Avec ce recueil de nouvelles, Ted Chiang nous offre un livre de Science-Fiction fort intelligent. D'une prose agréable mais pas très lyrique mais d'une inventivité incroyable. Le bonhomme mérite plus qu'amplement les différents prix déjà reçus pour ces textes : le Prix Nebula, le Theodore Sturgeon Award, le prix Hugo, le Sidewise Award, etc. Bref de la SF haute gamme, intelligente et stimulante, mais parfois rebutante.
+++ La quatrième de couverture +++
Entre 1991 et 2002, Ted Chiang a écrit huit nouvelles (toutes réunies dans ce recueil). Ces textes, ciselés par un véritable surdoué, ont été par récompensés par une kyrielle de prix littéraires. " La tour de Babylone ", la première nouvelle publiée par l'auteur, a eu les honneur du prix Nebula. " L'histoire de ta vie " a été récompensée par un autre Nebula et le Theodore Sturgeon Award. " Soixante-douze lettres " a été nominée au prix Hugo et a reçu le Sidewise Award. " L'enfer, quand Dieu n'est pas présent " a reçu les prix Hugo et Nebula. On trouve ainsi au sommaire de ce recueil : deux brillantes uchronies, thriller paranoïaque haletant, une histoire de deuil et d'anges, une rencontre avec des extraterrestres, une autre avec la post-humanité... Huit textes dont la somme dessine le potentiel hors du commun d'un auteur d'ores et déjà célèbre dans le monde de la science-fiction anglo-saxonne malgré son impardonnable manque de prolixité.
+++ Les Nouvelles +++
La tour de Babylone : je garde un très bon souvenir de cette nouvelle touchant une vision propre de la tour de Babel. Pourtant sa lecture date car je l'avais lue lors de l'empreint de ce livre il y'a des mois de cela (merci Michael "Archibald"). Une nouvelle intrigante et provocant un certain vertige. Mais que trouveront-ils au sommet?
Comprends : une nouvelle classique SF. Là où l'hormone K a permis de sortir un homme du coma et de le rendre plus intelligent que les autres. Évolution d'une intelligence qui me rappelle inévitablement "Des fleurs pour Algernon" de Keyes. J'ai bien aimé cette nouvelle.
Division par zéro : Où la nouvelle basée sur les mathématique. On vous avait bien dit qu'on était dans la science-fiction hey. Mais le plus troublant reste à voir : comment une mathématicienne peut sombrer dans la folie en voyant que les mathématiques reposent sur des axiomes pouvant être démontrés caduques...
L'histoire de ta vie est la nouvelle qui invite la linguistique dans la SF. C'est intéressant de voir comment une langue peut influencer la manière de penser et de voir les choses, ce qui est (je pense) démontré par la linguistique. Autre question abordée : comment vit-on lorsque l'on connait tout de ce qui est et adviendra. La part de la destinée et du libre arbitre dans tout cela. Change-t-on son futur, ou vit-on heureux tout en laissant devenir ce qui doit devenir. Une bien chouette nouvelle qui m'a rapellé R.C. Wilson par le ton mélancolique de ce texte.
Soixante-douze lettres est une nouvelle un peu spéciale, mais peut-être celle où il y'a le plus d'aventure finalement. On est dans une uchronie dirons-nous, ou quelque chose du genre. Le héros est un nomenclateur, et pour dire simplement, avec sa maîtrise des lettres il crée des mots de pouvoir qui permettent d'animer des golems doués pour certaines tâchent. Finalement, une version différentes et plus romantique du robot (?). Par contre on rentre par instants dans des réflexion compliquées sur la génétique et autres fin de l'humanité. Enfin bref, j'ai moyennement aimé. Voir bof.
L'évolution de la science humaine : Bref texte paru dans la célèbre revue scientifique Nature. Mais texte un peu trop bref... trop vite oublié.
L'Enfer, quand Dieu n'est pas présent : Et hop on parle de dieu et surtout de nombreuses apparitions terrestres d'anges. Tout au long du texte je me suis demandé quel serait la chute... et si j'ai bien compris, finalement cela ressemble plus à une défense du comment croire en dieu malgré tout ce qui se passe. Mais désolé, je suis athée. On passe...
Aimer ce que l'on voit : un documentaire : Excellente nouvelle si l'en est. Car ce texte est présenté comme un reportage télévisuel. Avec des interventions séparées, offrant ainsi un documentaire complet où l'on retrouve les différents avis des interviewés sur l'influence de la beauté entre individus sur notre monde. Réflexion bien amenée et très poussée nous laissant la porte ouverte, histoire de se faire sa propre opinion.
Comprends : une nouvelle classique SF. Là où l'hormone K a permis de sortir un homme du coma et de le rendre plus intelligent que les autres. Évolution d'une intelligence qui me rappelle inévitablement "Des fleurs pour Algernon" de Keyes. J'ai bien aimé cette nouvelle.
Division par zéro : Où la nouvelle basée sur les mathématique. On vous avait bien dit qu'on était dans la science-fiction hey. Mais le plus troublant reste à voir : comment une mathématicienne peut sombrer dans la folie en voyant que les mathématiques reposent sur des axiomes pouvant être démontrés caduques...
L'histoire de ta vie est la nouvelle qui invite la linguistique dans la SF. C'est intéressant de voir comment une langue peut influencer la manière de penser et de voir les choses, ce qui est (je pense) démontré par la linguistique. Autre question abordée : comment vit-on lorsque l'on connait tout de ce qui est et adviendra. La part de la destinée et du libre arbitre dans tout cela. Change-t-on son futur, ou vit-on heureux tout en laissant devenir ce qui doit devenir. Une bien chouette nouvelle qui m'a rapellé R.C. Wilson par le ton mélancolique de ce texte.
Soixante-douze lettres est une nouvelle un peu spéciale, mais peut-être celle où il y'a le plus d'aventure finalement. On est dans une uchronie dirons-nous, ou quelque chose du genre. Le héros est un nomenclateur, et pour dire simplement, avec sa maîtrise des lettres il crée des mots de pouvoir qui permettent d'animer des golems doués pour certaines tâchent. Finalement, une version différentes et plus romantique du robot (?). Par contre on rentre par instants dans des réflexion compliquées sur la génétique et autres fin de l'humanité. Enfin bref, j'ai moyennement aimé. Voir bof.
L'évolution de la science humaine : Bref texte paru dans la célèbre revue scientifique Nature. Mais texte un peu trop bref... trop vite oublié.
L'Enfer, quand Dieu n'est pas présent : Et hop on parle de dieu et surtout de nombreuses apparitions terrestres d'anges. Tout au long du texte je me suis demandé quel serait la chute... et si j'ai bien compris, finalement cela ressemble plus à une défense du comment croire en dieu malgré tout ce qui se passe. Mais désolé, je suis athée. On passe...
Aimer ce que l'on voit : un documentaire : Excellente nouvelle si l'en est. Car ce texte est présenté comme un reportage télévisuel. Avec des interventions séparées, offrant ainsi un documentaire complet où l'on retrouve les différents avis des interviewés sur l'influence de la beauté entre individus sur notre monde. Réflexion bien amenée et très poussée nous laissant la porte ouverte, histoire de se faire sa propre opinion.
+++ Mon avis +++
Bref, bilan mitigé. Ted Chiang offre ici un recueil fort intéressant. Des textes intelligents, parfois obscures et qui manquent un peu de lyrisme ou de belles images. Mais l'auteur prend un chemin SF plus proche de la hard science-fiction que de l'anticipation entertainment. C'est agréable, stimulant, mais assommant et frustrant également. Et comme tout recueil de nouvelles, il y'a du bon et du meilleur.
Cela dit, Ted Chiang n'en est ici qu'à son premier recueil édité. Et jusque là l'auteur semble rester un nouvelliste. Et un de taille si l'on regarde sa dernière nouvelle traduite en français et publiée dans Bifrost n°56, car celle-ci a reçu rien de moins que trois titres : le Locus, le British Science-Fiction Award et surtout le prestigieux Prix Hugo. Et cela pour sa seule nouvelle édite en 2009. Soit, le petit génie de la SF étasunienne semble peu productif, mais semble mieux travailler ses textes également et on ne peut qu'apprécier.
Mais revenons à ce recueil. Celui-ci profite de très bons textes qui poussent à la réflexion et c'est ce qu'on aime dans la SF. On est loin du divertissement, ce qui a tendance à élever la SF vers des hauteurs intellectuelles intéressantes... Mais c'est aussi le genre de SF que le grand public n'appréciera pas forcément. Mais attention je n'ai pas dis que c'était réservé à une élite... loin de là!
A essayer donc, d'autant que la version poche existe. A tester pour ceux qui aiment la SF qui fait réfléchir. Par contre les amateurs d'aventure et de beaux textes lyriques, je vous conseille de passer votre chemin.
En passant, encor eune belle illustration de Manchu.
Cela dit, Ted Chiang n'en est ici qu'à son premier recueil édité. Et jusque là l'auteur semble rester un nouvelliste. Et un de taille si l'on regarde sa dernière nouvelle traduite en français et publiée dans Bifrost n°56, car celle-ci a reçu rien de moins que trois titres : le Locus, le British Science-Fiction Award et surtout le prestigieux Prix Hugo. Et cela pour sa seule nouvelle édite en 2009. Soit, le petit génie de la SF étasunienne semble peu productif, mais semble mieux travailler ses textes également et on ne peut qu'apprécier.
Mais revenons à ce recueil. Celui-ci profite de très bons textes qui poussent à la réflexion et c'est ce qu'on aime dans la SF. On est loin du divertissement, ce qui a tendance à élever la SF vers des hauteurs intellectuelles intéressantes... Mais c'est aussi le genre de SF que le grand public n'appréciera pas forcément. Mais attention je n'ai pas dis que c'était réservé à une élite... loin de là!
A essayer donc, d'autant que la version poche existe. A tester pour ceux qui aiment la SF qui fait réfléchir. Par contre les amateurs d'aventure et de beaux textes lyriques, je vous conseille de passer votre chemin.
En passant, encor eune belle illustration de Manchu.
+++ Sur le Web +++
L'avis de Shaya sur ce livre
Ted Chiang sur Le Cafard Cosmique
Le livre sur ActuSF
Le livre sur Noosfere
+++ Le livre +++
Broché: 341 pages
Editeur : Editions Denoël (21 avril 2006)
Collection : Lunes d'encre
Prix Aprximatif : 20 EUR
Poche: 406 pages
Editeur : Editions Gallimard (30 avril 2010)
Collection : Folio SF
Prix Approximatif : 7,50 EUR
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"La tour de Babylone" de Ted Chiang
Reviewed by Julien le Naufragé
on
mardi, août 24, 2010
Rating:
Merci pour ton commentaire ! J'avoue que je suis bien d'accord avec toi pour ce recueil, c'est intéressant, mais tout le monde n'appréciera pas !
RépondreSupprimerJe le note. Ne serait ce que pour découvrir le style de l'auteur et son univers. Il finira bien par être un peu plus prolixe les années passant.
RépondreSupprimerexcellent recueil de nouvelles, moi j'ai vraiment bien accroché. Je t'emprunterai le bifrost pour y lire sa nouvelle :-)
RépondreSupprimer@ Archibald : Je te prêterai cela demain soir alors. ;-)
RépondreSupprimer@ El JC : Bonne découverte, cela vaut le coup d'essayer je pense quand on aime la SF.
@ Shaya : bien content de partager le même avis que toi!
Un auteur que je ne connais pas. Je note!
RépondreSupprimerPas plus mal de picorer différentes textes... Ce recueil me tenterait bien, même si je n'ai presque jms lu de science fiction :)
RépondreSupprimer@ bientôt !
(Oups, une erreur dans l'url de mn blog ds le msg précédent!)
RépondreSupprimerPas plus mal de picorer différentes textes... Ce recueil me tenterait bien, même si je n'ai presque jms lu de science fiction :)
@ bientôt !
j'adore la SF mais pas les nouvelles, je trouve cette forme de récit trop couts, on n'a pas le temps de s'imprégner d'une ambiance que c'est fini, et c'est très présent dans la SF, dommage car il y a des très bon récits très riches
RépondreSupprimer@ Phooka : bonne initiative
RépondreSupprimer@ Jennifer : je prendrai le temps de lire tes longs billets à l'occasion et merci pour ton passage. Tu es la bienvenue.
@ Pom' : La nouvelle est un style classique de la SF car c'est de là que tout vient. La SF ne serait pas ce qu'elle est sans cela, existant bien avant que le genre n'accède au format roman. Mais tes critiques sont tout à fait juste sur la longueur et le coté difficile de rentrer dedans. Un bon nouvelliste n'est pas forcément un bon romancier, et inversement. Mais le format nouvelle a un certain charme que j'ai adoré un moment, plus aimé à un autre mais que j'aime à nouveau énormément.
Assez en accord avec cet avis. Je soulignerais, au delà du côté hard-science (ce n'est pas si hard science que ça), l'importance de saisir les problématiques scientifiques pour vraiment profiter du recueil. Ce qui ne le réserve certes pas à une élite mais plutôt à un lectorat averti par ces questions.
RépondreSupprimer@ Emmanuel : Finalement assez d'accord avec ton point de vue sur son côté hard-science. Même si... Et puis cela peut dépendre des nouvelles en fait. Mais parfois cela manque un peu de lyrisme. En cela, Il reste plus proche d'une SF en tant que littérature d'idées plutôt que de belles phrases, même si les deux ne sont pas incompatibles selon moi.
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