Attaquons-nous aujourd'hui à une oeuvre, sans doute majeure, de la SFF française actuelle. Une oeuvre qui a fait couler de l'encre ou plutôt, ou soyons contemporain et moderne, quantité de caractères non-imprimés car présents sur le Web 2.0. Difficile donc de dire autre chose que du bien de ce "Déchronologue". Tout a déjà été dit... et quasi qu'en bien! Car nous tenons ici une oeuvre exceptionnelle et il faut avouer que tous les prix reçus pour ce livre sont plus que mérités : Grand Prix de l'Imaginaire 2010 et Prix Européen Utopiales 2010.
+++ La quatrième de couverture +++
Au XVIIe siècle, sur la mer des Caraïbes, le capitaine Henri Villon et son équipage de pirates luttent pour préserver leur liberté dans un monde déchiré par d'impitoyables perturbations temporelles. Leur arme : le Déchronologue, un navire dont les canons tirent du temps.
Qu'espérait Villon en quittant Port-Margot pour donner la chasse à un gallion espagnol ? Mettre la main, peut-être, sur une maravilla, une des merveilles secrètes, si rares, qui apparaissent quelquefois aux abords du Nouveau Monde. Assurément pas croiser l'impensable : un Léviathan de fer glissant dans l'orage, capable de cracher la foudre et d'abattre la mort !
Lorsque des personnages hauts en couleur, au verbe fleuri ou au rugueux parler des îles, croisent objets et intrus venus du futur, un souffle picaresque et original confronte le récit d'aventures maritimes à la science-fiction. De quoi être précipité sur ces rivages lointains où l'Histoire éventrée fait continûment naufrage, où les marins affrontent tous les temps. Car avec eux, on sait : qu'importe de vaincre ou de sombrer, puisque l'important est de se battre !
(Quatrième de couverture - tirée du site web de l'éditeur : La Volte )
+++ Mon avis +++
Stéphane Beauverger est douée d'une plume de conteur vraiment remarquable. Il suffit de lire le premier paragraphe de ce roman pour être directement happé dans un autre temps, un autre lieux où la raison perd son droit chemin, où le temps se déroute de sa ligne droite et l'on a qu'une seule envie : suivre le Capitaine Henri Villon contre vents et marées, contre temps et linéarité.
Lisez ce premier paragraphe, comprenez mon engouement :
"Le déchronologue" n'est pas de la fantasy. "Le Déchronologue" n'est pas un roman historique, ni purement un roman d'aventure aux confins des Caraïbes. "Le Déchronologue" n'est pas non plus un roman de Science-Fiction parlant de paradoxes temporels. "Le Déchronologue", ce n'est pas cela, mais c'est tout cela à la fois. Un pure roman de piraterie, d'aventures fantastiques et fantasmagoriques. De la science-fiction magnifique où le paradoxe temporel est magnifié pour atteindre le constat d'art littéraire. Stéphane Beauverger sait écrire avec un "verbe fleuri" comme le signal la quatrième de couverture. Entre belles phrases et un parlé grossier de marins, on est pris par le temps et les voiles. Mais on est très vite dévoyé de la linéarité du temps... et d'ailleurs le livre n'est pas construit selon un schéma linéaire. On passe d'un chapitre à l'autre en sautant d'une période à l'autre. Remontant ou avançant dans le temps... pour finalement comprendre ce qu'il est écrit dans le premier chapitre, introduction de l'ouvrage.
"Le déchronologue" est un exercice de style qui tient la route narrativement même s'il s'écarte de la ligne du temps. Un roman ambitieux, foutrement bien écrit et merveilleusement divertissant. Un phrasé travaillé mais fluide et d'une lecture agréable. Bref un récit d'imaginaire qui à mon avis marquera la SFF française, si ce n'est déjà fait. Une plume magnifique que je m'empresserai de (re)découvrir au travers de ces trois premiers romans qui composent la Trilogie du Virus.
Un petit bémol? Quand même... mais qui vient de l'éditeur. Un papier gondolant ou une reliure mal faites? Donnant la sensation d'avoir un livre mal réalisé et pas forcément agréable en mains. Doué pourtant d'une superbe couverture signée Corinne Billon, le livre gagnerait à avoir une bonne reliure. Et donc, même si La Volte nous fournit des livres superbes, il reste à travailler sur la qualité papettière de celui-ci... Mais le prix du livre, lui, reste attrayant ce qui n'est pas sans faire plaisir... mais un prix qui indique peut-être la moindre qualité au final?
Cela dit, plongez sur ce livre... et sombrez de le temps, les vagues, l'aventure, et l'imaginaire. "Le Déchronologue" est un livre certes ambitieux, mais maîtrisé. Une oeuvre impressionnante qu'il ne faudrait pas rater! Qu'on se le dise...
+++ Sur le Web +++
Le livre chez La Volte éditions
Le livre au Cafard Cosmique
Le livre chez ActuSF
Le livre sur CultureSF
Le livre chez Livraddict
Le livre dans le Forum de Livraddict
Une interview de Stéphane Beauverger sur Elbakin
Télécharger et lire le premier chapitre du roman (PDF)
Le site de l'illustratrice, Corinne Billon
+++ La quatrième de couverture +++
Au XVIIe siècle, sur la mer des Caraïbes, le capitaine Henri Villon et son équipage de pirates luttent pour préserver leur liberté dans un monde déchiré par d'impitoyables perturbations temporelles. Leur arme : le Déchronologue, un navire dont les canons tirent du temps.
Qu'espérait Villon en quittant Port-Margot pour donner la chasse à un gallion espagnol ? Mettre la main, peut-être, sur une maravilla, une des merveilles secrètes, si rares, qui apparaissent quelquefois aux abords du Nouveau Monde. Assurément pas croiser l'impensable : un Léviathan de fer glissant dans l'orage, capable de cracher la foudre et d'abattre la mort !
Lorsque des personnages hauts en couleur, au verbe fleuri ou au rugueux parler des îles, croisent objets et intrus venus du futur, un souffle picaresque et original confronte le récit d'aventures maritimes à la science-fiction. De quoi être précipité sur ces rivages lointains où l'Histoire éventrée fait continûment naufrage, où les marins affrontent tous les temps. Car avec eux, on sait : qu'importe de vaincre ou de sombrer, puisque l'important est de se battre !
(Quatrième de couverture - tirée du site web de l'éditeur : La Volte )
+++ Mon avis +++
Stéphane Beauverger est douée d'une plume de conteur vraiment remarquable. Il suffit de lire le premier paragraphe de ce roman pour être directement happé dans un autre temps, un autre lieux où la raison perd son droit chemin, où le temps se déroute de sa ligne droite et l'on a qu'une seule envie : suivre le Capitaine Henri Villon contre vents et marées, contre temps et linéarité.
Lisez ce premier paragraphe, comprenez mon engouement :
Je suis le capitaine Henri Villon et je mourrai bientôt.
Non, ne ricanez pas en lisant cette sentencieuse présentation. N’est-ce pas
l’ultime privilège d’un condamné d’annoncer son trépas comme il l’entend ?
C’est mon droit. Et si vous ne me l’accordez pas, alors disons que je le prends.
Quant à celles et ceux qui liront mon récit jusqu’au bout, j’espère qu’ils sauront
pardonner un peu de mon impertinence et, à l’instant de refermer ces
chroniques, m’accorder leur indulgence.
D’ici quelques minutes, une poignée d’heures tout au plus, les forces contre
lesquelles je me suis battu en auront définitivement terminé avec moi et ceux
qui m’ont suivi dans cette folle aventure. J’ai échoué et je vais mourir. Ma
frégate n’est plus qu’une épave percée de part en part, aux ponts encombrés
par les cris des mourants, aux coursives déjà noircies par les flammes. Ce
n’est ni le premier bâtiment que je perds ni le premier naufrage que j’affronte,
mais je sais que nul ne saurait survivre à la dévastation qui s’approche. Bientôt,
pour témoigner de l’épopée de ce navire et de son équipage ne resteront que
les pages de ce journal. Permettez donc que je prenne un peu du temps qu’il
me reste pour les présenter comme je l’entends.
Non, ne ricanez pas en lisant cette sentencieuse présentation. N’est-ce pas
l’ultime privilège d’un condamné d’annoncer son trépas comme il l’entend ?
C’est mon droit. Et si vous ne me l’accordez pas, alors disons que je le prends.
Quant à celles et ceux qui liront mon récit jusqu’au bout, j’espère qu’ils sauront
pardonner un peu de mon impertinence et, à l’instant de refermer ces
chroniques, m’accorder leur indulgence.
D’ici quelques minutes, une poignée d’heures tout au plus, les forces contre
lesquelles je me suis battu en auront définitivement terminé avec moi et ceux
qui m’ont suivi dans cette folle aventure. J’ai échoué et je vais mourir. Ma
frégate n’est plus qu’une épave percée de part en part, aux ponts encombrés
par les cris des mourants, aux coursives déjà noircies par les flammes. Ce
n’est ni le premier bâtiment que je perds ni le premier naufrage que j’affronte,
mais je sais que nul ne saurait survivre à la dévastation qui s’approche. Bientôt,
pour témoigner de l’épopée de ce navire et de son équipage ne resteront que
les pages de ce journal. Permettez donc que je prenne un peu du temps qu’il
me reste pour les présenter comme je l’entends.
"Le déchronologue" n'est pas de la fantasy. "Le Déchronologue" n'est pas un roman historique, ni purement un roman d'aventure aux confins des Caraïbes. "Le Déchronologue" n'est pas non plus un roman de Science-Fiction parlant de paradoxes temporels. "Le Déchronologue", ce n'est pas cela, mais c'est tout cela à la fois. Un pure roman de piraterie, d'aventures fantastiques et fantasmagoriques. De la science-fiction magnifique où le paradoxe temporel est magnifié pour atteindre le constat d'art littéraire. Stéphane Beauverger sait écrire avec un "verbe fleuri" comme le signal la quatrième de couverture. Entre belles phrases et un parlé grossier de marins, on est pris par le temps et les voiles. Mais on est très vite dévoyé de la linéarité du temps... et d'ailleurs le livre n'est pas construit selon un schéma linéaire. On passe d'un chapitre à l'autre en sautant d'une période à l'autre. Remontant ou avançant dans le temps... pour finalement comprendre ce qu'il est écrit dans le premier chapitre, introduction de l'ouvrage.
"Le déchronologue" est un exercice de style qui tient la route narrativement même s'il s'écarte de la ligne du temps. Un roman ambitieux, foutrement bien écrit et merveilleusement divertissant. Un phrasé travaillé mais fluide et d'une lecture agréable. Bref un récit d'imaginaire qui à mon avis marquera la SFF française, si ce n'est déjà fait. Une plume magnifique que je m'empresserai de (re)découvrir au travers de ces trois premiers romans qui composent la Trilogie du Virus.
Un petit bémol? Quand même... mais qui vient de l'éditeur. Un papier gondolant ou une reliure mal faites? Donnant la sensation d'avoir un livre mal réalisé et pas forcément agréable en mains. Doué pourtant d'une superbe couverture signée Corinne Billon, le livre gagnerait à avoir une bonne reliure. Et donc, même si La Volte nous fournit des livres superbes, il reste à travailler sur la qualité papettière de celui-ci... Mais le prix du livre, lui, reste attrayant ce qui n'est pas sans faire plaisir... mais un prix qui indique peut-être la moindre qualité au final?
Cela dit, plongez sur ce livre... et sombrez de le temps, les vagues, l'aventure, et l'imaginaire. "Le Déchronologue" est un livre certes ambitieux, mais maîtrisé. Une oeuvre impressionnante qu'il ne faudrait pas rater! Qu'on se le dise...
+++ Sur le Web +++
Le livre chez La Volte éditions
Le livre au Cafard Cosmique
Le livre chez ActuSF
Le livre sur CultureSF
Le livre chez Livraddict
Le livre dans le Forum de Livraddict
Une interview de Stéphane Beauverger sur Elbakin
Télécharger et lire le premier chapitre du roman (PDF)
Le site de l'illustratrice, Corinne Billon
"Le Déchronologue" de Stéphane Beauverger
Reviewed by Julien le Naufragé
on
jeudi, avril 08, 2010
Rating:
Excellent article!!
RépondreSupprimerC'est vraiment un livre qu'il fait découvrir et qui ne laisse pas indifférent!
Ouhlala ouhlala, plus j'en lis sur ce livre, plus j'ai envie de sauter dessus. Et plus j'en lis dessus... plus je me rends compte que j'en attends autant de plaisir que j'ai pu en tirer de la lecture de La Horde du Contrevent (je ne sais pas pourquoi, mais il a l'air en tout cas d'être assez singulier). Bref... Mon porte-monnaie va encore trinquer je sens XD
RépondreSupprimerJ'attends qu'il sorte en poche. Allez, ça va forcément venir ... Joli article.
RépondreSupprimerDis au fait je voulais te demander (total HS), tu connais les Anthinoises ? C'est un festival de culture celtique (y a entr'autre des auteurs en dédicace) qui se donne fin avril à Anthines, dans la province de Liège si mes souvenirs sont corrects. Si jamais, j'y serai.
Ouh, comme ça a l'air bien !! Et les idées développées ont l'air vraiment originales !
RépondreSupprimerDans ma LAL, hop !
Content que l'article vous plaise... le livre est vraiment terrible! Et pas trop cher pour le modèle : 18 EUR.
RépondreSupprimerMerci pour vos commentaires et votre assidue fidélité!
Je partage entièrement ton engouement pour cette petite merveille. Il faudrait que je me décide à rédiger la chronique de ma lecture qui remonte désormais a plusieurs mois. Je l'ai laissé en suspens ne trouvant pas les mots et n'y suis pas revenu depuis.
RépondreSupprimerUn excellent roman, je l'ai dévoré l'été dernier.
RépondreSupprimerPremière lecture : abandon après environ 180 pages, très hachées, dix par ci, trente par là, de quoi tout oublier au fur et à mesure. Puis j'ai recommencé (GPI oblige...) en commettant l'hérésie de le lire dans l'ordre chronologique. Et j'ai été enchantée de ma lecture. J'y ai certainement perdu, surtout quant à l'originalité de ce livre, mais c'est vraiment un texte qui ne supporte pas d'être fragmenté.
RépondreSupprimerEn effet, je suis sur la fin et je suis enchantée. Seul bémol, je me retrouve parfois perdue par ce systéme de chapitre et me voit obligée d'aller relire un bout de ce qu'il s'est passé avant pour me remettre dans le bain et retrouver la cohérence. Vu que les différents lieux sont plusieurs fois visités, même avec les dates, je m'y perds un peu et c'est la seule chose que je pourrais dire de moins pour ce livre. Sinon, vraiment bien écrit, à mettre entre toutes les mains.
RépondreSupprimerJe suis dessus depuis 3 jours et j'avance pas. Beaucoup de mal à suivre et à être concentré sur ce qui se passe.... Je suis déçu pour le moment au point ou j'en suis à me demander si je vais pas abandonner.
RépondreSupprimer@ Kactusss : Moi j'ai adoré, tu l'as surement compris. Je te ferai pas le laïus du "tu vas passer à côté de quelque chose d'énorme". A chacun ses goûts, si tu aimes pas, je suis certain que tu ne manque pas d'alternatives... ;-)
RépondreSupprimerMalheureusement le chapitrage non linéaire voulu par l'auteur fait que l'on se perd dans les différentes époques et que suivre l'intrigue devient difficile ... dommage car l'auteur a du talent.
RépondreSupprimer@ TeddyKGB : Là est un des grands intérêts pour moi, cette déconstruction de l'ordre chronologique du récit. Cela rend l'ensemble ludique, un brin difficile à suivre peut-être, mais pas pour moi. J'ai déguster ce livre avec grand bonheur. Un grand classique en devenir selon moi!
RépondreSupprimerTrès très chouette vraiment ce roman. Atypique, original et intemporel je me suis régalée.
RépondreSupprimer@ Endea : Chez moi il est déjà devenu un classique!
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