Laurent Gidon écrit également sous le nom de Don Lorenjy. C'est d'ailleurs sous ce titre que j'ai découvert sa plume dans Bifrost n°56. Sauf que si à ce moment là c'était un texte SF, Laurent Gidon offre ici de la fantasy. Découverte donc de l'imaginaire version suisse.
+++ Quatrième de couverture +++
Ambeliane ! Quels mystères cache cette cité close dont les hardis marins
règnent sur le trafic hauturier de l'Arc Côtier ? Pour Djeeb Scoriolis,
la curiosité est trop forte. Artiste aventurier, esthète bateleur épris
du beau geste, il prend tous les risques pour percer les secrets
d'Ambeliane. Des tavernes du port aux palais du Lorne, il va pouvoir
donner son plus beau spectacle : survivre ! Tel un Quichotte rajeuni et
doté de talents inattendus, Djeeb le Chanceur nous entraîne dans un
monde de parfums, de couleurs et de sons, où l'élégance et les plus
hautes traditions masquent mal les ambitions contradictoires de l'homme.
Un voyage plaisir, gourmand et chatoyant, servi par le chant d'une
langue généreuse.
+++ Mon avis +++
Mes excursions dans les mondes fantasy sont bien moins fréquentes qu'il y a quelques années. Question de feeling, de choix et d'évasions vers d'autres mondes. Sauf que Laurent Gidon, aka Don Lorenjy, m'avait invité à la découvert de sa plume au travers d'une nouvelle dans Bifrost n°56. Mais si j'ai ses livres depuis un moment déjà, ce n'est qu'il y a peu que je me suis plongé dedans. A chaque livre son moment n'est-ce pas?
Immersion dans la fantasy. Est-elle héroïc pour autant ici? Oui et non. Bon, bien sur il y a un héros, mais Djeeb Scoriolis a tout d'une tête à claque et du héros malgré lui. Cependant, ce dernier ne vit que pour une chose : l'aventure. Elevé au stade ultime de l'estéhtique Djeeb ne vit que pour le grand frisson. A ses heures, voir par chance ou touché par on ne sait quelle grâce, notre bonhomme arrive à faire transparaître au travers de ses mots et gestes des envolées lyriques dignes d'un barde des grands chemins. Ceci le sauvera plus d'une fois car à côté de cela, Djeeb à la langue bien pendue, un peu trop peut-être, sans oublier qu'il attire les ennuis tout autant qu'il ne les provoque. Il faut dire que quand on débarque dans une ville telle qu'Ambéliane, lieux de rêves mais qui n'apprécient guère que l'on s'invite en ces murs rocheux, que l'on provoque la garde du port, que l'on s'évade, que l'on provoque de ci de là une personne ou l'autre en la ramenant un peu trop... hé bien il arrive un moment où tout cela vous rattrape. Tant qu'à chercher l'aventure, allons la provoquer. Djeeb se lance donc directement aux Palais du Lorne. Esthète et aventurier, Djeeb n'a pas froid aux yeux et dans l'aventure il trouvera ce qu'il cherche, mais il perdra également ce qu'il y trouvera...
Laurent Gidon offre ici un roman fort distrayant. Décors chatoyant, langue fleurie, rencontres exotiques, bref tout y est pour se plonger dans l'aventure et le dépaysement. On se promène avec Djeeb agréablement, on passe un bon moment en sa présence mais cela n'ira peut-être pas chercher plus loin. Même si c'est déjà un réel plaisir que la distraction et l'évasion.
Pour ce qui est du style, j'ai trouvé que les parties de textes étaient trop découpées. Au sein d'un même chapitre, les interventions textuelles sont à mon goût un peu courtes. On saute trop trop de ceci à cela sans avoir suffisamment le temps de s'imprégner des choses. La langue fleurie est agréable et sans trop en faire il n'atteindra pas le bagou d'un Jean-Philippe Jaworski mais gardera un plaisir de lecture rapide et agréable.
Bref, "Djeeb le chanceur" ne laissera peut-être pas le goût d'une œuvre magistrale, mais il montre néanmoins les débuts prometteurs d'un Laurent Gidon bien sympathique. Lecture rythmique ou parenthèse exotique qui s'intercalera bien entre deux briques difficiles à digérer. Sans oublier que finalement, notre Djeeb est un personnage qu'il est plaisant de suivre et que je lirai également dans "Djeeb l'encourseur".
Et pour terminer, j'applaudirai le travail de découverte de nouveaux auteurs que fait les éditions Mnémos. C'est toujours un pari, un risque pour eux, mais également un plaisir de nouvelles découvertes pour nous. Bravo pour cela.
+++ Mais encore +++
Le blog de Don Lorenjy, notre Laurent Gidon donc.
+++ Le livre +++
- Broché: 275 pages
- Editeur : Editions Mnémos (10 juillet 2009)
- Collection : Icares
- Illustration : Marc Simonetti
"Djeeb le chanceur" - Laurent Gidon
Reviewed by Julien le Naufragé
on
mardi, avril 10, 2012
Rating:
Je l'avais lu, et si la découverte avait été sympathique, je dois dire que je n'en garde pas un énorme souvenir, mis à part que le personnage principal était intéressant !
RépondreSupprimer@ Olya : Je crois que l'on est du même avis. On passe un bon moment car Djeeb est assez sympathique mais cela ne fera pas un livre inoubliable.
RépondreSupprimerBen... moi j'ai eu du mal à l'oublier, mon Djeeb. Pas juste parce que j'en suis le papa, mais parce qu'il m'a servi à développer quelques réflexions sur l'idéal et la responsabilité personnelle. Sauf qu'à trop dire que c'était un livre pour le plaisir, personne ne l'a lu comme ça.
RépondreSupprimerMerci en tout cas d'être allé au bout et d'avoir su aussi bien chroniqué ta lecture !
Heu... "chroniquer", fichues coquilles ;-)
RépondreSupprimer@ Laurent Gidon : Attention, je m'y suis plu, sinon je n'aurais pas terminé le livre non plus! ;-) Par contre, la troisième personne du singulier et les "paragraphes" courts (ce n'est pas le bon terme mais je ne sais pas comment les appeler) sont un frein ou une distance avec le personnage. Il y a peut-être également un défaut de lecteur, celui de ne lire de la fantasy que comme une distraction et la SF comme une réflexion sous forme littéraire. Alors que la fantasy peut également être un vecteur de réflexion... Oh et grand merci pour le passage! ;-)
RépondreSupprimer"A chaque livre son moment n'est-ce pas? " tout à fait !
RépondreSupprimerJ'ai peut-être aimé un peu plus le livre que toi, car en plus d'adorer Djeeb et son élocution riche ; j'ai apprécié respirer un autre air que ce que je rencontre d'habitude et me laisser transporter.
Dans tous les cas, non seulement j'ai aimé le livre mais je l'ai aussi offert autour de moi ;)
Vas-tu lire Djeeb l'encourseur ?
@ AcrO : Oui, je vois que tu as franchement aimé. Cela dit, je le prêterait volontiers à qui veut s'initier à la fantasy s'en rentrer dans une oeuvre kilométrique.
RépondreSupprimerJe lirai "Djeeb l'encourseur". Je l'ai déjà en plus. Reste à savoir quand.
Quand on tombe sur la page d'un compatriote liégeois, on regarde ce qu'il pourrait bien vous faire découvrir et celui-là me donne particulièrement envie. Je te donne entièrement raison en ce qui concerne les éditions Mnémos. Et on est rarement déçu :)
RépondreSupprimer@ Caligramme : Salut à toi et oui c'est aussi plaisir de croiser sur mon blog des compatriotes. Il est clair que ce sont souvent des Français qui passent pas ici. Heureux de voir que nous avis convergent concernant les éditions Mnémos ;-)
RépondreSupprimerJ'aime cette chronique que je trouve assez drôle et très bien écrite.
RépondreSupprimerWell done.
Aranae
http://laplume-ou-lavie.blogspot.fr/
@ Aranae : Merci pour ton retour sur ma chronique. Ca fait plaisir de lire ça. En tout cas, n'hésites pas à lire le bouquin pour te faire une idée.
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