C'est sur, avec un titre pareil, je vais faire grimper mon compteur de visites. Non, mais sans déconner, derrière cette BD qui au départ ne me disait pas grand chose se cache une sympathique découverte.
++ Quatrième de couverture ++
On était une bande, égarée dans un quartier flambant neuf au début des
années 70. Des terrains vagues, des bois, les routes pas encore finis
d’être goudronnées. On faisait nos 400 coups. Il y avait les “plus
grands” qui nous pourchassaient en mobylettes, pour nous en faire baver
dans la forêt. On se chamaillait aussi avec les gamins des cités
voisines. On se passait entre nous une compil K7 qu’on écoutait en
boucle sur un gros poste. Il y a avait des lieux qui avaient une aura de
mystère, comme ce trou d’eau noire, dont on disait qu’il avait été
formé par un avion venu se crasher. Il y avait aussi cet arrêt de bus
qui nous terrifiait : la journée c’était notre point de départ vers le
monde, vers Paris, mais le soir, surtout les derniers jours du mois,
aucun d’entre nous n’y aurait jamais mis les pieds. La misère pousse à
bien des extrémités et la rumeur voulait que pour boucler les fins de
mois trop courtes, certaines femmes de la cité y passaient le soir...
“Ta mère la pute”, faut pas croire, c’est pas sorti de nulle part comme
expression. Et puis il y a eu cette histoire avec la K7... et là, ça
c’est mal passé.
+++ Mon avis +++
"TMLP", c'est le début de l'histoire des cités, à l'époque où l'on pensait encore que c'était une bonne idée de parquer les pauvres ensemble. Sauf que finalement, on sait très bien que cela n'en est pas une. Mais "TMLP" c'est pas juste ça, c'est pas non une BD misérabiliste sur la triste histoire des banlieues. C'est une histoire de gamins, de ceux qui vivent leur vies là bas, à cet âge où l'on est encore naïf, à cette période charnière de la vie où tout semble cool, où l'on peut encore positiver les choses sans être idiot et ne pas voir la réalité. Car oui, la cité c'est pas toujours cool, pour preuve, parfois les mères doivent faire la pute pour arrondir les fins de mois. Et ces soirs là, il faut laisser la rue libre pour ces dames. Et bien sur, on fait comme si on ne le savait pas, on en parle car on ne veut pas savoir. Outre ça, c'est l'histoire de ces gamins qui vivent plus que de survivre, des vrais branleurs qui se marrent, cherchent la mouise avec des conneries à deux sous mais rien de bien méchant finalement. Et pour passer le temps, pour s'amuser et grandir, on écoute de la musique entre potes. Pour ça, rien ne change. Sauf qu'à l'époque on se refilait des cassettes. Et quand on n'a pas de sous on se prête la même K7, cette bonne vieille mixtape sur laquelle chacun a mis son morceau fétiche. Et on se la passe, on se l'écoute sur son appareil à fond que l'on fait tourner avec les piles chourées au magasin du coin. Bref, on vit et on se marre comme des vrais branleurs. Jusqu'au jour où il faut bien qu'une connerie trop grosse fasse déraper ce verni doucereux.
"TMLP" est une chouette BD. Pourtant, au départ quand je l'ai reçue j'étais pas très chaud. J'accrochais pas au dessin. A dire vrais, si cela avait été moi, je l'aurais pas acheté. Et puis finalement j'ai lu la BD, je suis rentré dedans, ne l'ai pas décroché et j'ai même apprécié le dessin, limite caricature, qui colle bien aux gueules cassées des gars de la cité et des souvenirs que l'on peut en garder. Bref, un bon moment de lecture qui nous emmène dans un bout d'histoire d'ici en bas, de ces zones que l'on ne connait pas ou que l'on fait mine de ne pas connaitre. Et sans être misérabiliste, Gilles Rochier nous transporte dans un bon moment de lecture, un instant qui m'a d'autant plus étonné que je n'y attendais rien.Chouette lecture graphique donc.
+++ Le livre +++
- Comic: 48 pages
- Editeur : 6 Pieds sous Terre Editions (6 janvier 2011)
- Collection : Monotrème
"TMLP : Ta mère la pute" - Gilles Rochier
Reviewed by Julien le Naufragé
on
jeudi, avril 26, 2012
Rating:
Ceci est un test
RépondreSupprimertrès bonne BD!
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