Condensé de cynisme et d'amertume, ces textes allant du très court au court sont une ode à l'absurde teinté d'érotisme et d'humour. Découverte de Jacques Sternberg pour moi et je suis déjà sous le charme. Un auteur qui malgré son talent ne connut jamais le grand succès.
++ La quatrième de couverture ++
Parmi les quatre-vingt histoires de ce recueil, c'est l'une des plus
courtes. Elle justifie la phrase d'un critique volontiers
narquois : «Sternberg, singulièrement, plus il écrit bref, plus il en
dit long.»Cette fois, il délaisse son sujet de prédilection - le
règlement de comptes avec l'homme et son effrayante planète - pour
aborder, en toute impudique tendresse, son seul sujet de
consolation : la femme.Femmes inspiratrices de l'insolente question de
Scutenaire : «Comment les hommes peuvent-ils s'intéresser à tant de
choses alors qu'il y a les filles ?»Indifférentes ou passionnées,
perverses parfois, déchirantes si possible, cyniques de temps à autre,
absurdes assez souvent, indécentes évidemment, mais toujours
inattendues, elles apparaissent ici en pleine gloire.
+++ Mon avis +++
Jacques Sternberg est notamment connu, pour les plus anciens d'entre vous, pour ses textes de SF ou de fantastique. Dans les années 50 il éditait un fanzine SF avec Philippe Curval, marquant les premiers pas de la presse underground du genre dans nos contrées francophones. On retrouve également quelques unes de ses nouvelles dans les premiers numéros de Fiction Magazine. Né à Anvers, l'homme émigrera en France, à Paris (the place to be), où il fera sa carrière littéraire.
De ce que j'ai lu au travers de ce recueil de nouvelles, je peux déjà affirmer que Jacques Sternberg est un nouvelliste de talent. A l'aise sur la distance courte, il brille de talent sur la forme ultra-courte, celle qui tient sur moins d'une page. Les textes de ce recueil sont vraiment tous excellents. Mise à part l'un ou l'autre moins bon, globalement tout est vraiment bien écrit. Doué d'une plume à la rythmique envoûtante, l'auteur nous emmène au fil des pages, au détour des lignes dans son univers cynique et absurde où le fantastique léger côtoie le réel, ou l'humour côtoie le noir de la vie. Obsédé des femmes, l'auteur nous livre une tripotée de nouvelles tendres, insolentes, acerbes, aigres, tristes, marrantes, excitantes et souvent indécentes. L'érotisme léger est au rendez-vous ici, le sexe est présent mais rien ne sombre dans le thrash d'aujourd'hui. Sternberg dévoile, titille et excite le désir masculin pour souvent conclure ses nouvelles de manière absurde, avec un sens de l'humour noir très cynique. Évidemment, ce non-sens, cette ironie me plaît énormément, mais il faut bien avouer que chez moi, en Belgique, on aime l'absurde.
Jacques Sternberg offre dans ces "Histoires à dormir sans vous" plusieurs dizaines de nouvelles. Autant vous dire que certains textes sont parfois très courts, de l'ordre de la demi-page, mais l'auteur possède un don pour dire beaucoup en peu de mot, pour donner sens à ce qu'il laisse sous entendre nous laissant au bout de la ligne avec un sourire au coin des lèvres. Prenons exemple sur "La Courtoise" que je reproduis ici dans son entièreté, comme sur la quatrième de couverture :
"Elle avait reçu une excellente éducation et le savoir-vivre lui était
naturel. Quand, lasse de tout, elle se jeta dans le vide du haut du
septième étage, elle eut le tact de refermer la fenêtre derrière elle
pour ne pas faire de courant d'air dans la pièce où son mari lisait le
journal."
Je m'excuse déjà bien bas de cette entorse au droit d'auteur en reproduisant un texte en entier, mais ceci reste un bon exemple du ton donné par Sternberg dans ses textes ultra-courts. Je sais pas vous, mais moi j'adore.
"Histoire à dormir sans vous" - Jacques Sternberg
Reviewed by Julien le Naufragé
on
mardi, octobre 22, 2013
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C'est pas mon préféré je dois dire, je préfère 188 contes à régler qui est plus SF, mais toujours aussi absurde et noir ! (là : http://unpapillondanslalune.blogspot.fr/2011/11/188-contes-regler-de-jacques-sternberg.html)
RépondreSupprimerOh et avec Sternberg on est toujours obligé de recopier sa micro nouvelle préférée :p
(tu pourras supprimer le com précédent, merci !!)
@ Lune : Comme c'est mon entrée dans son univers, j'ai adoré. SI c'est pas ton préféré, les autres seront mieux. J'ai deux autres livres à lui à lire, dont un purement SF et un autre encore (L'employé). Ce "188 contes" me tente bien aussi.
RépondreSupprimerPar contre, son fils semble plus arrogant dans sa manière de se mettre en avant sur Facebook vu ce que j'ai lu ;-)
J'avais bien aimé "188 contes à régler" (lu grâce à une certaine Lune), mais les nouvelles plus érotiques et plus centrées sur les femmes étaient celles que j'avais le moins apprécié. Du coup, je n'irai pas forcément plus avant découvrir ce recueil, même si la micro que tu as citée est croustillante ! =O
RépondreSupprimer@ Baroona : Évidemment son regard sur la femme éveille un désir masculin. Le final reste toujours aussi absurde, marrant, cynique ou triste.
RépondreSupprimerJ'ai recommandé plusieurs personnes.
RépondreSupprimerTrès drôle cet extrait ! Et très noir... Merci pour cette découverte ;)
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