C'est au détour d'une visite chez un de mes libraires d'occasion préférés de Liège que j'ai découvert ce roman. Mais c'est surement le conseil avisé de Patrick des éditions de l'instant qui m'a poussé à ouvrir ce roman policier écrit par deux auteurs argentins importants : Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares.
Six problèmes pour Don Isidro Parodi.
Ou comment résoudre six enquêtes sans sortir de prison.
Don Isidro Parodi accusé à tord et condamné est est enfermé en prison. Durant sa réclusion vécue comme un ermitage, notre homme semble avoir développé une force de déduction qui ferait pâlir Sherlock Holmes. Coincé entre quatre murs, Don Isidro Parodi reçoit néanmoins de nombreuses visites car on vient le trouver pour profiter de sa force de réflexion. Au travers de six enquêtes, il va prouver que sans quitter sa cellule, il est capable de déduire qui est l'auteur de chacun des crimes commis.
Dans "Les douzes signes du zodiac", Don Isidro Parodi va devoir déduire qui est le meurtrier d'Abenjaldun, le chef d'une congrégation druses, que Molinari souhaitait rejoindre. Don Isidro
Parodi, sans quitter sa cellule lui démontrera la stupidité de sa pensée
ésotérique et qui est le tueur.
Dans "Les nuits de Goliadkin", il s'agit d'un meurtre dans le Transcontinental, un train qui ne fait aucun arrêt. A
l'arrivée, Gervasio Montenegro est réveillé par
la police et accusé de meurtre et de vol. Pourtant il est innocent ! Face à une situation digne du "Crime de l'Orient Express",
c'est encore Don Parodi, reclus dans sa prison, qui va finalement dénouer
le mystère.
Avec "Le dieux des taureaux", on retrouve le meurtre d'un éleveur de taureaux de la haute société.
Mr Anglada est pressenti comme le meurtrier car il est considéré comme l'amant de la femme de la victime. Sur le conseil de Gervasio Montenegro, Anglada vient trouvé Don Isidro.
Dans "Les machinations de Sangiacomo", on retrouve Anglada. Tout à son verbiage
grandiloquent, notre poète raconte la mort de Pumita, une jeune demoiselle de
la haute société. S'ensuivent d'autres témoignages, le tout aussi dans un verbiage visant à emberlificoter le lecteur et le pauvre Don Isidro, coincé
dans sa cellule.
"La victime de Tadeo Limardo". Toujours enfermé, Don Parodi reçoit Savastano qui vient lui parler de la mort
du jeune Limardo. Se lançant dans un récit des faits qu'il souhaite
présenter, dit-il, "sans finasseries, car c'est contraire à ma nature".
Pourtant, au plaisir des deux auteurs, notre homme s'égare et s'étire en
un long témoignage plein de détails inutiles. Nos auteurs s'amusent !
"Il y de ces types qui vous rapportent de telles choses et en rajoutent tellement qu'ils finissent par vous faire bailler tandis que moi pour vous mettre au fait tout de suite et d'une façon précise, je n'ai pas mon pareil."
Le roman se clôt avec la dernière enquête : "La longue quête de Tai-an". C'est Shu T'ung qui vient le trouver pour une histoire d'un vol improbable à a priori irréalisable.
Mon avis sur ce roman de Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares
Derrières les clichés du roman policier, on sent que nos deux auteurs s'amusent beaucoup. Au travers d'enquêtes dignes des romans d'Agatha Christie ou Sir Arthur Conan Doyle, Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares ont créé un personnage dont la force de déduction est au moins aussi forte que celle d'Hercule Poirot ou de Sherlock Holmes.
Coincé dans sa prison et enfermé à tort, le pauvre Don Isidro Parodi passe son temps avec sagesse et tranquillité sauf quand on vient le déranger pour mettre son intelligence à contribution. Ne pouvant jamais fuir face aux intrusions dans sa cellule, Don Isidro répond aux demandes des personnes qui envahissent son espace de vie. Parfois il écoute de manière bienveillante, parfois il subit la logorrhée des personnes lui rendant visite. Avec ce côté verbeux, on rigole sur certains
traits du texte et je me plaît à imaginer nos deux auteurs, Borges et
Casares, se plaire à égratigner le monde de la haute société et de la
littérature guindée.
Bref, les "Six problèmes pour Don Isidro Parodi" est un bon moment de lecture. On sent bien que Borges et Casares se sont amusés à jouer avec les clichés du genre tout en créant des récits qui se relient légèrement entre eux. Un roman peu connu mais sympathique à lire, même si parfois trop verbeux à mon goût.
"Six problèmes pour Don Isidro Parodi" - Jorge Luis Borges & Adolfo Bioy Cassares
Reviewed by Julien le Naufragé
on
vendredi, avril 01, 2016
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Bien qu'amateur des deux auteurs, j'ignorais l'existence de ce recueil. Il est vrai que tous les deux sont des jouisseurs du langage - construire à deux à dû faire émulation.
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour cette découverte, ami naufragé.
Bonjour chez toi !
Merci encore de ton passage et de tes fidèles lectures. Je continuerai, avec le temps, de découvrir leurs oeuvres respectives.
SupprimerDans le même genre : le Père Brown (y a 4 volumes de nouvelles je pense en français)par un des auteurs préférés de Neil Gaiman et moi-même (des référents de qualité donc ;) ) : l'immense G.K. Chesterton !
RépondreSupprimerTu m'en avais peut-être déjà touché un mot. Le Père Brown donc, de Chesterton, je garde cela dans un coin de ma mémoire et si j'en croise, j'attrape cela. D'autant que j'ai deux bons garants de qualité du coup ;-)
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