Découverte de Gunnar Staalesen et son personnage de détective privé Varg Veum. Un roman noir qui nous emmène à travers les villes et fjords norvégiens, à travers la misère sociale, des meurtres et trafics douteux.
L'histoire de "L'enfant qui criait au loup"
Avant d’être détective privé, Varg Veum travaillait à la Protection de l’enfance. Trop idéaliste et entier, il avait fini par en être renvoyé. Parmi les enfants qu’il avait essayé d’arracher à un destin déjà écrit figurait Janegutt, dont il s’était occupé à plusieurs reprises. Aujourd’hui devenu adulte et accusé du meurtre de ses parents adoptifs, Janegutt est retranché dans un fjord et ne veut parler qu’à une seule personne : Varg Veum.
(Quatrième de couverture du roman publié chez Folio Policier)
Mon avis sur "L'enfant qui criait au loup" de Gunnar Staalesen
Je ne connaissais pas encore cet auteur norvégien, pourtant il s'agit déjà de son douzième roman publié chez Folio Policier.
Avec son personnage de Barg Veum, Gunnar Staalesen offre un retour vers le personnage du détective privé. Pourtant, vu d'aujourd'hui, ce type de personnage assez archétypal semble assez old school voir dépassé. On pense aux personnages créés par Dashiell Hammet ou Raymond Chandler bien évidemment. Détective privé, c'est aussi un métier peu crédible, surtout aujourd'hui, alors Gunnar Staalesen prend le parti de l'autodérision car souvent les interlocuteurs de Varg Veum sourient lorsque ce dernier leur annonce son métier.
Avant de devenir détective privé, Varg Veum travaillait pour la protection de l'enfance. Dans son passé professionnel il a croisé la route de Janegutt à plusieurs reprises. D'abord tout bébé, pour retirer l'enfant de la garde de sa mère trop défoncée que pour pouvoir s'en occuper. Plus tard, enfant, lors de la mort de son père adoptif tombé dans l'escalier. Mort suspecte où on hésite à soupçonner Janegutt de l'avoir pousser dans un accès de colère. Et finalement, à l'âge adulte, accusé du meurtre de ses nouveaux parents adoptifs, c'est vers Varg Veum qu'il se tourne. Le destin s'acharne sur Janegutt, mais pour Varg Veum, il y a des liens étranges à faire. Si le doute reste envers Janegutt dont la vie ne lui a rien épargné, Veum enquête et découvre des liens avec des affaires louches sur du trafic d'alcool. Le compagnon de la mère biologique de Janegutt, qui continue à évoluer dans les ombres de ce dernier, possède un lourd passé également qui est en lien avec ce même trafic. Mais plus le récit avance, plus des liens se créent avec une histoire dont Janegutt pourrait être une victime collatérale. Plusieurs années plus tard, après son inculpation, devenu adulte il sort de prison. Désormais, Varg Veum est sur sa liste de personne à éliminer pour se venger.
Tel le Philip Marlowe de Raymond Chandler, Varg Veum avance tel un chevalier blanc. Quitte à s'aliéner les forces de police, Veum enquête, fouille, questionne, parfois au risque de sa vie, mais démêle des histoires que l'administration policière n'a pu élucider. L'arrière-plan est sombre. La misère social est présente. La vie de Janegutt est loin d'être un long fleuve tranquille quand on est un enfant placé par le juge et que l'on est né d'une mère junkie. Cela fera-t-il de lui d'office un criminel ? Varg Veum en doute, ou du moins garde l'espoir. Mais la vérité est-elle meilleure ?
La construction du récit de "L'enfant qui criait au loup" est pas mal. Démarrant dans le présent, lors de la sortie de prison de Janegutt et de la menace qui pèse sur Veum, le récit part ensuite dans un long flashback qui va éclairer le lecteur sur les différentes étapes de vie de ce Janegutt et des nombreuses enquêtes de Veum. Après cette longue analepse qui prend presque tout le livre, on retourne au présent où Veum part à la recherche de Janegutt et faire face à de sombres découvertes au péril de sa vie. La fin du roman nous laisse également dans le doute, le goût du sang en bouche, l'amertume de la vie en plus.
Le style utilisé par Gunnar Staalesen est assez limpide. Aucune surcharge inutile et des dialogues dynamiques efficaces. Par ailleurs, l'auteur glisse quelques touches d'un humour pince-sans-rire qui m'ont bien plu. Le récit est porté par une noirceur sociale importante, pourtant on ne tombe jamais dans un récit noir insoutenable ou inutilement violent. On reste donc plus proche des classiques Hammett ou Chandler que des Ellroy ou Férey.
Bref, cette découverte de Gunnar Staalesen fut un bon moment de lecture. "L'enfant qui criait au loup" se lit très vite, avec un récit qui nous emmène dans les villes et fjords norvégiens pour un récit finalement assez noir. Une bonne lecture et il n'est pas impossible que je lise d'autres romans de Gunnar Staalesen et ses aventures de Varg Veum.
"L'enfant qui criait au loup" - Gunnar Staalesen
Reviewed by Julien le Naufragé
on
mercredi, octobre 05, 2016
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