Voici un livre de SF que plus d'un considère comme un classique. Après l'avoir lu, je comprends mieux. Il y a un style d'écriture agréable et une atmosphère vraiment prenante.
++ La quatrième de couverture ++
Des Visiteurs sont venus sur Terre. Sortis d'on ne sait où, ils sont
repartis sans crier gare. Dans la Zone qu'ils ont occupée pendant des
années sans jamais correspondre avec les hommes, ils ont laissé traîner
des objets de toutes sortes. Objets-pièges. Objets-bombes.
Objets-miracles. Objets que les stalkers viennent piller au risque de
leur vie, comme une bande de fourmis coloniserait sans rien y comprendre
les détritus abandonnés par des pique-niqueurs au bord d'un chemin.
+++ Mon avis +++
Redrick Shouhart est un stalker. C'est son métier mais c'est ce qui qualifie aussi son être de contrebandier. Son boulot? Entrer dans la Zone, cet espace occupé jadis par les extra-terrestres, ceux qui sont venus, se sont installés et son partis, continuant ainsi leur route sans prendre compte des humains, incompréhensibles pour eux tout comme les insectes le serait pour nous. Leur venue ne serait-elle qu'un pique-nique au bord du chemin? Fort probablement, et toujours est-il que cela rend l'homme bien moins grand et imposant qu'il ne semble le croire du haut de sa soi-disant intelligence. Pour gagner sa croûte Redrick Shouhart, comme d'autre transgresse la loi et parcourt la Zone pour récupérer tous ces objets étranges que ces extra-terrestres nous ont laissé. A quoi servent ceux-ci abandonnés en chemin, ces "miettes" technologiques, ces choses merveilleuses qui peuvent apporter une énergie phénoménale tout comme vous tuer d'une manière ou d'une autre. Pour l'homme, si intelligent soit-il, rien n'est compréhensible. Il peut juste utiliser cette technologie et l'incorporer dans sa vie courante. Pour d'autre, c'est juste un business comme un autre, une contrebande juteuse.
Le style utilisé par les frères Strougatski est très fluide malgré le rythme général peu énergique et peu aventureux. Il y règne une atmosphère lourde, presque post-apocalyptique (et ça des années avant l'explosion de Tchernobyl). Une ambiance poisseuse qui rappelle le roman noir. Le tout concoure à donner à ce livre un je-ne-sais-quoi de particulier, que je n'arrive pas à identifier et qui paraît d'autant plus intéressant que l'on sait que ce livre est sorti en 1972, en plein contexte de guerre froide et d'isolement soviétique. Faut-il y lire l'incompréhension de l'homme face à l'extraterrestre comme l'homme face aux autres hommes? Que les décalages entre les uns et les autres les rendent parfois incapable de communiquer correctement? C'est peut-être une manière de voir les choses, mais ce que j'aime y voir, c'est que l'homme, si intelligent qu'il pense être, pourrait très bien n'être qu'un insecte stupide et inutile pour des êtres venus d'ailleurs. En cela, il contrebalance le côté très colonialiste que l'on peut trouver en SF, surtout dans le space opera, encore plus dans le space opera d'origine étasunienne. Et je rajouterais que ce roman, ce petit classique, je le rapprocherais l'oeuvre récente du Cubain Yoss avec son "Planète à louer". Inversion de tendance créée par des auteurs soumis à l'isolement et à la censure.
Bref, je ne dis rien de mieux ni de plus que d'autres n'ont déjà pu dire sur ce roman. Voir même y vois-je moins que d'autres. Mais ce roman m'a donné le goût des Strougatski et il est fort probable que je retourne dans leur oeuvre. Voir que je regarde l'adaptation réalisée par Tarkovski. Et sinon, ais-je signaler que ce roman est vraiment excellent?
+++ Mais encore +++
Première lecture pour ce Challenge SF venue de l'est.
Il s'agit de mon 14ème livre lu dans le cadre du Challenge Chef d'oeuvre de la SFFF.
SF : 8/9 , Fantasy : 5/7, Fantastique : 1/2
Toutes les chroniques de ce challenge
Mon billet de participation.
Le Billet de présentation du Challenge
+++ Le livre +++
- Broché: 240 pages
- Editeur : Denoël (9 avril 2010)
- Collection : Lunes d'encre
"Stalker" - Arkadi et Boris Strougatski
Reviewed by Julien le Naufragé
on
dimanche, mars 10, 2013
Rating:
Merci à toi pour cette chronique :)
RépondreSupprimerhé, hé, je l'ai chroniqué il y a peu également.
RépondreSupprimerJ'ai bien aimé également, mais j'avais un attachement de base avec le jeu vidéo.
En tout cas, tu donnes envie de le lire. ^^
Bien sûr, si tu as pu voir et si tu as apprécié l'adaptation de Solaris par Tarkowski, tu apprécieras Stalker, qui a pris une amertume particulière depuis Tchernobyl...
RépondreSupprimerTarkowski ne s'y trompait pas : comme dans Solaris de Stanislas Lem, l'homme est détrôné de son espace anthropocentré. De belles leçons d'humilité.
@ Guillaume : Tout le plaisir fut pour moi. Belle découverte.
RépondreSupprimer@ Thom : Je connaissais pas le jeu, mais j'ai vu que ça existait. Le film m'intéresse. Merci pour le compliment.
@ Marcel : Je n'ai vu ni l'un ni l'autre, mais cela me donne encre plu envie de trouver cela. c'est déjà toi qui m'y avait fait pensé sur ma chronique de "Solaris".
Je me souviens avoir eu du mal avec le style d'écriture, même si le fond est intéressant.
RépondreSupprimer@ Lorhkan : L'as-tu lu en okkaz ou en version actuelle? Il semble y avoir une grosse différence dans la traduction.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerAh ! Stalker. Il y aurait beaucoup de choses à dire. En tout cas, je suis un grand fan.
Dans la liste de mes œuvres préférées, Stalker tient une place très importante, à un tel point, que j’ai joué aux 3 jeux PC qui se déroulent dans cet univers, et bien sûr, j’ai lu également le livre, qui m’a tout de même moins marqué que le film. Parlons-en du film de Tarkovski : (version DVD Agnès B. je précise, car la qualité diverge d’une série à l’autre.) L’atmosphère et les images sont époustouflantes. Je garde précieusement ce film ; tel le Saint Graal, bien rangé à côté de 2001 l’Odyssée de l’Espace.
Cordialement
A.D.O