Poul Anderson est un auteur dont j'avais lu avec plaisir l'une ou l'autre nouvelles dans un vieux recueils ou l'autre achetés d'occasion il y a quelques années. "Le chant du barde" était donc une bonne occasion pour me remettre à lire des textes de cet auteur dans un format que j'apprécie : la nouvelle.
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Quatrième de couverture ++
Une révolution conduite par un personnage de chanson dans une Amérique totalitaire... Des naufragés cosmiques attendant le salut en provenance d'une Terre mère
dont le souvenir même est hypothétique... Jupiter, monde hostile entre tous, conquis par l'avatar d'un paralytique... Les héritiers d'un empire déchu qui se réapproprient le plus horrible des crimes... Explorateurs, guerriers mais aussi poètes, détectives et joueurs, les héros de Poul Anderson redécouvrent les mythes fondateurs de l'humanité à mesure qu'ils peuplent le cosmos de leurs, enfants et de leurs rêves : de l'archétype de Sheriock Holmes à un centaure de synthèse, dé la réincarnation d'Orphée à un nouvel Ubik, c'est toute une fresque de merveilles et de cauchemars qui attend ici le lecteur.
+++ Mon
avis +++
Pour ma part, j'ai lu ce recueil dans sa version de chez Le Bélial. Cadeau d'anniversaire et une belle pièce qui plus est. Sans oublier que c'est une petite brique tout de même : 600 pages. Niveau contenu on est bien servi : 9 nouvelles donc 6 Prix Hugo et 3 Prix Nebula. Bref, de la nouvelle de qualité. Ce qui n'empêche pas que certains textes m'ont plus touchés que d'autres... Ceci dit, les lecteurs à faible revenu seront heureux d'apprendre que le Livre de Poche vient d'éditer ce recueil au format de poche (sortie le 12 septembre). Néanmoins, je tiens à mettre en avant et à applaudir le travail de ces maisons d'édition, comme Le Bélial, qui sorte certains textes du passé, les retraduisent, les assemblent pour les mettre à nouveau (ou enfin?) en avant. Un travail malheureusement trop peu remarqué. Un travail à soutenir.
Poul Anderson fait partie de ces auteurs à mauvaise réputation. Déjà il vient des USA et tout comme d'autres de ces confrères, il peut avoir une idéologie difficile à suivre bien que très portée sur la liberté. S'il peut être porté sur la droite du champ politique, il reste néanmoins très humaniste dans ces textes comme le prouveront ceux qui suivent.
Le premier texte, "Sam Hall", m'a directement rappelé une chanson de Johnny Cash, titre néanmoins traditionnel aux USA. Poul Anderson écrit ce texte en 1953 après une visite du MIT et la découverte du potentiel incroyable des ordinateur. A la fois fasciné et effrayé, il produit ce texte en imaginant le fichage et le contrôle futur qu'exerceront les ordinateurs sur nos vies. Thornberg, responsable du fichage des citoyens dans un monde futur, crée le personnage de Sam Hall. Celui-ci finit, à force d'être chargé de méfaits, par devenir l'ennemi public numéro 1. L'auteur se porte donc ici en défenseur de la liberté contre le contrôle excessif. Le texte est assez classique dans le genre mais il reste néanmoins très chouette et réussi diablement bien à nous faire réfléchir, tout en jouant avec un vieux titre américain.
Dans "Jupiter et les centaures", derrière un background dépassé et très pulp des années 50, se cache un texte agréable qui prend pour contexte la colonisation de Jupiter. Afin d'y créer l'intelligence, l'homme a créé un être synthétique, sorte de centaure, pour prendre place sur la planète. Le premier à s'installer n'est actuellement qu'un avatar, piloté à distance comme dans le film éponyme de James Cameron afin d'explorer et découvrir cette planète hostile. Mais Anglesey, coincé par sa chaise roulante et son amertume prendra de plus en plus de plaisir à être dans cet être.
"Long cours" est le texte qui a valu le premix Prix Hugo à Anderson en 1961. Sur un monde éloigné vient de sa crasher un vaisseau spatial. Nos naufragés vont devoir survivre et se confronter aux autochtones. Une occasion d'aller à la rencontre de l'autre qui n'est pas sans surprise ni sans rivalités de pouvoir. On y retrouve une certaine ode, typiquement américaine, envers cet esprit pionnier et entreprenant capable de faire face à toutes les situations. Un texte bien écrit, aventureux et prenant.
En 1964, Poul Anderson publiera "Pas de trèves pour les rois", texte qui lui vaudra son deuxième Prix Hugo. Ce texte est à la base de la polémique qui a touché l'auteur. Dans un futur post-apocalyptique, les hommes sont à nouveau enlisés dans une guerre qui ressemble à la guerre de Sécession. Face à une forme d'impérialisme sournois, des hommes armés formeront une contre-révolution. Pris dans ce tiraillement, une famille sera mise en tension et des idéaux malmenés. Un texte taxé de "réactionnaire" à l'époque (sans doute le côté contre-révolutionnaire du texte), mais qui a des teintes bien pus subtiles que cela : le contrôle insidieux du gouvernement, le côté pacifiste de ces révolutionnaires, etc.
"Le partage de la chair", qui gagne son Prix Hugo en 1969, reprend le thème de l'après la chute d'un empire. Les hommes, ayant récupérés la technologie, repartent à la découverte des colonies. Pour finalement tomber sur cette planète... qui a sombrer dans le cannibalisme. Cette pratique étant devenu indispensable sur ce monde pour le développement des jeunes hommes. Face à la mort de son mari, l'une des chercheuses cherchera vengeance selon le code d'honneur lié à sa civilisation. Mais au final, c'est sur le chemin de la compréhension entre les peuples qu'elle sera amenée.
"Destins en chaîne" est un jeu d'écriture assez amusant qui pourrait presque être un texte de P.K. Dick. Sympathique.
"La Reine de l'Air et des Ténèbres" a reçu pour sa part le Prix Nebula et le Prix Hugo, respectivement en 1971 et 1972. Il s'agit probablement du texte le plus fantasy de l'ensemble, cependant il s'agit bien d'un planet opera. Des colons d'une planète sauvage se retrouve face à des disparitions d'enfants. Pour leur venir en aide, le détective Sherrinford (qui n'est pas sans en rappeler un autre) viendra leur porter aide. Une nouvelle bien sympathique, bien ficelée, entourée de mythologie et qui se laisse lire avec un grand plaisir. On est probablement ici dans les grandes nouvelles d'Anderson.
"Le Chant du Barde", nouvelle qui donne son nom au recueil, a reçu le Prix Nebula en 1972 et le Hugo en 1973. Texte plutôt lyrique car entrecoupé de chants (ou poèmes) qui reprend le mythe d'Orphée mais de manière science-fictive avec comme dieu un super-ordinateur, forme d'intelligence artificielle plutôt dictatoriale.
Le recueil se clôt avec "Le Jeu de Saturne", qui réussit encore un doublé de Prix avec le Nebula en 1981 et le Hugo en 1982.Le texte nous amène à suivre une équipe de scientifiques qui débarquent sur une nouvelle planète, mais coincés dans le jeu de rôle médiéval-fantastique qu'ils se sont inventés durant leur voyage pour passer le temps, ils ne verront pas le danger venir.
Au final ce recueil est assez agréable. Il a pour gros avantage de reprendre une série de nouvelles qui ont marqué différents âges d'écriture de Poul Anderson. Ils marquent également l'évolution de la sphère SF et on perçoit bien la différence d'écriture et d'imaginaire entre le premier et le dernier texte. Ceci offre donc un recueil superbement bien construit et qui profite de nouvelles qui ont toutes été primées en leur temps. De plus ce recueil permet de remettre la lumière sur un auteur qui a été maintenu dans l'ombre en Europe. A juste titre peut-être, mais comme d'habitude il y a toujours plus de teintes dans un personnages et ces textes nous offre ici différentes facette de Poul Anderson, grand défenseur, semble-t-il, de la liberté.
Huitième participation au Summer Star Wars Challenge en sa version 2012.
Autres Billets space opera et planet opera des précédents challenges éponymes.
11ème lecture pour le challenge Fin du Monde :
Mes autres chroniques pour se challenge.
+++ Le
livre +++
- Broché: 600 pages
- Editeur : Le Bélial (24 juin 2010)
- Collection : Roman
- Illustration : Caza
Ou la nouvelle version poche :
- Poche: 624 pages
- Editeur : Le Livre de Poche (12 septembre 2012)
- Collection : Science-fiction
"Le chant du barde" - Poul Anderson
Reviewed by Julien le Naufragé
on
mercredi, septembre 12, 2012
Rating:
Merci pour le lien ! Il n'y a rien à dire, la couverture du Belial est superbe, plus que le poche.
RépondreSupprimer@ Guillaume : Mais de rien, d'autant que ta chronique et celle de Efelle m'avait convaincu à la lire. Sans oublier qu'elles m'ont aider à me rafraîchir l'esprit ayant lu ce livre il y a plus d'un bon mois... Mon pauvre cerveau. ;-)
RépondreSupprimerLa sortie poche est une bonne excuse pour se jeter dessus, ce que je compte bien faire dans les prochains jours ! ;)
RépondreSupprimer@ Lorhkan : Alors profites-en. Il y a de bons textes, certains avec un imaginaire un peu dépassé dans le décorum, mais dans le fond cela reste très bon.
RépondreSupprimerC'est marrant parce que je viens de lire une nouvelle de Poul Anderson dans un recueil, et je me disais que je continuerais bien à explorer ses textes. Tu me fournis la référence ad hoc là :D. Je tâcherais de la dénicher à la bibliothèque à l'occasion ^^
RépondreSupprimerContent qu'il t'ai plu, le choix des nouvelles a été bien fait en effet.
RépondreSupprimer@ Vert : Haaaa content de pouvoir t'aider Vert. Je ne sais pas si tu trouveras celui-ci en bibliothèque. En librairie bien par contre, dans sa version Le Bélial ou celle poche qui vient de sortir.
RépondreSupprimer@ Vert : Oui ça m'a plu. J'ai bien aimé l'évolution chronologique de l'écriture. On sent bien l'évolution, tant de l'imaginaire SF que du style de Poul Anderson.
Ne sous-estime pas les bibliothèques parisiennes :D (mais il est sorti dans toutes celles que je fréquente, ça attendra donc un peu ^^
RépondreSupprimer@ Vert : Haaaa oui d'accord, Madame vit à la grande Capitale. Tout s'explique. Moi dans ma bibliothèque de quartier à Liège, je peux toujours attendre hahahaha.
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