Je lorgne sur ce livre depuis sa sortie chez Les Moutons électrique éditeurs mais c'est sa disponibilité en poche chez Folio SF qui m'a poussé enfin à le lire. Lecture originale par sa vue en coupe d'une cité et le bagou argotique utilisé par Cédric Ferrand, "Wastburg" est un premier roman intéressant et bien torché malgré quelques petits défauts.
++ La quatrième de couverture ++
Wastburg, une cité acculée entre deux royaumes, comme un bout de
bidoche solidement coincé entre deux chicots douteux. Une gloire fanée
qui attend un retour de printemps qui ne viendra jamais. Dans ses rues
crapoteuses, les membres de la Garde battent le pavé. Simple gardoche en
train de coincer la bulle, prévôt faisant la tournée des grands ducs à
l’œil ou bien échevin embourbé dans les politicailleries, la loi leur
colle aux doigts comme une confiture tenace. La Garde finit toujours par
mettre le groin dans tous les coups foireux de la cité. Et justement,
quelqu'un à Wastburg est en train de tricoter un joli tracassin taillé
sur mesure. Et toute la ville attend en se demandant au nez de qui ça va
péter.
+++ Mon avis +++
Cédric Ferrand est un jeune auteur vivant à Montreal, né en 1976, qui offre avec "Wastburg" son premier roman paru en 2011 chez Les Moutons électriques. Aujourd'hui c'est Folio SF qui nous offre le plaisir de découvrir cet auteur en poche. Une découverte d'un jeune auteur prometteur qui officie également sur le blog Hugin et Munin.
"Wastburg" est un roman difficile à résumer. L'histoire est relativement découpée par plusieurs points de vues mais pas selon le schéma d'alternance habituel. Cédric Ferrand opte pour une vision découpée de sa cité, passant d'un personnage à l'autre, profitant du trépas de l'un pour mettre en avant une chose et du malheur d'un tiers pour mettre autre chose en avant. Mais cette originalité de la vision en coupe peut également devenir un frein à lecture pour ceux qui aiment savoir vers où va l'histoire. Et donc si l'auteur choisit de mettre des personnages en avant, il ne s'agit pas ici de raconter à proprement parler l'histoire de l'un ou l'autre protagoniste mais plutôt de conter l'histoire de la cité de Wastburg. Car il faut bien l'avouer, l'héroïne de cette histoire c'est bien cette cité franche : Wastburg, ce cloaque urbain, cette cité décrépie où la magie a décidé de se barrer et où deux communautés vivent aussi mal que peuvent vivre deux peuples qui ne parlent pas la même langue et ne s'apprécient pas. Wastburg pourrait être n'importe quelle ville du monde partagée par deux communatés qui se disputent son territoire. Deux peuples qui ne se comprennent que peu et qui me fait donc penser à ce plat pays qui est le mien, la Belgique. Cependant, Cédric Ferrand doit également vivre cette partition linguistique au Québec. Ceci offre un beau miroir de nos sociétés qui ne sont pas toujours capables de se comprendre. Par ailleurs Wastburg tend à me rappeler la cité d'Ankh Morpork sortie tout droit du cerveau délirant de Terry Pratchett. Sauf qu'ici, s'il y a de l'humour, il reste plus noir que vaudevillesque. En cela, Cédric Ferrand se rapproche bien plus des auteurs de fantasy noire telle qu'elle se pratique aujourd'hui. On tend également à rapprocher Cédric Ferrand de Jean-Philippe Jaworski, mais cela tient essentiellement pour moi au phrasé argotique utilisé qu'au reste. Cependant, si cela donne une originalité de ton, il y a parfois un excès de langage que je trouve un peu poussif. Certains termes, à trop vouloir faire argotique, semble être trop chargé et à d'autres instants certains mots semblent hors contextes car trop modernes dans le texte. Ceci étant dit, dans l'ensemble du texte, le phrasé argotique offre une richesse à la vie de la rue de cette cité franche.
Bref "Wastburg" de Cédric Ferrand est un vrai bon premier roman qui vaut le temps de s'y attarder. Il a l'originalité du regard en coupe d'une cité et du phrasé argotique, mais c'est aussi un livre qui n'est pas exempt de défauts. Néanmoins Cédric Ferrand reste un auteur sur lequel je garderai un oeil.
"Wastburg" - Cédric Ferrand
Reviewed by Julien le Naufragé
on
lundi, septembre 16, 2013
Rating:
J'ai lu plusieurs chroniques et je reste intriguée à savoir si cela peut me plaire ou non. Je pense que la meilleure des choses à faire... est de s'y plonger ;)
RépondreSupprimerJe lorgne dessus depuis un moment et comme toi, son passage en poche risque de le faire arriver dans ma PAL.
RépondreSupprimerLaissez-vous tenter...
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