Yoss est un petit peu le bonhomme du moment. L'invité cubain qui fait le tour des rencontres de l'imaginaire actuels. Ou du moins c'est l'image que j'en ai... Toujours est-il que curieux de découvrir son œuvre, j'ai décidé de m'y essayer via "Planète à louer".
Et j'ai adoré!
Et j'ai adoré!
++ La quatrième de couverture ++
Planète à louer est un roman où chaque chapitre présente un aspect différent de la société à travers des personnages emblématiques d'une situation. Dans un futur indéterminé, les hommes sont sur le point d'arriver à la guerre nucléaire totale. Afin de sauver la planète, des espèces extraterrestres en prennent possession après avoir fait disparaître l'Afrique. Ils imposent des règles draconiennes pour rétablir l'équilibre écologique, et plus d'un siècle plus tard, la Terre est redevenue une sorte de Paradis originel. Elle a été convertie en un « monde souvenir » où les différentes espèces extraterrestres viennent faire du tourisme. Mais derrière la belle image qui leur est proposée, les conditions de vie des Terriens sont loin d'être idylliques, surtout lorsque ceux-ci sont condamnés au « Reconditionnement corporel ». Que l'on soit Buca, la prostituée, Moy, le métis, Jowe, l artiste, ou Romualdo Concepcion Perez, le militaire, comment survivre à la domination extraterrestre ?
+++ Mon avis +++
Derrière cette sympathique couverture se cache un roman découpé comme un recueil de nouvelles. Sept textes bien charpentés écrits sous la forme d'une histoire du futur dont l'optique est la critique de notre temps, ou plutôt du Cuba des années 90. Translation dans l'avenir et emploi de l'imaginaire space opera pour parler de l'île où Yoss vit, pour parler de la vie de ses habitants : les Cubains. Bien sur, l'auteur nous met en garde tout de suite, ou plutôt revendique fièrement cette prise de position au travers de cette phrase "Toute ressemblance entre le Cuba des années 1990 et cette Terre du XXIème siècle est purement intentionnelle". Faut-il y voir un militantisme primaire? Loin de là! L'imaginaire est une arme intellectuelle avec laquelle Yoss sait jouer. Et s'il a la prétention d'écrire sa propre préface, c'est pour mieux mettre en contexte l'écrit qui va suivre.
Dans "Planète à louer", ce n'est pas l'homme le colonisateur! Ce n'est plus lui qui arrive sur des planètes étrangères et qui impose la vérité, imposant par là sa vision du bien et du mal. Ce roman nous offre un miroir inversé car l'homme est colonisé par des espèces extra-terrestres qui amènent avec elles leur côté paternaliste, sorte de renvoie à notre propre passé de colonisateur européen. Et Yoss de nous livrer un parallèle avec Cuba, île coupée du monde, occupée voire colonisée. Beau parallèle qui offre une belle réflexion, autant sur notre passé que sur celui de Cuba : exploitation, survie, tristesse, malheur, etc. La souffrance humaine y est magnifiée au travers d'un imaginaire fertile, intelligent et rondement mené. Un réalisme social bien rendu qui au travers de la SF évite peut-être toute une série de pathos.
En même temps, l'auteur nous livre un contre-point du space opera habituel où c'est l'homme le colonisateur des nouveaux mondes, parallèle de l'esprit pionnier américain. Chez Yoss ce n'est plus l'homme le colon mais bien le colonisé. Sorte peut-être de contre-utopie en version space opéra inversé?
Ce livre est un recueil de nouvelles qui n'en est pas un. Yoss nous livre sept textes indépendant mais liés entre eux. Chacun tient de part lui-même mais à un lien avec un personnage rencontré ici ou là dans une autre histoire, idée certes peu innovante mais bien construite et amenée de telle manière que cela renforce le lien affectif qui peut se créé avec les personnages.
"Planète à louer" est un livre dur, loin du positivisme conquérant, loin de la conquête héroïque, ce roman est là pour faire réfléchir au travers de la prospective et de l'évasion imaginaire. Un bouquin intense, souvent sombre et tragique, qui une fois refermé laisse en bouche un goût de sang et de larmes, un ouvrage qui fait réfléchir à défaut de laisser des histoires pérennes en tête. Bref un auteur qui derrière son look de vieux thrash metal des années 80 cache un écrivain intelligent et qui a de l'imagination. Une belle découverte à ne pas rater!
+++ Mais encore +++
Et voici ma huitième participation pour Summer Star Wars Challenge
Tous les billets de ce Challenge 2011 et du 2010 en suivant ce lien-ci.
L'avis de Gromovar et Cachou.
+++ Le livre +++
- Broché: 256 pages
- Editeur : Editions Mnémos (21 janvier 2011)
- Collection : Dédales
"Planète à louer" de Yoss
Reviewed by Julien le Naufragé
on
dimanche, août 21, 2011
Rating:
Beaucoup aimé également, un sacré coup de poing que ce livre. Il est à la hauteur de sa réputation (une fois n'est pas coutume!).
RépondreSupprimeraprès avoir lu ta critique sur ce livre ca me tente vraiment beaucoup de le lire!!!!!! :-)
RépondreSupprimerCa me tente bien également...
RépondreSupprimer@ Cachou : J'ai lu ton billet et j'ai vu que tu avais beaucoup aimé. Il est à l'auteur de sa réputation et bien mieux que ce que j'en attendais.
RépondreSupprimer@ Emilie : Lis le, ça vaut le coup. Ils amène de la réflexion via le sentiment en détournant les clichés tout en jouant avec l'imaginaire.
@ Val : Idem que ma réponse pour Emilie. Vraiment un bon livre. Peut-être bien un coup de coeur pour l'année. On verra d'ici quelques mois!
J'ai passé aussi un très bon moment avec ce livre. La seule nouvelle qui m'a laissé indifférent est celle avec les sportifs, j'avoue que j'ai pas accroché.
RépondreSupprimerContent que le livre t'ai plu.
@ Blackwolf : Oui dans l'ensemble, il y'en a de meilleurs que d'autres, et le côté sportif n'est pas mon plaisir non plus. Cela dit il amène des questions qui se rajoutent aux autres sur l'ensemble du livre.
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