Il y'a des livres comme ça qui marquent. Des oeuvres rares qui deviennent immédietemment des classiques. Des bouquins pour lesquels on sait pertinemment qu'un jour ou l'autre on y retournera tellement la lecture fut un plaisir. "Janua Vera" fait partie de ce nouveau panthéon. Et Jean-Philippe Jaworski risque de devenir rapidement un de mes auteurs favoris.
+++ La quatrième de couverture +++
Né du rêve d'un conquérant, le Vieux Royaume n'est plus que le souvenir de sa grandeur passée... Une poussière de fiefs, de bourgs et de cités a fleuri parmi ses ruines, une société féodale et chamarrée où des héros nobles ou humbles, brutaux ou érudits, se dressent contre leur destin. Ainsi Benvenuto l'assassin trempe dans un complot dont il risque d'être la première victime, AEdan le chevalier défend l'honneur des dames, Cecht le guerrier affronte ses fantômes au milieu des tueries... Ils plongent dans les intrigues, les cultes et les guerres du Vieux Royaume. Et dans ses mystères, dont les clefs se nichent au plus profond du cœur humain...
+++ Mon avis +++
"Janua Vera" est un recueil d'un plaisir incroyable. Pas qu'il dégage du bonheur ni de la joie de vivre, loin de là mais Jean-Philippe Jaworski arrive à nous immerger dans son univers riche d'une langue qu'il maîtrise superbement. Des phrases ciselées, un verbe riche et une rythmique agréable... enfin bref, c'est que du bonheur. Malgré tout cela, il n'est pas forcément facile de dire tout le plaisir que j'ai pu en tirer. Et ma sympathique chronique ne fera que se noyer dans un océan de critiques positives envers ce livre.
Et pourtant, le travail de la nouvelle n'est pas toujours évident. Mais Jaworski réussit le travail, quelle que soit la longueur, peu importe le sujet et le ton. A chaque fois, on est emporté dans son univers du Vieux Royaume, quelque part pas très loin d'ici, quelque part au sein de notre imagination. La force de ce recueil est la diversité des tons, on en voit de toutes les couleurs sans être pour autant désarçonné. Passant de la légende à l'aventure de la pire racaille d'assassin qui soit : le fameux Benvenuto. Croisant la chanson de geste et glissant sur un humour décapant. A chaque nouvelle son style, son ton. Et ça c'est du bonheur! Jamais d'ennui... juste envie que cela continue!
Passons en revue les quelques nouvelles, huit en tout, qui font ce recueil.
On ouvre sur "Janua Vera", un premier texte onirique sur fond de légende. Un texte au ton particulier qui a comme un goût de porte ouverte sur un nouveau monde. Un vocabulaire riche et suranné qui donne un petit quelque chose de hors normes. C'est plaisant, mais peut-être pas la plus réussie des nouvelles.
"Mauvaise donne" nous fait suivre la pire racaille qui soit. Un assassin répondant au doux nom ironique de Benvenuto. Un salle type prêt à vous suriner si vous le faites chier... le genre de gars a qui il arrive les pires crasses. Le genre de gars que tout le monde veut tuer. Le genre de gars dont on suit les mésaventures avec un plaisir. A tel point que "Gagner la guerre" est en commande... histoire de continuer à suivre cette salle brute un peu plus loin dans ces méfaits.
"Le service des dames" a un vocabulaire riche, proche du roman courtois. Proche du roman historique. Le détail des combats est surprenant mais agréable. Une dame exécrable et un chevalier courtois... cela nous offre un beau duel de chevalerie.
"Une offrande très précieuse" nous emmène dans une horde barbare. Suite à une embuscade Cecht se réfugie dans une forêt sombre... où il retrouvera son compagnon Dugham... et ses démons intérieurs. Un récit surprenant.
"Le conte de Suzelle" est la vie de la Suzelle. Dame de rien car fille de rien.. Une fille du village qui rêve, une femme qui subit sa vie tout en attendant l'homme de ses rêves, croisé un jour au bord du ruisseau. Un beau conte mais néanmoins triste et cruel...comme la vie!
"Jour de guigne" ou les mésaventures de Maître Calame. L pauvre homme atteint du syndrome du Palimpseste subit toutes les pires calamités les unes derrières les autres... et pendant ce temps-là, nous on se marre. Car rien n'a changé sous ce bas monde, on rigole toujours du malheur des autres... surtout quand c'est si bien tourné. Il y'a comme un arrière-goût assumé de Terry Pratchett là-dedans me dit-on. Moi qui aime Pratchett... faudra peut-être que je réessaye pour réviser mon jugement. En attendant, c'est une nouvelle terrible et qui contraste bien avec le triste "Conte de Suzelle".
"Un amour dévorant" est la nouvelle en bonus sur cette version poche. Et le texte que j'ai le moins aimé. J'y ai pas trop accroché...une lecture trop décousue sans doute! On est quelque part. dans un comté perdu, entre légendes et malédictions, là où les gueux subissent les malheurs des Appeleurs... Là où le clergé du Désseché envoie le gyrovague Pharma pour enquêter.
Et pour terminer : "Le confident", où l'on suit les méandres cérébelleux d'un moine ayant fait vœu d'Obscurité pour le Désseché. Un texte presque fantastique, sombre et effrayant, où l'on se retrouve emprisonné dans la tête d'un ministre du Désséché... et croyez-moi, ça a de quoi vous foutre les jetons.
Au final, pour moi, "Janua Vera" est l'un de ces rares recueils ou toutes les nouvelles m'ont plues (sauf peut-être "Un amour dévorant"). Forcément certaines un peu plus que d'autres, mais dans l'ensemble rien n'est à jeter, tout est à dévorer sans retenue aucune! En plus la couverture en poche est très belle, et colle bien au contenu du roman!
+++ Sur le Web +++
Lecture effectuée dans le cadre du Cercle d'Atuan.
Les chroniques de mes compagnons d'aventure :
Entretien avec J-P Jaworski sur Le Cafard Cosmique
La discussion entre les internautes et J-P Jaworski sur ActuSF.com
Et plein d'autres bonnes chornique spositives sur le web...
+++ Le livre +++
Prix du Cafard Cosmique en 2008
- Poche: 488 pages
- Editeur : Editions Gallimard (26 février 2009)
- Collection : Folio SF
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"Janua Vera" de Jean-Philippe Jaworski
Reviewed by Julien le Naufragé
on
jeudi, juin 10, 2010
Rating:
J'ignorais que nous étions fâchés : tu ne me cites pas dans les liens. :o)
RépondreSupprimerSinon, le plus simple encore une fois c'est de donner le lien vers le hit-parade du Cercle. Comme ça tu n'oublies personne, tu n'es pas obligé de mettre à jour ton billet à chaque nouvelle chronique et tu fais de la pub pour le Cercle. Cool, non ?
Le lien pour le Hit-Parade.
Bon hé bien j'ai du faire une erreur de copier/coller car cela vient de la page hit parade? Je vais aller changer cela de suite! Et non je ne suis pas fâché contre toi! ;-)
RépondreSupprimerJaworski a un talent incomparable, j'attends avec impatience son prochain livre.
RépondreSupprimerUn recueil d'une rare intensité. J'ai pris un réel plaisir à me plonger dans cet univers riche, présenté par une plume qui ne l'est pas moins. Un must ! Je me plongerai très prochainement dans "Gagner la Guerre".
RépondreSupprimerJe ne connais absolument pas (ce qui ne veut rien dire hein xD) .. mais comme je ne suis pas trop tournée vers les nouvelles je sais pas trop ... :/
RépondreSupprimerTu devrais essayer. C'est un des meilleurs livres du début 2010 pour moi. Mais sinon il a aussi écrit "Gagner la guerre" qui est un roman gros comme une brique.
RépondreSupprimerJe suis complètement mais complètement d'accord avec ton introduction, c'est tout à fait ce que j'ai ressenti, je l'ai même classé dans les chef d'oeuvre tellement j'ai été séduite par ce recueil, et quelle écriture !
RépondreSupprimer@ Endea : Tu me fais penser que je n'ai finalement jamais chroniqué "Gagner la guerre". D'ailleurs j'aurais presque envie un jour de relire Jaworski.
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