Hé oui, parfois je me noie aussi dans des lectures classiques. Cela me plaît tout autant que la SFFF et me permet d'alterner les plaisir. Voici deux courts roman d'auteurs classiques forts recommandables : André Gide et Dostoïevski.
+++ Mon avis +++
André Gide, prix Nobel de littérature en 1947, a publié "La symphonie pastorale" en 1917. Court roman de moins de 150 pages, ce que d'autres appelleraient novella, tient par la force du récit et l'écriture maîtrisée de l'auteur. L'histoire contée par André Gide est une histoire d'amour entre Gertrude, jeune aveugle, et un pasteur qui l'a recueillie et l'éduque. Ce dernier voit naître en lui un sentiment d'amour plus profond que celui porté par un maître envers son élève. Tiraillé par ses sentiments qu'il n'a pas vu venir, malgré les mises en garde de sa femme, notre pasteur interprétera le contenu de la Bible en fonction de ce qui l'arrange pour convenir à la situation dans laquelle il s'est mis. La morale religieuse est donc sujette à l'interprétation que l'on veut en faire et dans la lecture de la Bible on y voit ce que l'on veut y voir. Aussi saint que soit le livre, le lecteur par sa subjectivité y lira ce qu'il veut y trouver. Au niveau de l'écriture, le style d'André Gide est maîtrisé, écrit comme un journal, le texte se laisse lire comme un simple roman où le dialogue a également sa place. Au niveau des phrases, l'auteur ne fait pas l'impasse sur les phrases longues mais celles-ci coulent toutes seules et le roman se dévore en moins de temps qu'on ne le croit. Un auteur que je découvre et que je lirai probablement encore dans le futur.
"Les carnets du sous-sol" de Dostoïveski est un texte noir mais puissant présenté comme un journal intime. Ce roman de 1864, par ses réflexions pleines d'acrimonie offre un beau terrain de réflexion, voir de philosophie. C'est d'ailleurs au travers d'un extrait présent dans le magazine Philosophie, que j'ai lu il y a quelques années, que j'avais pris goût à cette lecture. Le roman se découpe en deux textes relativement distincts. Le premier, "Le sous-sol" est un long monologue où le narrateur, un fonctionnaire malade, se complet dans sa douleur, sa méchanceté, sa colère et son aigreur. De par le regard critique qu'il porte au monde, il prend une position qu'il ressent comme supérieur à tous ceux qui l'entoure. Mais dans ce monologue, ce maniaco-dépressif n'ira pas sans s'emmêler dans certaines contradictions. Que lui apporte sa conscience du monde? Sont-ce les autres les fous, ou est-ce lui? Est-ce que la conscience de ce qui nous entoure nous mène réellement au-dessus des autres? Ne vaut-il pas mieux parfois rester dans l'idiotie simple et crasse? Parfois la lucidité amène à une solitude pleine d'amertume. Le deuxième récit, "A propos de neige mouillée", est l'histoire d'un homme qui prépare sa vengeance pendant des années, ruminant une humiliation qu'il ressent avec toute la douleur et l'aigreur que cela apporte. Un texte sur l'orgueil et la solitude. Une solitude telle que notre narrateur en devient dépendant, jusqu'à rejeter l'amour d'une femme, ne pouvant peut-être accepter le fait de devenir dépendant de celle-ci? Il est parfois plus simple de se complaire dans son malheur que d'avancer vers l'inconnu.
Un texte dense, lucide, plein d'aigreur et qui percute le lecteur par sa narration pleine d'amertume. Un texte que je relirai peut-être dans quelques années qui sait?
+++ Extraits des "Carnets du sous-sol" +++
"D’où vient que vous êtes si fermement, si triomphalement persuadés que seuls le positif et le normal – bref, en un mot, le bien-être – sont dans les intérêts des hommes ? Et si les hommes n’aimaient pas seulement le bien-être ? Et s’ils aimaient la souffrance exactement autant? Si la souffrance les intéressait tout autant que le bien-être? Les hommes l'aiment quelquefois, la souffrance, d'une façon terrible, passionnée, ça aussi c'est un fait." Dostoïevski
"Laissez-nous seuls, sans les livres, et nous serons perdus, abandonnés,
nous ne saurons pas à quoi nous accrocher, à quoi nous retenir; quoi
aimer, quoi haïr, quoi respecter, quoi mépriser. Dostoïevski
"Les carnets du sous-sol" et "La symphonie pastorale"
Reviewed by Julien le Naufragé
on
mercredi, juin 26, 2013
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oui, et tu me donne envie de me lancer dans la lecture de "Thésée" de Gide, que j'ai acquis ici dernièrement.
RépondreSupprimerReste plus qu'a trouver le temps de le lire...
@ Archibald : Tu me diras ce que tu en penses ;-)
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