son indépendance, c'est pas une émanation de la pensée de l'auteur, du coup ça passe bien (c'en est même drôle ^^)
RépondreSupprimer@ Vert : Vance avait coutume de dire que son oeuvre et ses livres n'étaient pas lui (si je suis juste?). Il différenciait complètement l'oeuvre de l'auteur. Pour lui il ne fallait pas voir de liens entre les deux, que ces personnages soient une projection de lui-même.
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