"Spin" est actuellement considérée comme l'oeuvre majeure de Robert Charles Wilson. Découvert pour ma part au travers de son livre "Les Chronolithes" (chroniqué ici), c'est avec intérêt que j'attendais la lecture de "Spin". Et pour dire vrais le livre s'est révélé être à la hauteur de mes attentes, propulsant actuellement Robert Charles Wilson parmi mes auteurs favoris en à peine deux lectures, et classant "Spin" dans le top du top des livres lus en 2010.
+++ La quatrième de couverture +++
Une nuit d'octobre, Tyler Dupree, douze ans, et ses deux meilleurs amis, Jason et Diane Lawton, quatorze ans, assistent à la disparition soudaine des étoiles. Bientôt, l'humanité s'aperçoit que la Terre est entourée d'une barrière à l'extérieur de laquelle le temps s'écoule des millions de fois plus vite. La lune a disparu, le soleil est un simulacre, les satellites artificiels sont retombés sur terre. Mais le plus grave, c'est qu'à la vitesse à laquelle vieillit désormais le véritable soleil, l'humanité n'a plus que quelques décennies à vivre... Qui a emprisonné la terre derrière le Bouclier d'Octobre? Et s'il s'agit d'extraterrestres, pourquoi ont-ils agi ainsi ? Spin est le roman le plus ambitieux de Robert Charles Wilson à ce jour. Une ambition récompensée en septembre 2006 par le prix Hugo, la plus haute distinction de la science-fiction.
+++ Mon avis +++
"Spin" est pour moi un livre superbe. Un roman hallucinant, époustouflant et vertigineux. Un livre qui mérite amplement son Prix Hugo de 2006. Et le genre de livre pour lequel je ne suis pas certain de trouver les mots justes pour le décrire.
Robert Charles Wilson joue la carte psychologique des personnages tout en les développant sur fond de clichés SF éculés et retravaillés : la conquête spatiale, la terraformation de Mars, l'allongement de la vie, et la menace extra-terrestre. "Spin" est pour moi un livre profondément humaniste, un livre sur l'humaine condition plus qu'un livre d'aventure. Comme si la spéculation SF n'était qu'un prétexte parmi d'autres pour aborder l'Homme d'aujourd'hui, ses craintes, ses peurs, ses psychoses et ses sensibilités. Bien évidemment, en cela, il sort du lot, mais du même coup il déplaira à ceux et celles qui cherchent dans la SF un bon moment d'aventure.
Pour en revenir à l'histoire, on va suivre la vie de trois personnages : Tyler, Jason et Diane. Trois enfants du Spin, trois individus marqués par ce changement qu'est l'apparition d'une membrane protectrice, celle qui fit disparaître les étoiles de la voûte céleste. Suivant la vie de Tyler Dupree, on sera marqué par le fait que celui-ci n'est pas un héros. Il ne fait rien d'incroyable ou que tout le monde puisse faire. On pourrait presque croire que celui-ci est un personnage secondaire, suivant et secondant les actions marquantes portées par Jason, son ami d'enfance, et le père de ce dernier. Jason, fils prodige, est homme de science et acteur de l'exploration spatiale et de la terraformation de Mars.
Mais le Spin, qu'est-il? Une barrière perméable, protégeant la terre du soleil et faisant vivre notre planète plus lentement que le reste de l'univers. Mais qui l'a installée. Qui et pourquoi? Là-dessus Wilson joue sur la peur de l'extérieur, de l'inconnu, de l'étranger. Une menace jamais concrète mais toujours omniprésente, laissant transpirer une tension palpable. Mais cette menace, existe-t-elle réellement?
Mais là où Jason réponds presque de manière rationnelle au problème Spin, Diane, sa soeur, se tourne vers le religieux. Choix de tant de gens face à la peur de l'incertitude. Deux manières différentes de répondre à ce bouleversement qu'est le Spin. Deux visions au milieu desquels on retrouve Tyler, qui sous une froidure extérieur partage sa vie entre son amitié pour Jason et son amour pour Diane. Mais comme la vie, tout n'est pas beau dans le meilleur des mondes. Les choses se font, se défont, se compliquent et évoluent, tel le reflet de notre société actuel. Robert Charles Wilson nous offre un livre ambitieux sans être prétentieux ni même moralisateur.
Robert Charles Wilson est un grand écrivain qui manie sa plume d'une bien belle manière. A tel point que je me suis surpris à relire une phrase ou l'autre juste pour le plaisir. Ralentissant de ci de là ma promenade livresque pour mieux profiter de son style. Mais c'est également un auteur de SF profonde, jouant par instant la carte de la hard science-fiction pour rendre son propos d'autant plus plausible. Il n'encombre néanmoins pas trop son livre d'explications tapageuses déroutantes et si elle le sont, ce n'est qu'au service des personnages, car la relation entre ceux-ci et le psychologique priment dans ce livre.
"Spin" est donc bien un livre ambitieux. Déjà par les thématiques SF spéculatives apportées et citées plus haut. Il les développe d'une manière plausible même si c'est fictif. Il joue la carte psychologique d'une main de maître, cherchant à peindre des personnes et leurs réponses face à l'angoisse. Un roman incroyable, qui s'il est dans le rayon SF, pourrait très bien se classer entre Paul Auster pour la qualité des personnages et Haruki Murakami pour la beauté des dialogues.
Le genre de livre qui porte une nouvelle pierre à l'édifice SF. Du grand art !!
+++ Sur le Web +++
LC partagée avec : Archibald, Lelf, Taliesin, Miss Spooky Muffin, et Spocky
+++ Le livre +++
- Poche : 609 pages
- Editeur : Editions Gallimard (21 janvier 2010)
- Collection : Folio SF
- Broché: 550 pages
- Editeur : Editions Denoël (15 février 2007)
- Collection : Lunes d'encre
+++ Playlist +++
Shipping News "three-four"
Eef Barzelay "Lose big"
Miles Davis "kind of blue"
Dave Brubeck "greatest hits"
Big Blood "dead songs"
Bonnie "Prince" Billy "beware"
La Querelle "Welcome to my battleship"
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"Spin" de Robert Charles Wilson
Reviewed by Julien le Naufragé
on
mercredi, octobre 06, 2010
Rating:
Je vois qu'on l'a tous apprécier pour les mêmes choses.
RépondreSupprimerJe n'avais pas soulevé l'attente et l'angoisse, mais c'est vrai qu'il joue super bien dessus. Et il fait bien progresser son récit, par les avancées de Jason notamment et ça ne fait qu'accroître l'intérêt et on se demande jusqu'où il va nous emmener du coup ^^
J'ai également beaucoup aimé ce livre pour à peut près les même raisons. J'ai dans la foulé acheté Axis que je devrais lire prochainement.
RépondreSupprimerBelle chronique pour un livre qui le mérite bien, je trouve que tu décris très justement les éléments intéressants, la peur de l'inconnu, le côté un peu second rôle de Tyler... de quoi en convertir quelques uns, j'espère !
RépondreSupprimerMerci pour vos avis, même si je suis pas certain moi-même d'avoir réussi à sortir en quelques mots ce que je pense réellement de ce livre.
RépondreSupprimerPour "Axis", je me l'offrirai quand mon budget me le permettra. J'espère le mois prochain! Une lecture commune Pitivier? Avec qui?
J'ai baucoup apprécié Spin, par contre j'attends la sortie en poche d'Axis, mieux pour mes sous :D
RépondreSupprimer@Guillaume44
RépondreSupprimerJ'ai acheté Spin en poche. Ne pouvant attendre top longtemps pour connaitre la suite, j'ai acheté Axis en grand format. Du coup, je vais être obligé de racheter Spin en poche. :;
@Julien
Si c'est le mois prochain, je veux bien.
J'ai hâte de m'y mettre. J'espère ne pas être déçu. Nan, je rigole. Il y a une telle unanimité autour de ce livre. Comme jamais je n'en ai vu. Le seul qui se rapproche de Spin par le torrent d'éloges est Le Trône de Fer mais qui connait néanmoins quelques couacs.
RépondreSupprimer@ Pitivier : Là tu me motive à le commander. Je réfléchis un peu... Mais ce serait bien oui! :-)
RépondreSupprimer@ Arutha : Ce qui arrive parfois lorsque l'on lit trop de bonnes choses, et que l'on en attend trop de bonnes... on est déçu. Fait abstraction! ;-)
Trois ans déjà depuis ma propre lecture de Spin...
RépondreSupprimerIl faudra que je le relises un jour, j'ai toujours en tête quelque scènes puissantes comme le retour des étoiles.
Très belle chronique.
Merci à toi Efelle pour ce commentaire. Et de fait ce livre est remplis de belles scènes époustouflantes.
RépondreSupprimerMerci pour l'organisation de cette LC.
RépondreSupprimerJ'ai l'impression que du groupe, je suis celle qui a le moins apprécié ce livre. Je ne dit pas que je ne l'ai pas apprécié du tout, mais moins que vous. Je pense que comme tu le dis dans ta chronique, je recherchais plus "un bon moment d'aventure". Mais néanmoins je reconnais que Robert Charles Wilson a du talent, et j'essaierai peut être de lire Les Chronolithes. Maintenant je sais un peu plus à quoi m'attendre de la part de cet auteur
Très bonne critique, merci julien. Moi je ne suis pas aussi enthousiaste que la plupart d'entre vous, j'ai bien aimé le bouquin, mais j'ai trouvé qu'il ressemble trop au "chronolithes" sur de nombreux points. R. C. Wilson utilise la même structure narrative, les mêmes caractères de personnages et j'ai eu l'impression par moment de lire un deuxième "chronolithes", un livre qui par ailleur m'a aussi vraiment bien plu.
RépondreSupprimer@ Spocky : Wilson ne semble pas être, du mois au travers de "Spin" et "Les Chronolithes", être un auteur d'aventure. Il y'en a... mais un peu, et ce n'est pas à proprement parlé ce qui ets mis en avant. Il joue la carte psychologique et la joue bien!
RépondreSupprimer@ Arhcibald : Je ne pense pas y trouver la même structure narrative. Ici on a une trame croisée. L'une chronologique et l'autre inversée. Donc on y voit plus clair au fur et à mesure. Après, comme chaque auteur, il a ses gimmicks, ses manières de faire et sa manière d'écrire. C'est de la même manière fortement psychologique. De la même manière cela prime sur l'aventure. De la même manière le perso principal n'est pas un vrais héros. Et de la même manière le ton est mélancolique. Il joue, comme dans chaque livre semble-t-il, avec les clichés de la SF pour créer un arrière plan SF plausible... Mais le psychologique et les relations humaines primes. On est plus dans l'exploration du caractère humain que de la SF pure et dure.
Tout comme toi, j'ai découvert Wilson avec son merveilleux Les Chronolithes. Là, tu as raison de parler de livre ambitieux, car c'est ce qu'il est, dans l'acception la plus noble du terme. Mais là où bon nombre d'écrivains se seraient déballonnés, ou nous auraient pondu une bouse infame, Wilson nous sert une oeuvre magnifique. En plus, il reste fidèle à sa façon de faire de la SF, c'est-à-dire au niveau de l'humain. Tu as raison, Wilson est un humaniste.
RépondreSupprimerA.C.
@ AC de Haenne : Merci pour le commentaire, cela me fait plus que plaisir! C'est clair que ce livre est énorme, surement dans ceux que je classe parmi les meilleurs. Egalement le parfait roman de SF que j'aime offrir. Il est centré sur l'humain tout en gardant le côté plus que vertigineux de la SF. Et oui, comme tu le dis, il ne se déballonne pas. R.C. Wilson reste à la hauteur des attentes, va même plus loin que ce que j'attendais je crois. En tout cas pour ce livre-ci.
RépondreSupprimerJe viens de terminer le premier tome. Il est vraiment extraordinaire !!!
RépondreSupprimerLa bibliothèque a les tomes 2 et 3. Je les lirai sans hésitation.