Alain Dartevelle est un auteur que l'on rattache généralement à la sphère SF. Pourtant, il est peu, voir plus, édité dans ce milieu-là. Pour ma part, je l'ai découvert il y a peu au travers de "Narconews" Ce qui m'a donné envie de le rencontrer et de lire cet ouvrage édité par Murmure des Soirs.
++ La quatrième de couverture ++
Nous voici sur l’Astre des Délices, où le Vicaire général Omar Wangata a pour mission de prôner la religion de la Grande Béance au peuple des Sylvains – des êtres hybrides, aux sabots de cervidés et à l’anatomie partiellement végétale…
Au fil des observations et anecdotes du prédicateur se succèdent des saynètes tragiques ou cruellement drôles, où ressortent les figures attachantes de Sylvains révoltés ou soumis. Telle Marjo, fille-fleur livrée aux convictions et fantasmes complexes d’Omar, pour une véritable descente aux enfers…
Catéchisme du vide, Au nom du néant consacre, sur fond de bonne conscience, les effets mortifères des vérités importées, autant qu’imposées.
+++ Mon avis +++
Petite maison d'édition belge, Murmures des Soirs adopte pour ligne le choix d'éditer uniquement des auteurs belges et de l'inédit.C'est au travers d'un tea-time organisé par la Bibliothèque des Littératures d'Aventures (BiLA) que j'ai pu en apprendre un peu plus sur la maison d'édition ainsi que ses auteurs. Cela m'a donné l'occasion de rencontrer Alain Dartevelle, auteur bien sympathique à la plume efficace.
Suite à ma lecture de "Narconews", j'avais envie de lire un autre livre de l'auteur. J'ai donc opté pour "Au nom du néant" qu'il m'a bien gentiment dédicacé d'ailleurs. Longue nouvelle, novella ou court roman, cet ouvrage n'est pas juste un texte. C'est aussi un travail littéraire illustré par le dessinateur qu'est Marc Sevrin, par ailleurs professeur de bandes-dessinées à Saint-Luc, Bruxelles.
"Au nom du néant" nous conte en un peu plus de 80 pages, notre histoire coloniale revisitée. Plus précisément, celle de l'évangélisation des terres barbares, que nous en bon européens imbus de nous-mêmes, avons colonisé, évangélisé, pillé et saccagé. Au travers d'un planet opera, Alain Dartevelle, nous amène à suivre un prédicateur, Omar. Envoyé en planète étrangère, ce brave homme est chargé par son clergé d'amener la bonne parole auprès de ces êtres-plantes. Mais ces convictions tiendront-elles face aux désirs qu'éveillent en lui la fille-fleur Marjo. Se laissant allé à ces fantasmes, avilissant ainsi cet être du terrain conquis, Omar ira de ses états d'âme dans ses écrits. Alain Dartevelle profite de l'occasion pour dresser un portrait misogyne du clergé, du monde des religions, mais également de l'homme tel qu'il est. Ce même être destructeur qui doit labourer terres et femmes, pour planter en son sein la soit disant graine du développement et sortir ce monde de la barbarie.
Emporté par une belle plume et soutenu par une narration efficace, Alain Dartevelle distille avec efficacité un regard acerbe, drôle et tragique sur notre passé colonialiste. Le jeu de l'imaginaire, l'utilisation de la science-fiction même, offre un terrain de jeu littéraire inégalé pour ce genre d'idées. Alain Dartevelle nous montre une fois de plus que la SF peut être belle, bien écrite et porteuse de réflexions. De plus elle est portée par un dessin sombre, tout en dégradés de noir, qui illustrent très bien ce texte. Bref, une excellente novella qui a pour défauts son triste choix graphique (couverture) dans une ère actuelle où l'on sait qu'il est difficile de se faire remarquer sur une table de librairie, et son prix élevé, triste réalité des petits éditeurs. Mais tant qu'à choisir, autant y mettre le prix, la qualité y est, le travail éditorial existe bien derrière et en cela fait vivre ce nouvel éditeur belge qu'est Murmures des Soirs. Je compte bien encore découvrir d'autres livres de l'éditeur.
A lire ici un extrait du roman.
A lire ici un extrait du roman.
"Au nom du néant" - Alain Dartevelle
Reviewed by Julien le Naufragé
on
mercredi, avril 24, 2013
Rating:
"Au nom du néant" m'a (beaucoup) plus plu que "Narconews" mais j'avoue que quelques mois après la lecture, il ne me reste plus rien de ce livre. Je suis cependant d'accord avec ta conclusion (quitte à payer 17€ pour un livre, autant que ce soit un livre de qualité édité par un petit éditeur à la ligne éditoriale intéressante) mais je dois avouer que ce n'est pas ce livre-ci que je recommanderai pour ce genre d'achat. Dommage... Il n'en reste pas moins que je serais curieuse de lire autre chose de l'éditeur. Mais je ne l'ai jamais croisé en librairie (de toute manière, je ne pourrais pas m'offrir ses livres malheureusement).
RépondreSupprimer@ Cachou : Pourtant le roman me reste un bon souvenir, d'autant que je l'avais lu en décembre. Donc ça date un peu (oui j'ai beaucoup de retard en chroniques!). Pour l'éditeur, chez nous on peut encore le trouver pas trop difficilement, du moins là où je traîne. Peut-être aussi parce que l'éditeur est de la région et peu donc faire la tournée des librairies plus facilement.
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