Reprendre l'oeuvre de Iain M. Banks par "L'usage des armes" ne semble pas le bon choix. C'est un livre exigeant et empli d'un spleen décadent. Seulement, il offre, à qui tient sa lecture jusqu'au bout, un switch inattendu qui remet tout perspective. Bluffant.
++ Quatrième de couverture ++
Cheradenine Zakalwe est l'un des agents les plus efficaces de la
Culture, cette immense société galactique, pacifiste et redoutable,
anarchiste, tolérante, éthique et cynique.
Partout où la Culture entend faire régner sa bienveillance, c'est-à-dire son ordre, Zakalwe se montre un chien de guerre irremplaçable. Mais est-il seulement celui qu'il croit être ?
Après L'Homme des jeux, voici le second volume du cycle de la Culture qui a renouvelé le space opera.
Partout où la Culture entend faire régner sa bienveillance, c'est-à-dire son ordre, Zakalwe se montre un chien de guerre irremplaçable. Mais est-il seulement celui qu'il croit être ?
Après L'Homme des jeux, voici le second volume du cycle de la Culture qui a renouvelé le space opera.
+++ Mon avis +++
Tant qu'à lire du nouveau Banks, j'avais d'abord envie de lire de l'ancien (1992 pour la première parution française chez Robert Laffont). Alors, comme j'avais déjà lu "L'homme des jeux" (chronique ici), je voulais continuer le Cycle de la Culture en attaquant le deuxième livre du cycle qui trainait dans ma bibliothèque. On m'avait bien déconseillé de lire ce dernier mais je me suis obstiné et je ne suis pas déçu. Pourtant le livre est exigeant, parfois long, souvent alourdi d'une atmosphère triste qui n'est pas sans démériter un qualificatif de spleen décadent. Alors oui, il faut bien avouer qu'il faut s'accrocher aux quelques 500 pages de ce roman, balloté de ci de là, entre futur et présent, entre aller et retour, entre ici et là-bas.
La construction du récit elle-même est particulière. L'une nous conte de manière linéaire le présent de Zakalwe alors que l'autre nous retrace, à rebours, le récit alambiqué de son passé obscur, le tout pour nous amener aux toutes dernières lignes du récit qui nous offre un coup de théâtre inattendu et réellement vertigineux. Entre les deux récits se retrouvent deux styles, presque deux écritures. L'actuel, plus directe, plus brute nous fait suivre le Zakalwe d'aujourd'hui alors que l'autre, plus complexe, plus travaillée, plus belle à mon sens, nous offre le passé de cet être plutôt torturé. Une construction particulière et deux style qui révèlent finalement deux états d'âmes différents.
De "L'homme des jeux", l'écriture reste mais la structure est différente. L'histoire diverge également. Celle-ci peut se lire indépendamment de la précédente même si l'une et l'autre mette en contexte la Culture, cet empire du futur, sorte de société idéale presque libertaire, qui ne rechigne pas sur les moyens pour imposer sa manière de vivre et de penser au reste de l'univers. Un parallèle ou une critique de notre monde d'aujourd'hui est-elle à faire? Très certainement, sinon à quoi servirait la SF! Sans oublier que Iain M. Banks est un homme solidement engagé à gauche de la balance politique.
Mais revenons à "L'usage des armes". Je disais plus haut que le roman est exigeant et je le redis. Ce n'est pas un bête roman d'aventures, Banks ne nous offre pas ici un divertissement à rebondissements avec de belles scènes d'action. Loin de là! Et ceux qui cherchent cela dans le Space Opera se doivent d'aller chercher ailleurs car si il y a de l'action ici, voir la guerre, ceci se voit d'un autre oeil, plus froid, plus salle, plus vile et surtout bien plus triste. A savoir maintenant si "L'usage des armes" fait partie de ces moyens nécessaires pour imposer la paix et surtout la bonne manière de vivre, celle de la Culture, partout dans l'univers, cela reste une question. Le récit lui-même peut parfois s'appesantir, nous laissant un air confu et perdu, oubliant peut-être certains rebondissements ou rythmes plus soutenus, à tel point qu'il risque de décevoir plus d'un lecteur qui abandonnera avant la fin. Pour ma part, j'ai parfois eu un peu de mal, il y a bien quelques lenteurs, mais au final le roman, pour qui le lira jusqu'à la dernière page, se révèle être une réelle petit claque! Et si ces longueurs existent c'est parce qu'elles portent un certain flou existentiel. On peine à cerner le personnage, sa psychologie, ses buts, sa relation au monde, mais tout cela est voulu, même si on a du mal à bien le cerner durant notre lecture.
Bref, "L'usage des armes" est un très bon roman. De par sa structure et sa portée finale il offre un contenu et une réflexion intéressante. Malheureusement il peinera à toucher un certain public à cause de ses lenteurs et de son spleen existentiel. Ceci dit, ce serait passer à côté d'un bien bon livre.
+++ Mais encore +++
A lire également
+++ Le livre +++
- Poche: 544 pages
- Editeur : Le Livre de Poche (novembre 1996)
- Collection : Science-fiction
- Traduction : Hélène Collon
- Illustration : Manchu
"L'usage des armes" - Iain M. Banks
Reviewed by Julien le Naufragé
on
jeudi, avril 19, 2012
Rating:
J'en garde le souvenir d'une impossible quête de rédemption. Clairement pas mon préféré malgré la virtuosité de sa construction
RépondreSupprimerUne chronique positive sur ce roman, ça fait toujours plaisir ! J'admets avoir peiné par moments sur la lecture à l'époque mais je faisais déjà confiance à cet auteur et au cafard cosmique, et puis cette succession de tableaux cruels, absurdes, violents, le mystère de Zakalwe, et ce spleen comme tu dis (la scène de l'ascenseur dans le vaisseau)... Ce livre m'a bousculé comme il faut tant je ne savais quoi en attendre durant la lecture. Il est en plus globalement divertissant, bien fourni, et sa structure est parfaitement exploitée. Le titre prend tout son sens avec le "dernier chapitre dans le passé" mais ne clôt pas la réflexion sur le personnage, au contraire. J'ai lu le chapitre final (avant les divers épilogues, marque de fabrique de l'auteur et pas toujours réussis) avec une boule au ventre. Ce roman est au fond truffé de pistes et d'ellipses qui le rendent sans doute plus profond et tortueux que prévu. Banks en aurait écrit un premier jet largement avant de composer Une forme de guerre: pas mal ! Un de mes Culture préférés avec donc Une forme de guerre, Le sens du vent et, quelque part, Inversions.
RépondreSupprimerEt, ce qui ne gâche rien, c'est que le cycle de la Culture peut ouvrir aussi vers des réflexions plus philosophico-politiques : http://www.actusf.com/spip/Quelques-notes-techno-politiques.html
RépondreSupprimer@ Le Gritche : On est bien d'accord, c'est un très bon livre, mais il demande persévérance et patience. il y a bien des moments où l'on a du mal à suivre, on s'égare, on se demande si l'on a bien compris. Mais tout cela s'explique sur la fin pour qui veut bien faire l'effort des 500 pages. Sinon, pour ma part, je suis également dans la lecture de "Une forme de guerre". A voir si j'apprécierai également et à niveau de l'étiquette "classique" qu'on lui donne.
RépondreSupprimer@ Anonyme : Merci pour le lien. Je vais lire cela quand je trouve le temps. Cela semble intéressant.