"Dreamericana" - Fabrice Colin

A force d'en lire du bien de ce livre, après avoir lu Fabrice Colin avec plaisir, et après m'être également fait conseiller ce livre dans l'un ou l'autre commentaire sur mon blog, je me suis enfin lancé dans cette lecture...

++ La quatrième de couverture ++

Écrivain de renom, Hades Shufflin est fauteur d'une immense fresque à succès consacrée à un XIXe siècle alternatif. Mais en cette année 2012, alors que son nouvel opus est attendu de tous (Stanley Kubrick, qui en a acheté les droits, s'impatiente et effectue déjà les premiers repérages), Shufflin peine à retrouver l'inspiration qui ne lui a jamais fait défaut. Se sentant épié, menacé, il s'avère incapable d'écrire la moindre ligne ; or le roman en devenir représente un jalon crucial dans sa carrière. Il doit en effet mettre en scène le dénouement apocalyptique d'une partie d'échecs cosmique que se livrent les Gardiens et les Voyageurs, deux entités immémoriales qui ont façonné l'Univers selon leurs désirs.
Tandis que cette impasse créative se révèle pour l'écrivain l'occasion de s'interroger sur ses amours, ses errances et les zones d'ombre de son existence, son environnement semble peu à peu se transformer, perdre de son vernis de réalité pour acquérir une nouvelle dimension. Et si le conflit opposant Gardiens et Voyageurs se jouait à plus grande échelle et dépassait les frontières de la fiction ? Et si Hades Shufflin n'était plus maître de son propre esprit... ou ne l'avait jamais été ?


+++ Mon avis +++

Ce livre est étrange. C'est tout à la fois une expérience littéraire qu'un livre d'aventure. Le roman commence comme une expérience car on commence à suivre Hades Shufflin, auteur mondialement connu qui vit de son succès littéraire. Celui-ci, s'est construit sur une longue série de romans de SF, aventures steampunks qui marchent à crever. Seulement voilà, Hades n'a plu le souffle nécessaire pour écrire la suite alors que derrière lui, la maison d'édition met la pression et que Stanley Kubrick attend de ses news pour l'adaptation cinématographique.

Entrecoupé avec le récit de Hades, on retrouve des extraits de chroniques de livres présentant l'oeuvre d'Hades Shufflin, le Cycle d'Antiterra, nous invitant doucement à nous plonger dans sa série de romans, de connaître cet univers autant qu'un résumé peut nous l'offrir. S'insèrent également quelques dessins qui seraient des croquis pris par ce même auteur, mais également une interview de Shufflin, sans oublier le travail en court avec Stanley Kubrick, le réalisateur avec qui il travaille pour adapter un de ses romans... Bref, cela va dans plusieurs directions sans vraiment nous insérer dans une aventure globale jusque là. La seule chose qui donne un fil réel dans ce bric à brac, c'est le délire Dickien d'Hades Shufflin. Il se sent observé, suivi, traqué, tout comme si quelque force obscure issue de l'un de ses romans avait pris forme pour le pourchasser.

Jusqu'au jour où sa vie bascule dans le roman "Dreamericana", page 173. Hades Shufflin se voit incorporer le corps d'Erik Suncliff, le héros des aventures que l'auteur a créé. Son cycle d'Antiterra, succès mondial... Prenant lieu et place d'Erik, Hades replace donc cette personnalité dans le corps de Suncliff et se voit catapulter dans une aventure dont il ne connait pas encore la suite. L'univers en lui-même est steampunk. Machines à vapeurs, technologie de pointe mais retro-futuriste qu'un Jules Vernes aurait surement appréciée. On plonge dès lors dans un roman d'aventure à l'esthétique merveilleuse, presque un roman d'espionnage où des êtres venus d'un autre temps, les Voyageurs et les Gardiens, se battent. Antiterra est devenu le lieu, ou plutôt le temps, de la lutte des Gardiens contre les Voyageurs qui tentent de remonter le temps jusqu'à la création de toutes choses. Dans cette lutte cosmique, différents personnages d'Antittera sont instrumentalisés par chacun des camps afin d’aboutir à la victoire.

Il y a un basculement étrange entre la première partie du livre, purement prise de tête et délire d'un auteur victime de son succès. Une différence entre les expériences littéraires mises en place par Fabrice Colin, et la deuxième partie qui est le roman dans le roman, la vraie histoire de "Dreamericana". Ce basculement est étrange mais en même temps très intéressant.  Le ton n'est plus le même. Il y a beaucoup plus d'humour dans cette deuxième partie, plus d'aventures, le rythme est continu et bien sur l'univers général est totalement différent car complètement steampunk.

Ce roman est donc assez déroutant et j'ai beaucoup apprécié ce jeu littéraire au début du livre, le basculement de réalité à un moment donné, le changement d'univers et l'aventure pour l'aventure. D'autant que Fabrice Colin écrit plutôt bien et nous emmène facilement dans son univers. Bref j'ai été conquis par l'ensemble de cette aventure, tant littéraire que SF. Même si je dois bien avoué avoir trouvé quelques coups de mous par moment, mais je n'arrive pas trop à identifier ni quoi, ni où. Toujours est-il que j'ai lu ce livre plutôt avidement du début à la fin. Et pour le peu que j'ai lu actuellement de Fabrice Colin, je dois bien avouer que "Dreamericana" est un bon roman. On louerait d'autres romans pour moins que ça!


+++ Mais encore +++
Cinquième lecture pour le Winter Time Travel challenge saison 3.
 


"Dreamericana" - Fabrice Colin "Dreamericana" - Fabrice Colin Reviewed by Julien le Naufragé on lundi, mars 18, 2013 Rating: 5

10 commentaires:

  1. Une excellente surprise en ce qui me concerne aussi.

    RépondreSupprimer
  2. Ah, je ne connais pas, mais je prends bonne note d'ajouter ça sur ma liste de lecture

    RépondreSupprimer
  3. C'est mon petit batonnet de Colin préféré, parce que j'adore Kubrick. Le croisement de ces intelligences : on y croit. Malheureusement, Fabrice Colin n'écrira pas (et jamais ) le script du prochain Kubrick, mais rien que le gargouills de bonheur d'imaginer Kubrick filmant du Cyberpunk vaut la peine d'être évoqué.
    Ensuite, l'aspect romance est très touchant, et m' aussi rappelé Dick et ses nombreuses égéries aux cheveux noirs.

    RépondreSupprimer
  4. Alors ça, ça me semble plutôt original !
    Je le note dans un coin, ce que tu en dis et son contenu m'intriguent au plus haut point !

    RépondreSupprimer
  5. Je suis passés complètement à côté pour ma part, pas réussi à entrer dedans et pas réussi à le comprendre en fait, ce qui m'avait beaucoup déçue car j'aime beaucoup Fabrice Colin.

    RépondreSupprimer
  6. @ Efelle : Je m'attendais pas à ce switch de l'oeuvre dans l'oeuvre, même si le passage de l'un dans l'autre m'a paru un peu hard.

    @ Sombrefeline : Bonne idée

    @ Marcel Trucmuche : Je pense que c'est toi qui me le conseillais. ;-) Mais hélas tu ne verras pas Kubrick écrire le prochain Colin, ou est-ce l'inverse? ;-)

    @ Lorhkan : C'est original dans la construction et cela en vaut le détour. Pour l'histoire elle-même cela l'est un peu moins, mais c'es un joli travail!

    @ Endea : C'est particulier. Il faut entrer dedans. Le switch m'a paru un peu difficile mais une fois dedans, c'est très plaisant.

    RépondreSupprimer
  7. Mon bon naufragé, bien qu'aucun homme ne soit une île, tu te le conseillâs par toi-même, puisque tu annonçais ici :

    http://naufragesvolontaires.blogspot.fr/2011/10/comme-des-fantomes-fabrice-colin.html

    qu'il serait bien le prochain de ta liste de Colineries ! (Bon, d'accord, j'ai peut-être aidé à pousser le bouchon, héhé).

    RépondreSupprimer
  8. @ Marcel : Fantastique, mais j'ai bien du trouver cette soudaine inspiration quelque part... Peut-être à cause de l'un des précédents challenges uchroniques.

    RépondreSupprimer
  9. J'adore les histoires imbriquées, celle-ci m'a l'air bien conçue! Et dès que j'ai vu le mot steam ça a fait tilt, IL ME LE FAUT!
    Merci pour la découverte!

    RépondreSupprimer
  10. @ Cvrin : Tu verras, c'est une sympathique découverte. Il faut juste accepté au début d'être balloté un petit peu.

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Concours

Fourni par Blogger.