D'abord intrigué, ensuite effrayé, j'ai longuement hésité à m'acheter ce livre. Et pourtant, une fois que je l'ai eu entre les mains, sachant un peu à quoi m'attendre, ce ne fut qu'un plaisir de bout en bout! Un très bon livre et une belle réussite SF qui parle des soldats kamikazes et de la chute de l'empire nippon.
+++ La quatrième de couverture +++
« Les officiers et les hommes du Japon impérial sont tous les membres d’un commando-suicide. »
Bureau d’information du gouvernement japonais, 1944.
1944. Face à l’avancée des forces américaines dans le Pacifique, le haut-commandement de la Marine impériale japonaise applique une tactique de la dernière chance : engager ses pilotes de dragons dans des attaques suicide.
Très vite, un autre feu du ciel s’abat sur le Soleil Levant. Les superforteresses B-29 lâchent sur les grandes villes des bombes au napalm. Seuls de rares pilotes se révèlent assez courageux ou fous pour les affronter sur leurs dragons de combat…
Trois destinées sont balayées par le souffle de la guerre. Hideo, petit garçon qui vit de l’intérieur la souffrance du Japon. Tatsuo, son grand frère, étudiant recruté dans une escadrille suicide. Enfin le capitaine Obayashi, maître archer qui impose la « stratégie de la mort assurée».
+++ Mon avis +++
Commençons par quelques explications... Au départ, j'étais effrayé de me lancer dans cette oeuvre, un peu refroidi par la lecture de "Bloodsilver" où Xavier Mauméjean écrivait en collaboration avec Johan Heliot sous le pseudonyme améridien de Wayne Barrow. Vous pouvez d'ailleurs retrouver cette chronique en ces pages, en suivant ce lien-ci. Mais néanmoins intrigué par le sujet et le traitement largement historique plus que science-fictif. Du coup, je me suis lancé dans cette aventure avec un vif intérêt qui fut plutôt récompensé.
D'un autre côté je pense que certaines personnes n'aimeront pas le côté un peu froid, volontairement asséché par l'auteur qui s'impose des règles d'écriture telles que le Banruku (théâtre de marionnettes japonais). Le livre parle également du Japon impérialiste, d'un Japon décadent et vindicatif, d'un Empire qui s'écroule mais qui ne veut pas abandonner, qui préfèrera mourir que de se rendre. Un récit de guerre donc, qui traite de cette chute et de la vie de ces guerriers de la mort, sans pour autant les glorifier. Un sujet et une manière d'écrire qui ne peut pas plaire à tout le monde donc.
Par contre de mon côté je peux avouer une certaine fascination pour le Japon ainsi que son code guerrier, étant moi même pratiquant d'arts martiaux traditionnels japonais. Donc, suivre ce traitement historique de la fin d'un empire fut très intéressant. Xavier Mauméjean aborde ici le patriotisme exacerbé d'un Japon militariste et vindicatif. Un Japon où le culte de l'Empereur fait partie de la vie de tous les jours. Un pays qui envoie ses enfants au suicide afin de ne pas se déclarer perdant. Une île qui se fait pilonnée par les Etats-Unis, une Empire déliquescent porté par la propagande plutôt que par le réalisme. Un pays qui voit sa fin toute proche mais al refuse.
Xavier Mauméjean découpe son livre en jouant sur les éléments métal, eau, bois feu, et terre, les cinq éléments de la pensée chinoise. Ce choix est emblématique, car la Chine fut un pays mortifié par l'impérialisme japonais, territoire où les nippons ont commis des atrocités sans noms et que Xavier Mauméjean dénonce dans son roman au travers de Monsieur Nagayama, instituteur de campagne, qui se retrouvera vite mis au pas par la propagande. De ces cinqs éléments, Xavier Mauméjean découpe son histoire, parlant tout à tour de différents personnages tout en gardant une certaine cohérence. On y croise différents angles de vue, dont Hideo, sympathique gamin des campagnes qui subit la guerre de l'intérieur du pays et qui ne rêve que de son frère devenu pilote dans l'aviation impériale. Celui-ci, Tatsuo, était étudiant avant de devenir pilote de dragon pour la marine impériale et devenir candidat au suicide. Au travers de ce personnage on vivra la vie de ces kamikazes, leurs peurs, leurs souffrances, leurs héroïsmes jusqu'au boutiste, symbole d'un empire décadent proche de la fin et prêt à tout. Le capitaine Obayashi est le troisième personnage que l'on suit, et il est celui qui représente l'idélogie japonaise, celui qui poussera tout jusqu'au bout plutôt que d'accepter la défaite. Trois destinées et trois angles de vue différents. Trois manière d'aborder un tournant important dans l'histoire du Japon : celui de la défaite de l'Empire éternel.
Le récit de Xavier Mauméjean est très documenté, cela se ressent autant dans la manière de traiter l'histoire, proche du roman historique, que dans la manière de décrire le matériel et les faits de guerre. J'ai trouvé cela agréable sans que cela ne tombe dans le too much, sans que cela ne tombe dans un suivis sans fin de descriptifs d'actions de guerre ou matériel de combat.
Concernant la manière de traiter les personnages, on aurait presque peur de s'y attacher. Tout est joué dès le départ : on sait que le Japon va perdre la guerre, alors qui va mourir et comment? Mais plus justement, Xavier Mauméjean parle de ses personnages sans tomber dans un certain pathos, et sa manière de traiter le texte y joue grandement. Au risque de refroidir certains lecteurs, mais il y met un ton presque nippon dans la manière d'en parler, avec juste ce qu'il faut de détachement et de proximité.
Pour ce qui est des dragons, ils sont là, comme si depuis la préhistoire ils avaient survécu comme un embranchement particulier de sauriens aquatiques, car oui les dragons son des animaux d'eau ici. Le dragon est également un animal emblématique car c'est aussi un personnage important dans la culture asiatique, c'était donc bien vu de se les approprier sans en faire le centre du livre. L'intérêt se trouve dans les kamikaze et la chute de cet empire.
Bref, "Rosée de feu" fut pour moi un vrais plaisir, d'autant plus surprenant que je ne m'attendais pas du tout à cela. Je m'attendais à quelque chose de plus brut, de plus guerrier, peut-être juste une succession de combats suicidaires héroïques magnifiés... Mais les interviews et autres retours sur ce livre m'ont intrigué et j'ai bien fait d'acheter et lire ce livre. C'est un très bon livre, peut-être pas le genre de bouquin que tout un chacun traitera comme un chef d'oeuvre, mais un livre qui a le mérite de traiter d'un certain sujet d'histoire avec le bon ton et une certaine originalité d'approche. Moi je dis bravo monsieur Mauméjean, vous m'avez bluffé cette fois-ci. Continuez comme ça!
+++ Mais encore +++
Lien vers le livre "Rosée de feu" aux éditions Le Bélial
Une interview de Xavier Mauméjean, autour de "Rosée de feu", sur Uchronies.com
Son avis m'a intrigué : Cachou.
Quatrième lecture donc pour le Winter Time Travel Challenge, défi littéraire qui a pour thème l'uchronie.
Mon billet de présentation
Les autres billets de ce Challenge
Le billet du RSF blog qui a lancé ce Challenge
L'uchronique c'est quoi? Allez voir sur Wikipedia
Quatrième lecture pour le Challenge Histoire.
Infos sur ce Challenge sur le blog "A l'ombre du cerisier"
Le billet récapitulatif des participations
+++ Le livre +++
- Broché: 280 pages
- Editeur : Le Belial (16 septembre 2010)
- Illustration : Manchu
"Rosée de feu" de Xavier Mauméjean
Reviewed by Julien le Naufragé
on
lundi, février 21, 2011
Rating:
Voilà, je m'en doutais. S'il a déjà réussi à séduire l'hermétique aux histoires de guerre que je suis, il ne pouvait que ravir quelqu'un n'étant pas allergique au sujet.
RépondreSupprimerJe suis aussi fascinée par le Japon, aussi bien par son esthétique que par ses ambivalences, et je dois dire avoir été très marquée par le récit de ce massacre commis par les Japonais que je ne connaissais pas...
L'écriture aride ne m'a pas refroidie par contre, bien au contraire même, j'ai trouvé l'exercice de style prenant.
J'aime beaucoup la présentation que tu fais de cet ouvrage. Il faudrait que je me décide à le désincarcérer de ma Pal
RépondreSupprimerAie,aie,aie, une tentation de +. ce que tu dis de ce livre me donne très envie de le découvrir!
RépondreSupprimer@ Cachou : Bah oui, les récits de guerre cela plait ou pas. J'avoue que cela doit bien être le premier récit de guerre que je lis aussi. Même s'il est particulier... Mais ton avis m'intriguait et me donnait envie de pousser jusqu'à l'essayer. Ce que j'ai fait, et pour mon propre plaisir.
RépondreSupprimer@ El JC: Bien content de te revoir ici bas. Ca fait bien plaisir! Mon avis pousse à l'envie de lecture, alors si tu l'as il ne te reste plus qu'à le sortir de ta pile de livres en attente, ce qui n'est pas forcément le plus simple non plus...
@ Phooka : Ca vaut le détour, au risque de ne pas plaire car c'est un style aride, voulu et assumé, et qui change du récit glorificateur du héros de légende. Mais en cela et sur sa thématique, il est un livre intéressant.
J'avais acquis la version numérique sur le site du Bélial. Je te confirme que le plus délicat va être de lui trouver une petite place. Et au passage je te souhaite un très joyeux anniversaire ,o)
RépondreSupprimerHaaa bel achat alors! Et tiens moi au courant de ton avis alors. Et au passage merci pour le joyeux anniversaire!
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