Que peut-on encore, aujourd'hui dire et ajouter sur "Transparences" ? Ce polar d'Ayerdhal est un roman qui a été vendu à plusieurs milliers d'exemplaires. Un roman noir, rythmé comme un thriller, qui nous invite à suivre un jeune psychologue de la police traquant une jeune femme, tueuse en série, qui ne laisse jamais de traces, même dans l'esprit des gens qui la croisent...
A propos d'Ayerdhal
Yal Ayerdhal
est l'auteur aujourd'hui de plus de 20 romans. Il est également primé
de plusieurs prix, tant en SF qu'en polar/thriller. Jadis un auteur
essentiellement SF, c'est aujourd'hui un auteur plutôt thriller ou
polar. Encore que chez lui, la limite n'est jamais bien définie,
toujours fluctuante, et ça me plaît bien. Ayerdhal
est aussi l'auteur des coups de gueule, le syndicaliste de la
littérature, l'homme qui l'ouvre quand d'autres se taisent. Cela en
énerve sûrement certains, mais cela en sert sûrement d'autres. Et il
faut bien avouer que ce côté grande gueule se retrouve aussi dans les
personnages de ses romans.
Mon avis sur "Transparences"
"Transparences" est peut-être le roman d'Ayerdhal qui s'est le plus vendu. Il faut bien avouer que le polar touche un public bien plus large que la science-fiction. Toujours est-il que quand un monument de la SF française s'attaque au polar, cela donne un roman ultra efficace, pas spécifiquement manichéen, rythmé et qui porte même une légère touche SF si l'on pense à la particularité de cette tueuse de s'effacer de la mémoire des personnes qu'elle croise.
Mais qu'en est-il de l'histoire de "Transparences" ? Stephen Bellanger est un psychologue d'origine québécoise, criminologue pour Interpol et plutôt porté à gauche de l'échiquier politique. Chaque jour il croise son pote SDF dans le parc, lui fait la causette, boit un café avec lui et s'en va ensuite travailler. Son enquête du moment : retrouver et identifier qui est Ann X. Cette jeune femme, sans type défini, est connue pour de nombreux meurtres à l'arme blanche ou avec d'autres objets détournés. Rapide et efficace, elle disparaît aussi vite du lieu du méfait, mais aussi des mémoires des gens tout comme des bandes vidéos. Personne ne garde aucun souvenir de l'avoir croisée. Aucun descriptif cohérent n'existe. Rien.
Néanmoins, Stephen Bellanger se lance dans le labyrinthe. Il remonte le fil, trouve des pistes, s'égare puis retrouve le chemin. Des détails se recoupent, voir même certains témoignages, les pièces s'assemblent, le puzzle prend forme mais reste flou. Des rencontrent l'aideront à y voir plus clair, comme Inge, cette criminologue à la retraire qui a rencontré Ann X, ou encore Michel, son pote SDF et philosophe, lui-même un être transparent à sa manière.
"Transparences" nous offre aussi une belle sarabande de personnages. On a bien sur Stephen et son pote Michel, mais on y croise plein d'autres personnages, tant européen qu'étasuniens ou russes. L'histoire se passe après l'explosion du bloc soviétique, mais les tensions semblent encore latentes. Et les services secrets des différents blocs mondiaux ne semblent pas toujours prêts à réellement collaborer. Il faut bien avouer qu'avec plus de mille meurtres à son compteur, Ann X est traquée par les services secrets et policiers du monde entier. Même si certains assassinats semblent avoir servis certains camps à des moments de l'histoire. Aurait-elle été instrumentalisée dans un jeu géopolitique mondial ? Ann X serait-elle l'arme suprême que chaque camp souhaiterait posséder ?
Au niveau du style narratif, on est dans dans du Ayerdhal pur jus : l'écriture est très centrée sur les dialogues. Depuis son premier roman, l'auteur nous a habitué à cela : joutes verbales, logorrhée des personnages, déclamations et réflexions. Mais depuis "La bohême et l'ivraie", Ayerdhal a su maîtriser cela et cela fonctionne beaucoup mieux. L'auteur offre également quelques belles scènes d'action assez cinématographiques. Le dosage de ces éléments d'action face aux phases d'enquêtes et aux dialogues est assez réussi, on sent là également une nette évolution. "Transparences" coule donc assez bien en mains et se dévore avec grand plaisir. Ces deux éléments, dialogues complexes et rythmique générale du roman, sont peut-être les clés du succès de ce roman ? Ce qui aurait permis à Ayerdhal de remporter le Prix Polar Michel Lebrun et le Grand Prix de l'Imaginaire pour ce roman ? Sans doute, mais ce serait oublier ses personnages complexes : Stephen, Ann X, Michel, Inge, etc.
Bref, "Transparences" est un très bon polar. Un excellent même ! Bien sur il a ses défauts : roman complexe, digression, longs dialogues, etc. Mais ce sont des défauts, ou des points forts, que l'on connaît chez Ayerdhal. Alors, plus de 10 ans après la sortie de ce roman, que puis-je dire de plus ? Que son succès était mérité et qu'il vaut le détour. Il ne me reste plus qu'à m'attaquer à "Résurgences", la suite qui a (commercialement) bien moins fonctionné car arrivée trop tard sans doute. En attendant, j'espère profondément que l'auteur se remettra de ses ennuis de santé et qu'il nous livrera encore des livres dont il a le secret !
"Transparences" - Ayerdhal
Reviewed by Julien le Naufragé
on
lundi, juillet 20, 2015
Rating:
Il me tarde de le découvrir.
RépondreSupprimerJe l'ai acheté, ainsi que sa suite, lors de la rencontre Chez Livre aux trésors.
Et en grand format siouplait... j'adore Au diable Vauvert :-)
Lu aussi en grand format. J'ai la suite. Si jamais tu lis "Transparences" prochainement, je t'attends pour lire "Résurgences" et faire ça en lecture commune ;-)
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